Homo sapiens et la colonisation de la Chine
Une découverte qui permet de combler, un peu, le manque de fossiles humains dans cette région
Un humain ancien exhumé
Des chercheurs avaient retrouvé en 2003, 34 morceaux du squelette d'un Homo sapiens dans la grotte de Tianyuan, près de Beijing. La communication a été publiée dans PNAS (Proceding of the National Academy of Sciences journal) par Hong Shang, du service de recherche paléoanthropologique de l'Académie chinoise des Sciences et ses collègues.
L'étude du fossile
Les ossements (une mandibule, des dents, un fémur et un tibia) possèdent pour la plupart des caractéristiques correspondant à celles des humains modernes, mais une minorité de traits s'apparente davantage à des hommes plus primitifs, notamment sur les dents.
Ces dents ont par ailleurs permis de déterminer l'âge de cet être au moment de sa mort qui est estimé entre 40 et 50 ans. Il faut noter également que plusieurs dents étaient manquantes, ce qui n'est pas étonnant vu l'âge du défunt.
Par ailleurs les chercheurs ont identifié des lésions sur les os des jambes indiquant un problème au niveau des attaches musculaires de la région du genou. Il ne semble pas que cela ait été handicapant pour cet hominidé.
A noter, l'absence de restes du bassin empêche toute étude pour déterminer le sexe du squelette.
Détail amusant mais important, l'étude des restes de l'orteil semblent indiquer que cet ancêtre portait des "chaussures". Ce qui repousse de 10 000 ans dans le passé l'existence de ce type d'habillement chez Homo sapiens...
Une datation nette
La datation au Carbone 14 a été réalisée directement sur les ossements et indique que cet être humain vivait entre 42 000 et 38 500 ans BP (Before Présent). Cette information est importante car elle permet de définir la propagation des hominidés sur cette période. Avant cette découverte les scientifiques ne pouvaient se baser que sur un fossile retrouvé dans la grotte de Niah (Bornéo), et sur d'autres spécimens exhumés au Liban...
La colonisation de l'Est par Homo sapiens
S'appuyant sur cette découverte, les chercheurs estiment qu'il n'y a pas eu qu'une seule migration d'Homo sapiens venus d'Afrique orientale vers l'Europe et l'Asie, du fait que des ossements légèrement plus jeunes et ayant le même mélange de caractéristiques morphologiques ont aussi été découverts en Eurasie orientale.
Les ossements de Tianyuan suggèrent qu'il y a eu une propagation génétique de l'Homo sapiens à partir de l'ouest et du sud. Par ailleurs, les scientifiques indiquent que ces ossements devraient offrir de précieuses informations sur la biologie de ce spécimen et permettre de reconstituer la transition entre les humains primitifs et les humains modernes en Eurasie orientale.
Ces traits indiquent "une contribution africaine", explique au journal Le Monde Anne Dambricourt-Malassé (CNRS - Muséum National d'Histoire Naturelle). Ils confirment que la sortie d'Afrique d'Homo sapiens a été un événement complexe qui s'est opéré en plusieurs vagues.
News 03/04/07
Sources :
- Sciences Daily
- BBC
- Sciences et avenir
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