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Un hominidé non identifié à Nisher Ramia ?
C’est en Israël, sur le site de Nisher Ramia, que des chercheurs ont découvert des fragments d’ossements humains appartenant à une espèce inconnue …
Le site de Nesher Ramla est localisé près de la ville de Ramla dans la zone minière de la cimenterie de Nesher. Le gisement, situé à 85-120 mètres d’altitude, occupe une dépression karstique. En forme d’entonnoir il mesure 40 mètres de large au plus haut de 11 mètres de large au fond. Lors des fouilles antérieures plusieurs mesures OSL ont été utilisées pour dater le gisement : 6 échantillons dans les sédiments ont permis d’estimer la période d’occupation anthropique. En bas du gisement les datations sont de 170 000 ans (±12 000) BP et 78 000 ans BP (±6000) en haut du gisement. Jusqu’à présent la période d’utilisation la plus active de la stratigraphie était comprise entre 170 et 130 000 ans BP. Parmi les restes d’animaux (daims, aurochs, chevaux…) des outils lithiques et des restes humains avaient été mis au jour…
Il aura fallu attendre 10 ans avant que les restes partiels d’un crâne d’hominidé fassent parler d’eux suite à l’étude d’une équipe internationale dirigée par le Pr Israel Hershkovitz, le Dr Hila May et le Dr Rachel Sarig chercheurs de Tel-Aviv et de Jérusalem.
Reconstitution image de synthèses crâne © Université de Tel-Aviv
Les restes crâniens
Les restes humains de Nesher Ramla sont constitués d’un fragment supérieur du crâne et d’un fragment de mâchoire inférieur. Quelques dents sont encore enchâssées dans la mâchoire.
Pour identifier avec certitude il aurait également fallu avoir eu la partie arrière du crâne et la partie suborbitale. Mais les chercheurs sont dû se contenter des morceaux à disposition !
Selon l’étude publiée dans la revue Science, la morphologie des humains de Nesher Ramla présente les caractéristiques d’hominidés différents. La partie restante du crâne fait penser à une espèce Homo « archaïque » alors que la mâchoire et les dents sont comparables avec celles d’Homo neandertalensis.
Ce fossile appartenant bien au genre Homo est donc très différent des hommes modernes – avec une absence de menton, une dentition robuste et une structure de crâne complètement différente.
Pour les chercheurs ce fossile est une sorte de « population archaïque survivante » qu’elle décrit comme un « pré-néandertalien du genre Homo ». Le fossile serait l’un derniers représentants d’une population ancestrale des néandertaliens européens.
Une nouvelle espèce ?
Dans cette région du monde il y a 125 000 ans seules deux espèces pouvaient laisser des ossements, Homo sapiens et Homo neandertalensis. Les chercheurs indiquent que s’ils ne peuvent apparenter le fossile de Nesher Ramla à aucune de ces deux espèces c’est que ce dernier appartient à une nouvelle espèce pas encore identifiée jusqu’à présent. Cela serait la première fois qu’une espèce serait définie en Israêl Homo Nesher Ramla.
Pour le Professeur Israel Hershkovitz cette nouvelle espèce était un ancêtre à la fois des Néandertaliens européens et des populations archaïques Homo en Asie : » Cela nous permet de donner un nouveau sens aux fossiles humains précédemment trouvés, d’ajouter une autre pièce au puzzle de l’évolution humaine et de comprendre les migrations des humains dans l’ancien monde.«
Il rajoute que cette nouvelle espèce pourrait également éclairer des anciennes découvertes de fossiles comme ceux de la grotte de Tabun ( Il y a 160 000 ans), de la grotte Zuttiyeh (250 000) et de la grotte Qesem (400 000) qui pourraient appartenir à la même population que Homo Nesher Ramia
Réactions
Le paléoanthopologue Jean-Jacques Hublin (Collège de France) n’est pas vraiment convaincu « Les restes sont très fragmentaires et, de mon point de vue, surinterprétés compte tenu de leur état de conservation. Pour le chercheur, le meilleur diagnostic, c’est celui qui se base sur la dentition, qui dans le cas présent montre une appartenance aux populations néandertaliennes. Toutefois le fossile présente des caractéristiques un peu éloignées des néandertaliens d’Europe… Il rajoute que « De là à placer cet cet hominidé à l’origine des Néandertaliens européens, je ne vois pas trop la logique. On connaît en Europe des formes un peu comparable vieilles de 400 000 ans. »
Dans une interview à la Revue La Recherche il rajoute que « cette mandibule, beaucoup plus complète que les restes de l’Altaï, a des caractères morphologiques que l’on peut comparer à ceux d’autres fossiles chinois. Cela conforte l’idée que, très probablement, tous ces fossiles sont des Dénisoviens. Ce crâne de Harbin, est, pour moi le plus complet des fossiles dénisoviens.«
Antoine Balzeau paléoanthopologue au Muséum National d’Histoire naturelle de Paris.
« Ce qui est intéressant c’est que ces fossiles se rapprochent des premiers Néandertaliens connus. Ils ont pas mal de caractéristiques en commun avec les fossiles contemporains que l’on retrouve ailleurs en Europe. »
Pour Antoine Balzeau le fait de trouver des néandertaliens datés de 130 000 ans est très important car c’est une période ou il y moins de fossiles de cette espèce. Cela nous documente sur le début des néandertaliens.
Chaque nouvelle découverte nous donne un nouvel éclairage sur l’évolution de l’humanité. Le site de Nesher Ramla est à la croisée des peuplement humains, à une époque ou cohabitent plusieurs espèces humaines : les néandertaliens, les Homo sapiens et les Denisoviens…
L’équipe à malheureusement indiqué qu’il n’y a pas d’ADN exploitable dans les fragments du fossile donc cela sera une difficulté supplémentaire pour identifier et comparer génétiquement le fossile avec d’autres hominidés.
C.R.