L'homme responsable de l'extinction de la mégafaune en Australie
Longtemps sujet à discussion, il apparaît de plus en plus clairement que l'arrivée et l'expansion des hommes en Australie a été la cause de l'extinction de la mégafaune sur l'île-continent.
C'est aujourd'hui une évidence de parler de l'impact des populations humaines sur l'environnement et la faune. Nous apprenons régulièrement qu'un écosystème est menacé ou qu'une espèce a disparu. Aujourd'hui cet impact est souvent lié au développement des activités humaines, industrielles ou agricoles. En ce qui concerne le passé (Paléolithique ou Néolithique) on a plus tendance à idéaliser ces hommes préhistoriques, censés être plus proches de la nature, et ne détruisant par la faune plus vite qu'elle ne pouvait se régénérer.
Pourquoi autant d'extinctions d'animaux de grande taille ?
En ce qui concerne l'Australie, les paléontologues n'étaient pas vraiment d'accord sur la chronologie des événements. Les datations, imprécises, ne permettaient pas de déterminer si les animaux de grande taille avaient disparu avant, après ou simultanément à l'arrivée d'Homo sapiens sur l'île.
En effet, il existait en Australie une mégafaune qui comprenait des animaux endémiques de grande corpulence. Parmi eux, on peut distinguer le Diprotodon (un wombat géant), le Megalania prisca (un énorme varan), le Dromornis stirtoni ou le Bullockornis planei (des grands oiseaux terrestres), le Thylacoleo (un carnivore impressionnant) et le Procoptodon (un kangourou géant)... Pour certains, il était difficile de clairement dater leur disparition par rapport à l'expansion humaine. A gauche un Dromornis stirtoni.
Afin de faire la lumière sur cette question controversée, une équipe dirigée par le paléontologue John Alroy (Université Macquarie, Nouvelle-Galles du Sud) a cherché à estimer plus précisément l'enchaînement des extinctions de la mégafaune australienne. Le chercheur explique : "Il y a eu un long débat, parfois houleux, pour savoir si la chasse humaine ou une d'autres raisons avaient causé la longue série des grandes extinctions des vertébrés terrestres en Australie au cours de la dernière période glaciaire." L'étude a été présentée au dernier meeting de la « Society of Vertebrate Paleontology » à Dallas, au Texas.
Des dizaines de fossile datés
L'équipe de chercheurs s'est attelée à un travail minutieux de datations. C'est ainsi plus de 200 fossiles dont on a mesuré les niveaux de carbone radioactif dans les ossements. En établissant des moyennes par rapport au fossile le plus récent retrouvé, l'équipe a pu estimer la date de disparition effective de chacune des espèces. Les résultats des études indiquent que l'ensemble de la mégafaune australienne a disparu entre 27 et 40 000 ans en arrière.
En utilisant la même méthode de datation sur des restes humains il a pu démontrer que les hommes les plus anciens sur l'île-continent étaient arrivés il y a 50 à 61 000 ans. La première conclusion qui s'impose c'est que lors des premières extinctions l'homme était déjà présent.
|
Des espèces disparues partout dans le monde.
Le Diprotodon (à gauche) fait partie des espèces disparues sous la pression, ou la chasse humaine : rat-kangourou du désert, rhinocéros noir, huitrier des canaries, auroch, bison des bois, bouquetin des Pyrénées, zèbre Couagga, tigre de Java, dodo, dauphin de Chine, rat musqué de Martinique, aye-aye géant, baleine grise d'Atlantique... Ce ne sont que des exemples et il en existe des centaines comme cela... |
10 000 ans pour avoir un impact ?
Les dates montrent qu'il y a eu un décalage de dix mille ans entre la première apparition de l'homme en Australie et un impact sur la mégafaune. Alroy et ses collègues suggèrent que ce décalage de temps pourrait venir du temps nécessaire à l'homme pour coloniser et se propager à travers l'ensemble de l'Australie. Il rajoute que la chasse des grands animaux a pu nécessiter l'acquisition de nouvelles techniques adaptées à ces grandes proies.
« Cette étude met en évidence l'impact à long terme de la colonisation des êtres humains en Australie, mais correspond également à d'autres processus vus ailleurs, comme la disparition récente des Moas en Nouvelle-Zélande » , explique Alroy.
Pour tout dire, on s'en doutait un peu de l'impact de l'homme sur son milieu... Mais une étude et des dizaines de datations permettent de passer de la croyance à la certitude !
CR
Sources :
ScienceDaily
Science20
Australian Museum
Autres
articles sur l'Australie préhistorique
2018 Le climat responsable de la disparition des mégaherbivores
2016 Les début de la préhistoire de l'Australie : 50 000 ans en arrière
2012 Les chasseurs responsables de la disparition de la mégafaune en Australie
2011 La pêche à la préhistoire au Timor Oriental près de l'Australie
2011 Les premiers aborigènes originaires d'Afrique
2007 Homo sapiens à la conquête de l'Australie
Recherche "Aborigène" sur Amazon.fr
|
|