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Stephen JAY GOULD
Paléontologue
Gould est né à New York en 1941. Alors qu’il avait cinq ans, son père, sténographe auprès des tribunaux, l’emmena au musée américain d’histoire naturelle. Durant son enfance et son adolescence, l’intérêt que Gould portait à la paléontologie ne se démentit pas mais se trouva cependant en concurrence avec l’intense passion qu’il éprouvait pour les Yankees de New York !
Il acheva ses études de premier cycle par un diplôme de géologie de Antioch College en 1963, puis revint à New York pour obtenir un PhD de paléontologie de l’université de Columbia en 1967. Il était professeur de géologie et de zoologie à l’université de Harvard, conservateur du département de paléontologie des invertébrés au musée de zoologie comparative, à Harvard également, et membre adjoint du département d’histoire des sciences. Donnant des cours de paléontologie, de biologie, de géologie et d’histoire des sciences, il était réputé pour être l’enseignant le plus intéressant dans ces domaines. En 1996, il devint également professeur-chercheur associé de biologie (chaire Vincent Astor) à l’université de New York et partagea son temps entre New York et Cambridge.
Il est décédé le 20 mai 2002.
Dossier Devenir Paléoanthropologue
Travaux
Dans un premier temps Gould a concentré ses études sur les mollusques et escargots fossiles découverts aux Bermudes. Sa première monographie importante Ontogeny and Phylogeny (Ontogénèse et phylogénèse) (1981) traitait de la théorie de la récapitulation en biologie évolutionniste. La suivante, Mismeasure of Man (La mal-mesure de l’homme) (1981) examinait l’histoire des idées sur la détermination biologique de l’intelligence.
Ces études montrent le génie de Gould d’unir une recherche historique scrupuleuse et ce qu’il appelle des « excroissances et digressions baroques » (Ontogeny and Phylogeny, p 2).
Cette union de sujets de toutes sortes reliée à son approche personnelle de la théorie de Darwin lui permettait d’imager très simplement des sujets scientifiques complexes.
Dans Mismeasure of Man, il attaquait de front la genèse historique et les implications plus générales du déterminisme biologique en se concentrant sur la question du classement numérique des groupes humains par la mesure de l’intelligence. Ces deux ouvrages furent bien accueillis et, en 1982, Mismeasure of Man obtint le prix du National Book Critics’Circle.
Une production littéraire impressionnante
Dès 1965, Gould avait publié, pour l’American Journal of Science (N° 263, 1965 ; 223-28), un essai intitulé « Is Uniformitarianism Necessary ? » (L’uniformitarisme est-il nécessaire ?) qui fixait le cadre de son travail empirique, de sa critique théorique de l’adaptationnisme et de la théorie de l’évolution, ainsi que de ses écrits historiques sur la science du XIXe siècle. C’est au début des années 70 qu’apparut la critique historique évolutive de Gould de la théorie de l’évolution dans des monographies historiques, contribution au 13e congrès international de Gould sur l’histoire des sciences (1971), sur les idées de Friedrich Engels sur l’évolution de l’homme, ainsi que dans des articles publiés dans l’ American journal of Science, Science, le Journal of the History of Biology et autres revues.
En 1974, Gould entreprit une série d’essais mensuels pour Natural History, la revue du musée américain d’histoire naturelle, dans la rubrique « This View of Life » (Cette conception de la vie). Cette série commença par une colonne sur des sujets tels que « La taille et la forme », « La mesure de l’intelligence humaine » ou « Problème de race ». Au terme de la deuxième année de parution, Gould avait fait de cette série d’articles une source populaire et variée d’aperçus sur des sujets d’histoire naturelle actuels et historiques.
Pendant plus de 25 ans, les contributions mensuelles de Gould à Natural History ont atteint le nombre de 280. Pour beaucoup de lecteurs, Gould est devenu l’essayiste scientifique accompli.
Sa contribution à la théorie de l’évolution :
les équilibres ponctués
La critique de Gould des concepts fondamentaux du darwinisme est fondée sur la notion « d’équilibres ponctués » et sur son affirmation de l’importance de la contingence historique et d’autres facteurs dans l’évolution en dehors du mécanisme de l’adaptation au milieu externe. La théorie des équilibres ponctués, qu’il formula pour la première fois en 1972, avec son collègue Niles Eldredge, pose que l’histoire de l’évolution se concentre dans des épisodes de spéciation relativement rapides au lieu d’advenir sous la forme de transformations lentes et continuelles de lignées établies.
Gould examine les implications spectaculaires de cette interprétation dans le contexte de sa critique historique du modèle gradualiste de l’évolution. Selon lui, l’adhésion à une croyance dans le progrès évolutionniste dirigé était l’expression des préjugés culturels et politiques du XIXe siècle. Charles Darwin, en particulier, se montra incapable d’abandonner ces idées en dépit d’évidentes contradictions avec sa propre théorie de l’évolution et de la lutte intellectuelle déchirante qu’il mena avec les lacunes existant dans les fossiles, lacunes qui ne peuvent pas s’expliquer si l’évolution avance par l’accumulation de nombreuses petites modifications.
Bibliographie
- 1977 : Ontogeny and phylogeny
- 1979 : Darwin et les grandes énigmes de la vie. Ever since Darwin : reflections in natural history
- 1987 : Time’s arrow, time’s cycle : myth and metaphor in the discovery of geological time
- 1982 : Le pouce du panda : les grandes énigmes de l’évolution. The Panda’s Thumb: More Reflections in Natural History
- 1983 : La mal-mesure de l’homme : l’intelligence sous la toise des savants. The Mismeasure of Man
- 1984 : Quand les poules auront des dents : réflexions sur l’histoire naturelle. Hen’s Teeth and Horse’s Toes
- 1988 : Le sourire du flamand rose. The Flamingo’s Smile: Reflections in Natural History
- 1990 : Aux racines du temps
- 1991 : La vie est belle : les surprises de l’évolution. Wonderful life : The Burgess Shale and the Nature of History
- 1993 : La foire aux dinosaures : réflexions sur l’histoire naturelle. Bully for Brontosaurus
- 1993 : Le livre de la vie. The Book of Life: An Illustrated History of the Evolution of Life on Earth. Peter Andrews et Stephen Jay Gould
- 1994 : Un hérisson dans la tempête. Urchin in the Storm: Essays About Books and Ideas
- 1996 : Comme les huit doigts de la main. Eight Little Piggies: Reflections in Natural History
- 1997 : L’éventail du vivant : le mythe du progrès. Full House: The Spread of Excellence from Plato to Darwin
- 1998 : Millenium. Questioning the Millennium
- 2000 : Les quatre antilopes de l’Apocalypse. Dinosaur in a Haystack: Reflections in Natural History
- 2000 : Et Dieu dit : “ que Darwin soit ” : science et religion, enfin la paix ? Rocks of Ages: Science and Religion in the Fullness of Life
- 2001 : Les coquillages de Léonard : réflexions sur l’histoire naturelle. Leonardo’s Mountain of Clams and the Diet of Worms: Essays on Natural History
- 2001 : Les Pierres truquées de Marrakech : Avant-dernières réflexions sur l’histoire naturelle The Lying stones of Marrakech
- 2004 : Cette vision de la vie. I Have Landed: The End of a Beginning in Natural History
- 2005 : Le renard et le hérisson. The Hedgehog, the Fox, and the Magister
- 2006 : La structure de la théorie de l’évolution. The Structure of Evolutionnary Theory