Accueil / Accueil – articles / Une dent de lait, appartenant à un Néandertalien, datée de 55 000 ans
Une dent de lait, appartenant à un Néandertalien, datée de 55 000 ans
Une dent de lait néandertalienne de 55 000 ans Communiqué Charente-Maritime Lors de la campagne de fouille estivale à la Roche à Pierrot, les chercheurs ont découvert une dent de lait fossilisée appartenant à un jeune néandertalien âgé entre 6 à 8 ans. |
Les fouilles à St Césaire
Comme chaque année depuis 2013, une équipe d’archéologues a effectué, durant un mois cet été, une campagne de fouilles sur le gisement « La roche à Pierrot » situé à proximité du Paléosite.
L’équipe d’archéologues, dirigée par Isabelle Crevecoeur, fouille depuis 3 ans le niveau occupé par Néandertal. En effet, sur ce terrain datant de 50 à 60 000 ans, des populations néandertaliennes vivaient. Une zone identifiée comme recevant les déchets de l’activité de boucherie des Néandertaliens vivant sur place à la préhistoire, au milieu d’os de bisons, de rennes et de chevaux, ainsi que de fragments de silex. Les hommes y apportaient les carcasses de « bêtes » pour les traiter et en extraire un maximum de ressources pour se nourrir.
Découverte d’une dent néandertalienne
En fouillant ce site les archéologues ont aussi fait une découverte rarissime : une dent d’enfant néandertalien qui est tombée durant la vie de l’individu âgé de 6 à 8 ans. Cette découverte indique que nos ancêtres évoluaient sur place il y a au moins 55 000 ans à l’époque où Néandertal était encore bien implanté.
Isabelle Crevecoeur, Directrice de recherche au CNRS est très satisfaite de cette découverte : « Il s’agit d’une découverte exceptionnelle, dans un niveau qui n’a jusqu’à présent jamais livré de restes néandertaliens. Il n’y avait pas de raisons de trouver des restes humains. Aussi, il y a très peu de dents d’enfants néandertaliens de ce type retrouvées dans le monde, moins de 10 à l’échelle de l’Europe ».
Néandertal sur le gisement pendant plus de 20 000 ans
Cette découverte montre que des groupes néandertaliens ont vécu durant des milliers d’années dans la région, et à Saint-Césaire depuis le début de leur installation il y a environ 60 000 ans jusqu’à leur disparition à l’époque de Pierrette, il y a environ 40 000 ans. La couche stratigraphique où se trouvait le fossile de « Pierrette » avait précédemment été datée à 36 300 ± 2 700 ans.
L’usure de la couronne dentaire est très nette et montre que les jeunes individus utilisaient aussi leur dentition comme un outil. « Nous ne pouvons pas le savoir avec certitude, mais peut-être pour tanner des peaux ou maintenir des objets, on pense que Néandertal se servait de ses dents comme d’une troisième « main » comme c’est le cas dans d’autres populations de chasseurs-cueilleurs » explique la chercheuse.
Les dents renferment énormément d’informations sur la croissance, l’état de santé, le régime alimentaire… « Nous allons d’abord la micro-scanner pour étudier sa morphologie, sa croissance et la comparer aux autres dents néandertaliennes connues. Cela va nous permettre de savoir s’il existe des liens entre cet enfant et d’autres groupes néandertaliens, par exemple. Est-ce que cette dent est différentes ou similaire ? Ensuite en fonction des résultats, des analyses isotopiques peuvent être envisagées, pour étudier le régime alimentaire » explique Isabelle Crevecoeur.
Le Paléosite de Saint-Césaire
La Roche à Pierrot est un site archéologique où fut découvert un squelette néandertalien en 1979, nommé « Pierrette ». La présence de son squelette et des outils trouvés alentours prouvent que Homo neanderthalensis et Homo Sapiens ont cohabité. Dans un souci de diffuser à tous cette étonnante révélation, il a été décidé en 2005 de créer un véritable centre d’interprétation de l’Homme de Néandertal : le Paléosite.
Sources
Communique de presse Charente-Maritime
Les dents de l’homme De la préhistoire à l’ère moderne Florie Duranteau A travers un glossaire illustré extrêmement précis et développé, de Toumaï à l’homo sapiens, en passant par les australopithèques, cet ouvrage détaille et explique les diverses mutations de la dent, de la mandibule et de la face, en s’attardant sur les conséquences générées par ces transformations sur la posture et le régime alimentaire de chacun. En savoir plus sur Les dents de l’homme de la préhistoire à l’ère moderne |
Silvana Condemi, Jean-François Mondot