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Une ancienne carte en relief à Fontainebleau, vraiment ?
Une ancienne carte en relief à Fontainebleau, vraiment ?
Une publication dans une revue anglaise tente de démontrer que les Hommes du Paléolithique avaient réalisé une carte en 3D de la région.
13/02/25 Le préhistorien Boris Valentin répond à nos questions
Droit de réponse
Une ancienne carte en relief à Fontainebleau
04/03/25 Réponses aux critiques émises par Boris Valentin dans un entretien posté le 13 février 2025
Médard Thiry (Mines-Paris PSL) et Anthony Milnes (University of Adelaide, Australie
De l’art pariétal dans la forêt de Fontainebleau
Si vous vous êtes déjà promené dans la forêt de Fontainebleau vous avez marché dans le sable, au milieu des pins, et pris un bon bol d’air…. mais vous avez certainement aussi grimpé, escaladé et pris en photo des milliers de blocs de grès.
Vous êtes-vous douté que sous quelques blocs, des hommes ont gravé la roche il y a plusieurs milliers d’années.
Depuis 1860 les préhistoriens ont identifié des gravures symboliques abstraites de nombreuses époques, et notamment du Mésolithique, mais également des représentations dont la plus connue est constituée d’un sexe féminin et de deux chevaux (- 21 000 ans). Cet ensemble pubis+vulve, surnommé « l’origine du Monde » et taillé dans la roche, a été réétudié dans le cadre d’un programme de recherche coordonné par le préhistorien Boris Valentin professeur d’archéologie (Université Paris I Panthéon-Sorbonne).
Une carte 3D ?
En décembre 2024 les géologues Médard Thiry et Anthony Milnes publient un article dans la revue Oxford Journal of Archaeology. Les auteurs ont identifié, à proximité de l’Origine du Monde, une carte de la région reproduite dans la cavité avec les collines, les rivières, les vallées… Pour Médard Thiry il apparaît que cette carte 3D a été réalisée par l’Homme et gravée au même moment que l’Origine du Monde.
PALAEOLITHIC MAP ENGRAVED FOR STAGING WATER FLOWS IN A PARIS BASIN SHELTER https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/ojoa.12316

Pour Hominides.com nous demandons au préhistorien Boris Valentin comment aborder le sujet… qui fait polémique.
Hominides.com : Scientifiquement parlant l’analyse proposée dans la revue anglophone est-elle recevable ?
Boris Valentin : Cette publication n’aurait jamais été acceptée dans une revue scientifique française et c’est ça qui est très embarrassant, sans compter le « buzz » autour d’un site fragile que nous tâchons de protéger.
Cet article n’aurait jamais été publié ici, car, pour commencer, la démonstration n’est absolument pas faite que ce sont des humains, et non des causes naturelles, qui sont à l’origine du réseau de fentes présenté par le géologue. Quant à interpréter ce réseau comme une carte, c’est une vue de l’esprit… Quand on regarde des rochers ou des nuages, nous pouvons imaginer bien des choses. Cela s’appelle la paréidolie.
C’est un retour 60 ans en arrière, avant Leroi-Gourhan et tous ceux qui, après lui, étudient l’art paléolithique méthodiquement, en le décrivant avec soin, en disciplinant leur imagination, en ne se prononçant que sur ce qu’on peut démontrer..
H : Y a-t-il des points positifs dans cet article qui semble respecter peu de principes scientifiques ?
BV : La science commence toujours par des intuitions, et l’auteur de cet article en a beaucoup. Certaines se sont révélées utiles par le passé à la recherche archéologique. C’est lui, en effet, qui a remarqué que, dans la même cavité, le pubis sculpté suintait en cas de grosses pluies et que cela résultait bien, dans ce cas, d’aménagements volontaires. Pour cela, nous avons conduit, avec lui et plusieurs autres archéologues, une étude approfondie des stigmates qu’ont laissés ces aménagements du pubis.
H : Pour le spécialiste que vous êtes, est-il possible que des hommes du Paléolithique aient pu réaliser une « vue aérienne » de la région ?
BV : L’hypothèse n’a rien d’absurde et l’auteur se réfère légitimement à de nombreux cas ethnographiques, par exemple à celui des Aborigènes du désert australien, chez lesquels l’art est essentiellement à visée cartographique.
Il cite aussi des cas archéologiques. Pour la dalle du tumulus de l’âge du Bronze à Saint-Bélec (Finistère), les archéologues ont bien démontré d’abord que les gravures et piquetages étaient d’origine humaine et ensuite, par des méthodes statistiques raffinées, que ces tracés coïncidaient avec l’environnement géographique proche.
A contrario, cette démonstration n’a pas été faite pour les quelques pseudo-cas paléolithiques auxquels se réfère le géologue Médard Thiry. Ces pseudo-cas, qui correspondent tout de même à de vrais tracés humains sur pierre ou sur os, sont des entrelacs, certes volontaires, mais pour lesquels on pourrait proposer toutes sortes d’autres hypothèses.
J’en arrive donc à la pseudo-carte en région de Fontainebleau. Premier grave problème : rien dans la publication ne prouve que les fentes ont été creusées par des humains. Et si on arrivait à le démontrer, second problème, aucune clef d’interprétation n’existe pour ce genre d’entrelacs. Le géologue propose des rapprochements visuels approximatifs avec la géographie locale. Mais ce pourrait être tout aussi bien la description des vaisseaux sanguins d’un animal dépecé par les chasseurs-cueilleurs, d’un filet pour la chasse, d’une végétation…. Que sais-je encore… L’imagination peut entraîner loin… L’art paléolithique regorge d’entrelacs énigmatiques, dans les grottes ornées aussi, et nous n’avons aucune méthode pour les décrypter, mieux vaut le reconnaître avec modestie.
H : Comment déterminer que ces gravures de sillons sont faites par un humain et non le résultat d’un écoulement de l’eau ou d’un autre type d’érosion ?
BV : Au minimum, il faut des photos plus détaillées que celle du géologue, du genre de celles qui illustrent l’autre étude sur le pubis, collective cette fois. Selon les standards de l’archéologie actuelle, il faudrait surtout comparer ces photos à d’autres illustrant des sillons tracés expérimentalement par un humain. Et aussi à des sillons dont on présume qu’ils sont naturels. L’article n’en montre qu’un seul, c’est très insuffisant, et rien d’expérimental
H : Médard Thiry laisse entendre que la « carte 3D » et la gravure sexe féminin sont contemporaines. Est-il possible de le prouver ?
BV : Admettons qu’on ait pu prouver que c’était une carte 3D…. Eh bien, puisqu’on ne peut pas dater directement des gravures avec des méthodes comme le Carbone 14, rien ne peut démontrer que la « carte » a été gravée à la même époque que la frise au pubis distante de 7 mètres environ. En archéologie, on a appris à ne pas confondre l’espace et le temps. Deux faits proches ne sont pas nécessairement contemporains.
D’ailleurs, les abris gravés de la région de Fontainebleau recèlent des gravures d’époques très diverses, depuis le Paléolithique jusqu’à nos jours, et plusieurs époques sont souvent superposées. On le reconnaît par des styles différents. Le pubis est bordé par un cheval dont le style évoque clairement Lascaux il y a 21 000 ans. Quant au réseau de fentes, même s’il était d’origine humaine, rien ne permettrait de le dater.

Boris Valentin
La page de Boris Valentin sur le site de l’UMR Temps
https://umrtemps.cnrs.fr/membre/valentin-boris/
A lire, une page de Boris Valentin et collaborateurs : « Rochers ornés d’Ile-de-France » (Grands sites archéologiques – Archéologie.culture.fr)
https://archeologie.culture.gouv.fr/fr/rochers-ornes-dile-de-france
L’art rupestre à « l’Origine du monde » sur radiofrance
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/carbone-14-le-magazine-de-l-archeologie/l-art-rupestre-a-l-origine-du-monde-9333627
Quelques ouvrages de Boris Valentin
VALENTIN B, 2024 De Courbet à Lascaux Une origine du monde préhistorique, DITS, Inst.national D’histoire De L’art
64 pages
GENESTE J.-M., VALENTIN B., 2018 : Si loin, si près. Pour en finir avec la préhistoire. Paris, Flammarion, 287 p.
VALENTIN B. 2018 (2ème édition) : Le Paléolithique. Paris, Presses Universitaires de France (Que-Sais-Je ? n°3924), 128 p.
GENESTE J.-M., GROSOS P., VALENTIN B (dir.), 2023 : La préhistoire : nouvelles frontières, Paris, éd. de la Maison des Sciences de l’Homme, 468 p.

Crédits : Emilie Lesvignes
Une ancienne carte en relief à Fontainebleau
Réponses aux critiques émises par Boris Valentin dans un entretien posté le 13 février 2025
Médard Thiry (Mines-Paris PSL) et Anthony Milnes (University of Adelaide, Australie)
Le 13 février 2025, Boris Valentin a « posté » sur le site Hominidés.com, une série de déclarations en réponse à des questions dans une note intitulée Une ancienne carte en relief à Fontainebleau, vraiment ? dans laquelle il met en cause nos arguments et interprétations publiés dans le Oxford Journal of Archaelogy (Thiry et Milnes, 2025). Ses déclarations s’appuient sur des conclusions d’autorité inacceptables pour mettre en cause nos travaux et ne présentent pas la contre-argumentation qu’on est en droit d’attendre lors de la contestation de faits scientifiques. Nous répondons ici de manière argumentée aux quatre principales critiques faites à notre article.
1 Fractures vs réseau de sillons
Il est proclamé que « la démonstration n’est pas faite que ce sont des humaines qui sont à l’origine du réseau de fentes, qu’elles peuvent être naturelles » est sans fondement. Le réseau a été analysé et sa nature évaluée en détail.
1) Les géométries des connexions (en particulier les courbes dans les fissures) ne sont pas des connexions de fractures naturelles : celles-ci sont droites et ne dévient pas en se rapprochant d’une autre fracture, comme explicité dans la partie méthodologie (figure 6).
2) Les sillons qui entourent les monticules de grès quartzitique du plancher ne sont pas des fentes et ne peuvent pas être dus à des érosions par des d’écoulements naturels d’eau car, si c’était le cas, elles ne circonscriraient pas les monticules mais en divergeraient selon la plus forte pente (figure 10A).
3) Les sinuosités des sillons (figures 10 D & E) recoupent d’éventuelles fractures qui sont rectilignes à cette échelle.
4) En outre, les connexions montrent des polarités différenciées le long de la pente du plancher de l’abri, à savoir des confluences dans la partie amont du réseau et des divergences à l’aval. Cela ne correspond pas à la disposition bien connue des érosions naturelles dues à des écoulements le long d’une pente, ni à une disposition de vaisseaux sanguins comme suggérée. Notre analyse démontre un arrangement intentionnel. 5) La fracture donnée en exemple dans la figure 6B est une fracture naturelle au plancher de l’abri et diffère de manière significative des sillons que nous avons analysés. La représentativité de cette fracture est questionnée. Notre réponse est qu’il n’y a que quatre fractures fraîches (non encroûtées) dans l’abri : si nous nous étions référés à des fractures observées dans d’autres abris, on nous aurait questionné sur le bien-fondé de leur représentativité par rapport à l’abri étudié. La fracture de la figure 6B illustre aussi notre propos sur l’aménagement de l’écoulement vulvaire, dans le papier publié en 2020 (Thiry et al., 2020), et co-signé par Boris Valentin et pour laquelle il n’a pas émis de remarque particulière à l’époque.
2 Stigmates et excavations du grès
Il est affirmé que « rien dans la publication ne prouve que les fentes ont été creusées par des humains » ce qui implique que tous les caractères décrits peuvent simplement résulter d’érosions et d’altérations naturelles. Nous réfutons catégoriquement cette allégation.
Nous commentons et illustrons par photos et schémas explicatifs cinq points d’excavation du grès, pour intentionnellement créer des chemins d’écoulement des eaux d’infiltration. Ce sont : l’aménagement d’une gouttières à l’extérieur de l’abri pour dévier le trop-plein de la dépression du sommet du bloc vers la rampe (figure 8E), trois trop-pleins aménagés sur les petites dépressions sur le haut de la terrasse (figure 9) et une excavation majeure pour abaisser de plus de la moitié le niveau de l’eau retenue par la grande dépression à l’aval du système d’écoulement (figure 7). Leur description détaillée nous ont permis de préciser certains gestes techniques.
Nous n’avons effectivement pas reconnu de stigmates de rainurage sur les flancs des sillons du réseau. Cela n’est pas dû à un « handicap » inerrant à notre formation et cœur de métier de géologue par rapport à l’expertise des archéologues. Mais en tant que géologues, nous savons qu’il est quasi-impossible que de fines rayures comme celles de la fente vulvaire puissent avoir été préservées sur le plancher de l’abri : le grès y est moins consistant que sur le bombement pubien (les monticules de grès au plancher sont en fait de cette forme plus « dure » et résistante de grés quartzitique). Les micro-rayures dans du grès plus tendre auraient été estompées par plus de 10 000 ans d’humidifications régulières du plancher. Pour preuve, de fines rayures ont été observées sur les flancs de la fente vulvaire, il n’en a pas été relevé sur la fente F2 qui cadre la figuration féminine à environ 50 cm sur sa droite (figure 9, Thiry et al. 2020), alors que les incurvations de cette fente et ses facettes indiquent clairement qu’elle a été élargie et approfondie par rainurage. C’est parce que le grès sur la droite de la figuration sexuelle, en se rapprochant du réseau de sillons, est moins résistant et que, selon toute vraisemblance, les rainures n’ont pas été marquées ou ont été altérées. Et le voile algaire qui couvre le haut de la terrasse ne laisse aucun espoir de faire de telles observations même si des rayures y ont été effectivement préservées. Il en est ainsi, les observations sont étroitement tributaires des micro-environnements locaux.
Quant à l’expérimentation, nous ne voyons pas quel élément elle pourrait nous apporter. L’un de nous (M.T.) a activement participé aux expérimentations qui ont alimenté le travail d’Alexandre Cantin (Cantin et al., 2022) qui a montré que les outils allongés permettaient de faire des sillons droits et que les outils pointus permettent de faire des sillons courbes, comme ceux du réseau hydrographique figuré. Ce sont des choses qui se comprennent par quiconque a manié un burin et un marteau ! Que pouvions-nous attendre d’autre d’une expérience ?
3 Relations entre les structures du plancher et la carte de la vallée de l’Ecole.
Il est spécifié que « Le géologue propose des rapprochements visuels approximatifs avec la géographie locale ».
Nous avons clairement signifié que l’aménagement hydrologique au plancher a été fait par rapport et en fonction des éléments structuraux du grès de l’abri (dépressions, terrasse et monticules). De ce fait, l’aménagement du plancher ne peut en aucun cas représenter une carte géographique réelle, puisque des éléments initialement disposés au hasard ont été aménagés pour leur donner un sens.
En revanche, nous avons détaillé huit relations structurales spécifiques entre les chemins d’écoulement de l’eau et les reliefs au plancher de l’abri et nous les avons comparés à huit traits structuraux similaires de la géographie locale. Ce sont huit points de similitude dont certains se répètent plusieurs fois. Par exemple : les petites dépressions sur le haut de la terrasse du plancher ont été « percées » et prolongées par des sillons majeurs découlement. Ces dispositions ont été rapprochées des mares de platière qui sont les rares points d’eau qui existent en forêt. Elles ne sont pas situées dans les « vallées », mais sur les points hauts du paysage. C’est une disposition tout à fait inhabituelle. Il n’y a qu’une infime proportion des 17 millions de visiteurs annuels de la forêt de Fontainebleau qui connaisse ces sites singuliers et qui en outre sont des espaces d’une biodiversité exceptionnelle. Nous postulons que les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique supérieur ne pouvaient l’ignorer et que ces rares mares isolées avaient de l’importance pour eux.
4 La datation
Il est également déclaré que : « Rien ne permet de montrer que la carte a été gravée à la même époque que le pubis distant de 7 m », et que « même si [le réseau de fentes] était d’origine humaine, rien ne permettrait de le dater.
Nous avons d’évidence eu tort de ne pas traiter la question de la datation dans un paragraphe dédié. Nous étions trop préoccupés et concentrés sur les arguments descriptifs qui soutenaient nos interprétations.
La carte gravée est directement mitoyenne avec la figuration féminine. Les bassins versants qui alimentent les deux installations ne sont séparés que par un seuil à partir duquel les eaux d’infiltration s’écoulent d’un côté ou de l’autre. Mais ce n’est pas la proximité qui est un argument de contemporanéité des deux installations.
Premièrement, c’est l’ingénierie et les techniques mises en œuvre dans les deux installations hydrauliques, incluant le creusement de sillons et de rigoles pour rassembler les eaux d’infiltration et les conduire vers le bassin du réseau hydrographique ou celui qui alimente l’écoulement vulvaire. La même technique d’éclatement du grès a été utilisée pour excaver deux gros bourrelets de grès quartzite pour aménager un trop plein au bassin du réseau et au bassin qui alimente la figuration féminine. Pour s’en convaincre il suffit de comparer la figure 13C de Thiry et al. (2020) et la figure 7B de Thiry et Milnes (2025).
Deuxièmement, il n’avait jamais été décrit d’installation hydraulique paléolithique. La première description a été celle de la mise en scène de l’écoulement vulvaire et maintenant, une seconde concerne la mise en scène par aménagement de l’hydrologie de l’abri, qui rappelons-le, est directement associée à la première. Est-ce vraiment une simple coïncidence et les deux installations n’auraient rien à voir l’une avec l’autre ? La mise en œuvre à des époques différentes, dans le même lieu (exigu), des mêmes techniques et ingénieries (les seules connues à ce jour) est-elle envisageable ? Certes, mais elle nous semble tout à fait improbable !
La similitude des modifications pour établir une contemporanéité peut être comparée à celle des techniques de taille du silex, ou des styles de peinture et de gravures, utilisées couramment en archéologie mais dont on connaît cependant les limites. Dans le cas présent, c’est l’unicité et la singularité/spécificité de la mise en scène des écoulements d’eau qui sont des facteurs de contemporanéité. Pour nous, tous ces éléments convergents entre deux installations contiguës ne peuvent pas être dus au hasard : liés par la culture technique qu’ils expriment, ils ne peuvent qu’être contemporains.
Quant aux « pseudo cartes décrites dans la littérature » elles ont été étudiées par différents archéologues, acceptées après examen par les pairs et publiées dans des revues internationales. Certaines ne se contentent pas d’interpréter des entrelacs comme on laisse entendre, mais établissent des correspondances avec plusieurs points du paysage proximal. Citer ces cas fait partie de l’éthique scientifique, et nous n’en tirons aucune conclusion au « profit » de notre étude.
5 Réflexions
Pour revenir à la question de l’absence de traces de travail : s’il n’y a pas de trace de travail validée par l’archéologie, aurions-nous dû pour autant abandonner l’analyse de ce réseau ? Nous avons cherché d’autres arguments pour pallier l’absence de traces archéologiques, estimant que les sites devraient être étudiés en utilisant toutes les techniques scientifiques disponibles, et pas seulement celles que l’archéologie revendique, sinon quelle avancée ?
Ainsi, nous avons analysé les morphologies, pour vérifier si elles pouvaient s’expliquent par des phénomènes naturels ou non. Si c’est non, c’est que l’homme est intervenu et a modifié l’état naturel. Et c’est ce regard nouveau qui a permis de mettre en évidence des modifications qui n’avaient jamais été montrées ou imaginées. C’est ce qui nous anime. Les évaluateurs internationaux de nos articles n’y trouvent rien à redire et, au contraire, commentent notre approche comme une avancée et un ajout qui devra être inclus dans leurs procédures.
Quant à la remarque selon laquelle « cette publication n’aurait jamais été acceptée dans une revue française », elle a déjà été formulée dans de nombreux champs scientifiques. Mais « nul n’est prophète en son pays » dit le dicton. Pensée dominante, arguments d’autorité, critiques injustifiées et non étayées, sont complètement à l’opposé de notre approche !
Références
Thiry M., Cantin A., Valentin B., Zotkina L., Robert É., Lesvignes É., Bénard A. 2020. Anthropogenic hydrological staging of an upper Palaeolithic carved shelter in Paris basin. Journal of Archaeological Science: Reports 33, 102567.
Cantin A., Valentin B., Thiry M., Guéret C. 2022.: Social context of Mesolithic rock engravings in the Fontainebleau sandstone region (Paris Basin, France): contribution of the experimental study. Journal f Archaeological Science: Reports 45, 103554.
Thiry M., Milnes A. 2025. Palaeolithic map engraved for staging water flows in a Paris Basin shelter. Oxford Journal of Archaeology 44(1): 2–26.





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Merci pour votre hypothèse, la discussion et votre argumentation toutes forts utiles à l’amateur que je suis et bien sûr le plus important à la recherche scientifique. La mise à contribution d’une approche géologique peut en effet apporter d’autres outils de pensée et je pense que Leroi-Gourhan aurait su y avoir recours car son approche scientifique était aussi audacieuse…