Une nouvelle population d’hominidés : les super-archaïques
L’apport d’un ADN d’hominidé a été identifié avant la séparation des Néandertaliens et des Denisoviens.
Une nouvelle étude a été réalisée sur de l’ADN d’hominidés anciens comparé avec de l’ADN contemporain. Cette étude génétique a été menée par Alan Rogers, professeur d'anthropologie à l'Université de l'Utah. L'article a été publié le 20 février 2020 dans la revue Science Advances.
Depuis trois ans, Alan Rogers tente de reconstituer un véritable puzzle évolutif. Il tente de démêler des millions d'années d'évolution humaine en analysant des brins d'ADN d’espèces humaines anciennes et contemporaines. Comme de nombreux généticiens évolutionnistes, Rogers compare les génomes d'homininés à la recherche de modèles génétiques sur le partage des gènes et les mutations. Il développe des méthodes statistiques afin de reconstituer l'évolution des anciennes populations humaines.
A l’origine, une étude remise en cause
En 2017, Rogers a mené une étude qui a révélé que deux lignées d'anciens humains, les Néandertaliens et les Denisoviens, se sont séparées beaucoup plus tôt que prévu. Cela a provoqué des réactions d’autres scientifiques, comme les anthropologues Mafessoni et Prüfer, qui ont soutenu que leur propre méthode d'analyse de l'ADN produisait des résultats différents. Rogers a accepté la controverse, mais il s'est rendu compte qu'aucune des deux méthodes n'expliquait complètement les données génétiques : il manquait un(e) inconnu(e) !
Une population super-archaïque
La nouvelle étude a résolu cet apparent casse-tête et a ainsi pu documenter le premier événement de croisement connu entre des populations humaines très anciennes. En remontant le temps, le généticien a démontré qu’une population eurasienne qualifiée de «super-archaïques» s’est croisée avec un ancêtre commun aux Néandertaliens et aux Denisoviens il y a environ 700 000 ans. L'événement a eu lieu entre deux populations qui étaient très éloignées les unes des autres.
Cette population super-archaïque s’était séparée des toutes les autres lignées humaines il y a environ 2 millions d’années… ce qui peut correspondre avec les fossiles humains découverts en Eurasie et datés de 1,85 millions d’années.
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Arbre de l'évolution des hominidés proposant plusieurs épisodes d'échange génétiques. Un nouvel événement apparaît, il y a 744 000 ans (orange) suggérant un métissage entre une espèce inconnue, les super-archaïques, et l'ancêtre commun à Néandertal et Denisova en Eurasie.
Schéma adapté d'Alan Rogers |
Les grandes migrations
Avec l’intégration de cette nouvelle population les chercheurs déduisent qu'il y a eu trois vagues de migration humaine en Eurasie.
La première a eu lieu il y a deux millions d'années lorsque les super-archaïques ont migré en Eurasie et se sont multipliés en une grande population.
Pour la deuxième, les ancêtres Néandertaliens-Denisoviens ont émigré en Eurasie il y a 700 000 ans, et se sont rapidement métissés avec les descendants des super-archaïques.
Enfin, il y a 50 000 ans, les hommes modernes se sont étendus à l'Eurasie où nous savons qu'ils se sont croisés avec d'autres humains anciens, y compris avec les Néandertaliens.
C.R.
Sources
ScienceDaily
"Earliest interbreeding event between ancient human populations discovered: Neanderthal-Denisovan ancestors interbred with a distantly related hominin 700,000 years ago."
University of Utah
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