Un crâne de 55 000 ans découvert au Moyen-Orient
Le crâne d'un Homo sapiens est le premier de l'espèce dans cette région et à cette époque.
La grotte de Manot située en Galilée (Israël) a été découverte en 2008 lors de travaux de terrassement. L'entrée de la cavité était bouchée naturellement depuis 15 à 30 000 ans (suite à un tremblement de terre) , protégeant ainsi l'intérieur de la grotte. Cette dernière présente une séquence archéologique très importante.
Les travaux de l'équipe dirigée par le chercheur I. Hershkovitz (Tel Aviv University ) ont été publié dans la revue Nature.
La découverte
Entre les outils de pierre et les ossements d'animaux ( fragments de cerfs, gazelles et hyènes) quelques restes humains ont été découverts en 2010 dans la grotte. Le plus spectaculaire et inattendu d'entre eux est une calotte crânienne, nommée Manot 1, relativement bien conservée. Les études ont permis de déterminer que le crâne appartenait très probablement à une femelle et que sa capacité crânienne atteignait 1100 cm3 contre 1400 actuellement.
Le crâne présente une "bosse" sur la région occipitale. Cette particularité est commune aux néandertaliens européens et dans la majorité des premiers hommes modernes du paléolithique supérieur. Cet élément rattache cette calotte aux crânes d'hommes modernes originaires d'Afrique.
En utilisant la méthode de datation uranium-thorium les chercheurs ont pu déterminer que le fossile était morte depuis 55 000 ans (+ou- 5 000 ans)
Il faut noter que vue l'importance du fossile les chercheurs ont étudié le fossile pendant plus de 4 ans avant de publier l'étude.
Une preuve du passage d'Homo sapiens
Au Moyen-Orient, à cette époque, seuls des fossiles de néandertaliens avaient été trouvés. C'est donc le premier élément tangible de la présence d'Homo sapiens dans cette région il y a 50 000 ans.
Cette découverte confirme également le passage d'Homo sapiens d'Afrique vers l'Eurasie entre - 70 000 et - 50 000 ans (la fameuse deuxième sortie d'Afrique). Il faut rappeler que la grotte est située sur l'un des rares lieux de passage d'Afrique vers l'Eurasie disponibles à l'époque.
« Nous suspections que les hommes modernes et les néandertaliens étaient au même endroit et au même moment, mais nous n'avions pas de preuves physiques. Maintenant nous possédons ce nouveau fossile » déclare le Dr Bruce Latimer (Case Western Reserve University), co-auteur de l'étude. Il ajoute que "les hommes modernes et les néandertaliens ont du se rencontrer lors de la recherche de nourriture".
Le paléoanthropologue Eric Delson (Lehman College of the City University of New York) , déclare également , avec humour, “Ce fossile correspond exactement à ce que nous avions prévu, ce qui plutôt rare dans notre domaine de science.. "
Plusieurs vues du fossile de Manot . Crédit Image : Israel Hershkovitz et al.
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Arrêtons les projections journalistiques...
La reprise dans la presse internationale de cette nouvelle a été légèrement déformée par des « journalistes » certainement en quête de scoop. En effet il est possible de lire que cette calotte crânienne est une preuve supplémentaire de l'hybridation d'Homo néandertalensis et Homo sapiens. Pourtant comme le disent clairement les chercheurs eux-mêmes " l'étude de la morphologie crânienne n'est pas suffisante pour affirmer que l'homme découvert dans la grotte de Manot est un hybride entre les hommes anatomiquement modernes et les hommes de Néanderthal au Moyen-Orient."
Malgré cela, il faut toutefois noter que l'âge et le lieu de la découverte de la femme de Manot correspondent idéalement à la naissance d'hybrides néandertal /sapiens. Pour Hershkovitz le fossile de Manot est "le meilleur candidat pour une love stoty entre Néandertal et Homo sapiens...".
Les recherches continuent à la grotte de Manot et les chercheurs ne perdent pas espoir de trouver d'autres éléments lors des campagnes de fouille annuelles... et même peut-être le reste du squellete.
Autre découvertes en Israël
2010 Des Homo sapiens en Israël il y a 400 000 ans ?
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2014 Un foyer daté de 300 000 ans en Israël
04/02/15 |