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Abbé Breuil
Henri, Edouard, Prosper, BREUIL (abbé Henri) voit le jour le 28 février 1877 à Mortain (Manche). La plus grande partie de son enfance se déroule à Clermont de l’Oise où son père, magistrat, est rapidement nommé procureur de la République. Après le primaire le jeune Henri est placé chez les Pères Maristes à Senlis où il restera jusqu’à un baccalauréat obtenu sans panache par un élève solitaire, un peu renfermé sur lui-même, que ses professeurs comparent à un petit vieux et que ses camarades surnomment « l’Ours ». Réputé de santé fragile Henri Breuil renonce pour cette raison aux études scientifiques ou médicales un instant envisagées et décide d’entrer en religion. Au début de l’année scolaire 1895 il est admis au séminaire d’Issy-les-Moulineaux. Il sera ordonné prêtre le 9 juin 1900 à Saint-Sulpice, mais n’exercera jamais de sacerdoce.
Le séminariste se découvre une passion : la Préhistoire
Au séminaire Henri Breuil fait deux rencontres déterminantes : J. Bouyssonie (son condisciple, qui partage son intérêt naissant pour ce qui deviendra la Préhistoire et l’entraînera en Périgord), et surtout l’abbé Guibert (un de ses professeurs qui, dans le cadre de son cours de sciences, ne craint pas d’aborder longuement les idées évolutionnistes et l’histoire naissante des premiers hommes, ce qui, pour l’époque et encore plus le lieu, est passablement osé). Pendant ses vacances il visite, fait des rencontres. Il effectue ainsi ses premières fouilles à Saint-Acheul en compagnie d’Ault du Mesnil. En Périgord il rencontre entre autres le Docteur Capitan qui l’initie à l’étude des outillages de pierre et Edouard Piette qui détecte très vite ses qualités de dessinateur.
Il approfondit ses connaissances scientifiques…
Dans les années qui suivent sa sortie du séminaire Henri Breuil commence ses recherches et poursuit sa formation scientifique en préparant une licence de sciences naturelles qu’il obtiendra en 1904.
L’abbé Breuil commence ensuite une carrière scientifique dont le déroulement semble inexorable. En 1905 il est nommé privat-docent à l’université de Fribourg. En 1910 il est chargé de l’enseignement de l’ethnographie préhistorique à l’Institut de Paléontologie Humaine de Paris. En 1929 la première chaire de Préhistoire est créée pour lui au Collège de France. Travailleur infatigable Breuil poursuit ses recherches et parcourt le monde : France, Espagne, Italie, Afrique du Sud, Chine… et construit au fil des ans une oeuvre considérable dans laquelle, avec beaucoup de recul, il est possible de distinguer deux directions : l’outillage lithique et l’art préhistorique.
L’étude méthodique de l’outillage lithique et osseux en stratigraphie le conduit dès 1905 à engager « la bataille de l’Aurignacien ». Pour Breuil cette période clé s’intercale entre le Moustérien et le Solutréen, alors que plusieurs de ses opposants de l’époque situent cette période après le Solutréen. Breuil accumule les faits et répond à ses détracteurs avec la vigueur et la rigueur qui lui sont coutumières. En 1912, la communauté scientifique se range à ses côtés.
… et se spécialise dans l’art préhistorique
L’art préhistorique a cependant occupé dans l’esprit de l’abbé une place prépondérante et de plus en plus importante au fil des années. A une époque où la photographie balbutie encore il assure le relevé et l’étude des principales grottes ornées françaises et espagnoles, ainsi que des abris peints du Levant (Espagne) et d’Afrique. Son ouvrage majeur : « Quatre-cents siècles d’art pariétal » paru en 1952 dresse pour la première fois un panorama de l’art pariétal paléolithique et lui confère une autorité mondiale. L’abbé Breuil s’attache avant tout à relever, à décrire minutieusement les œuvres paléolithiques et à en préciser la chronologie. Il propose ainsi une évolution en deux cycles successifs, aurignaco-périgordien et solutréo-magdalénien, qui ne passera pas à la postérité. Lorsqu’il est question de sens l’abbé Breuil accepte l’hypothèse de la chasse magique proposée par son ami le comte Henri Begouën. Au fil de ses descriptions il introduit un large vocabulaire religieux : cathédrale, sanctuaire, camarin, chapelle Sixtine (Lascaux)… qui lui paraît naturel et reste d’ailleurs en usage aujourd’hui.
L’abbé Breuil s’éteint à l’Isle-Adam le 16 août 1961 à l’âge de 84 ans. Il est à cette époque une autorité mondialement reconnue et incontestée en matière d’art préhistorique.
Auteur : ZAF