La bipédie expliquée par le relief ?
Une nouvelle étude menée par des archéologues de l'Université de York et les géologue de l'Institut de Physique du Globe (Paris) émet une nouvelle hypothèse sur le développement de la bipédie dans la lignée humaine. L’étude a été publié dans le revue Antiquity.
Des causes géologiques pour expliquer la bipédie
L'équipe de chercheurs pense que notre démarche verticale peut trouver ses origines dans le paysage accidenté en Afrique du Sud et de l'Est Pliocène. A cette époque (entre -3.6 et -5.3 millions d'années) ces régions sont fortement mouvementées par les déplacements des plaques tectoniques, mais aussi par l’activité volcanique.
Dans cet environnement plus escarpé, les espèces d’hominidés vivant au Pliocène auraient trouvé de multiples avantages à la marche bipède par rapport à l’arboricolisme. Ils auraient été particulièrement attirés vers les reliefs rocheux et les gorges récemment formées. Ces reliefs offraient de nouveaux abris et des possibilités plus grandes de piéger des proies. Pour pénétrer et escalader ces affleurements rocheux, nos hominidés auraient naturellement pratiqué la bipédie. Voir le graphique ci dessous montrant le processus.
Le professeur Winder affirme que ce type de terrain « accidenté » est mal adapté à la marche sur quatre membres, et qu'il était plus avantageux de rester en équilibre sur juste deux ou trois membres et d'utiliser le(les) autre(s) pour se stabiliser. Elle indique, « Nous pensons, que c'est ce qui s'est produit. Les jambes de nos ancêtres ont fini par supporter l'essentiel de leur poids, ce qui a rendu la posture debout importante. »
Théorie de la savane |
Théorie du relief |
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Et la théorie de la savane ?
Selon cette étude la théorie admise actuellement qui prône une acquisition de la bipédie par un changement climatique est erronée. Pour simplifier, les ancêtres de l'homme se seraient redressés dans les hautes herbes de la savane afin de mieux apercevoir les dangers, mais aussi pour se déplacer plus vite. Cette modification du climat aurait fait diminuer le nombre d'arbres, obligeant ces premiers hominidés à descendre au sol...
La nouvelle étude est donc en opposition avec la théorie de la savane. Le professeur Winder indique « Nos recherches montrent que la bipédie s’est plus sûrement développée en réponse au terrain, et non pas en réaction à des changements de végétation liés au climat. ». Elle rajoute « Ce terrain varié pourrait aussi avoir contribué à l'amélioration des capacités cognitives, comme l'orientation dans l'espace, et les facultés de communication, ce qui expliquerait l'évolution ininterrompue de nos cerveaux et de nos fonctions sociales telles que la coopération et le travail en équipe.».
Une théorie contre une autre ?
Pour l’équipe du professeur Winder la théorie traditionnelle est celle du changement climatique et de la savane. Cette équipe n’a pas du avoir accès aux différentes hypothèses qui ont émergé depuis la fin des années 90… la bipédie comme moyen de déplacement ancien de toute la lignée des hominidés ou même la bipédie originelle. Plusieurs chercheurs, comme Pascal Picq, Yvette Deloison, ont depuis plusieurs années indiquées que la théorie de la savane n’était plus vraiment une hypothèse vraisemblable… Yves Coppens, promoteur de l’East Side Story a purement récusé sa propre théorie depuis 2003 (suite à la découverte de nouveaux fossiles, Toumaï et Orrorin).
Et Orrorin, et Toumaï ?
L’hypothèse proposée par Winder prend en compte les hominidés fossiles du Pliocène et place donc les origines de la bipédie à cette époque. Il reste maintenant à nous expliquer pourquoi des hominidés plus anciens comme Toumaï (-7 Ma) et Orrorin (-6 Ma) présentaient déjà une aptitude (et des traces sur le squelette) d’une pratique de la bipédie. Si les origines de la bipédie sont de
– 5.5 Ma… ces anciens fossiles ne devraient pas exister !
C.R.
L'équipe
Isabelle C. Winder1*, Geoffrey C.P. King12, Maud Devès2 and Geoff N. Bailey1 |
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1Department of Archaeology, University of York, King's Manor, York YO1 7EP, UK (Email: isabelle.winder@york.ac.uk; geoff.bailey@york.ac.uk), and 2Institut de Physique du Globe de Paris, Sorbonne Paris Cité, Univ Paris Diderot, CNRS, Paris, France (Email: king@ipgp.fr; deves@ipgp.fr) |
A noter :
Lors d'une précédente étude le chercheur David Raichlen
a démontré que la bipédie telle que l'homme moderne la pratique est la solution la plus économique d'un point de vue énergétique.
En mars 2010, une précédente étude comparait les traces de pas laissées à Laetoli
pour déterminer également le type de bipédie des australopithèques.
Sources :
ScienceDaily
Antiquity
News 27/05/13 |