L'homme de Kennewick, très proche génétiquement des amérindiens actuels...
Il y a 8 500 ans, l'homme de Kennewick vivait dans la région de Washington, près de la rivière Columbia. Il fait partie des plus anciens restes humains trouvés sur le continent américain.
L'ADN du squelette de l'homme de Kennewick (découvert en 1966, à Washington) est plus étroitement relié aux populations amérindiennes qu'à n'importe quelle autre population dans le monde. Cette étude, menée par Morten Rasmussen et Eske Willerslev, a été réalisée par des chercheurs de l'Université de Copenhague et de l'École de médecine de l'Université de Stanford. Elle a été publiée le 17 juin dans la revue Nature.
Un homme de Kennewick très convoité
Les squelettes fossilisés d'hominidés très anciens ne sont pas légions sur le continent américain. Les plus vieux sont estimés à 10 000 ans en arrière. L'homme de Kennewick fait donc partie de ce club très fermé et est sujet à controverses depuis sa découverte : datation, origine de l'individu...
En 2004, cinq tribus amérindiennes du nord-ouest du Pacifique ont demandé le rapatriement de la dépouille pour une ré-inhumation, en arguant que ce squelette était l'un de leurs ancêtres. Faute de preuve incontestable sur les origines de l'homme de Kennewick, les procédures ont été juridiquement stoppées.
En 2014, pavé dans la mare, une étude basée sur des mesures anatomiques laisse penser que le fossile était plus lié aux populations polynésiennes et japonaises qu'à celle des Amérindiens...
L'étude génétique de l'homme de Kennewick
Lors de cette étude, les chercheurs ont trouvé une petite quantité d'ADN dans les os de la main du fossile. "Bien que la préservation extérieure du squelette était correcte, l'ADN de l'échantillon était fortement dégradé et contaminé par l'ADN des bactéries contenues dans le sol et d'autres sources environnementales», a déclaré M. Rasmussen.
L'équipe a donc mis en œuvre les dernières techniques d'isolement et de séquençage génétique. Cela a permis d'obtenir des données précises et non contestables.
Pour Morton Rasmussen «En analysant cet ADN ancien, nous avons pu démontrer que l'Homme de Kennewick est plus étroitement lié aux Amérindiens qu'à n'importe quelle autre population". Il a rajouté: "En raison de la controverse entourant les origines de cet individu, ces nouvelles informations seront d'un grand intérêt pour les scientifiques et également pour les membres des tribus qui réclament le corps."
Les chercheurs ont comparé les séquences d'ADN du squelette avec ceux des Amérindiens modernes. Ils ont conclu que, bien qu'il soit impossible d'assigner homme de Kennewick à une tribu en particulier, il est génétiquement en relation étroite avec les membres des tribus confédérées de la réserve de Colville, à Washington.
Les études de l'ADN ancien se multiplient
Eske Willerslev et Carlos Bustamante, qui ont partcipé à cette étude, sont déjà connus pour leurs précédentes recherches sur l'ADN ancien. Willerslev et Rasmussen ont récemment publié le génome d'un jeune enfant, connu comme « le garçon Anzick », enterrés 12000 années en arrière, dans le Montana. Cette étude a montré que l'enfant était fortement lié à des groupes modernes amérindiens, en particulier ceux d'Amérique du Sud et Centrale.
En 2012, Bustamante et ses collègues ont analysé l'ADN de la momie Ötzi, vieille de 5 300 ans, pour préciser ses origines.
"Les progrès de la technologie de séquençage de l'ADN nous ont donné de nouveaux outils pour étudier les grandes diasporas humaines et l'histoire des populations autochtones», a déclaré Bustamante. "Maintenant, nous voyons son adoption dans de nouveaux domaines, comme la médecine légale et l'archéologie. Le cas de l'Homme de Kennewick est particulièrement intéressant étant donné les débats entourant les origines des populations amérindiennes. Le travail de Morten est parfaitement synchronisé avec l'histoire orale des tribus et donne des appuis solides pour leurs revendications. Je crois que l'ancienne analyse de l'ADN pourrait devenir une pratique courante dans ces types de cas, car il peut fournir un moyen objectif d'évaluer à la fois ascendance génétique et la parenté à des personnes vivant et populations actuelles ".
C.R.
Sources
nature
Sciencedaily
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