Accueil / Accueil – articles / Le régime alimentaire enrichi des hommes du Mésolithique
Le régime alimentaire enrichi des hommes du Mésolithique
L’idée que l’on se fait du régime paléolithique ne correspond pas forcément à la réalité des hommes préhistoriques. Les graines et céréales semblaient faire partie du menu.
Depuis une cinquantaine d’années, notre vision de l’alimentation à la préhistoire a évolué d’un homme préhistorique exclusivement carnassier à un hominidé mangeant également du poisson, des tubercules, des baies. Il va falloir manifestement encore enrichir son menu avec des céréales…
Le Professeur Herzl Chai (Université de génie mécanique, Tel Aviv), en collaboration avec des scientifiques de l’Université George Washington et le US National Institute of Standards and Technology (NIST), ont développé une méthode pour déterminer, à partir de la taille d’une ébréchure dans l’émail d’une dent, le type d’alimentation et la force de mastication d’un mammifère.
Pour les chercheurs, la dentition est effectivement le fossile le plus évident à étudier. C’est parfois le seul élément restant d’un fossile… et c’est aussi l’un des rares qui se conserve intact sur des milliers (voire millions) d’années.
L’étude des restes dentaires humains
L’équipe de chercheurs dirigée par Emanuela Cristiani, de l’Institut McDonald pour la recherche archéologique (Université de Cambridge), a étudié les restes dentaires de neuf personnes retrouvées dans la région de Vlasac (Gorges du Danube, dans les Balkans). Les individus ont vécu il y a environ 9 000 ans, entre la fin du Mésolithique (6 600 – 6 450 BC) et les premières phases Mésolithique-Néolithique (5 900 BC). Les restes proviennent des séquences de fouilles de 2006 à 2009 par l’Université Dušan Bori (Cardiff).
Les chercheurs se sont plus particulièrement intéressés à l’ancienne plaque dentaire calcifiée. Ils ont utilisé la microscopie polarisée pour étudier les microfossiles piégés dans le tartre dentaire afin de déterminer les repas de ces hommes du Mésolithique. Les couches de tartre étaient riches du fait que l’époque ne privilégiait pas forcément l’emploi de la brosse à dent et du dentifrice !
« Le dépôt de la plaque minéralisée s’arrête avec la mort de l’individu, par conséquent, le tartre dentaire a scellé des informations uniques sur les préférences alimentaires humaines du mésolithique», a déclaré Cristiani.
Ce que mangeaient les mésolithiques
Si il apparaît à l’étude que le régime alimentaire des hommes du Mésolithique de la région était en grande partie constitué de ressources riches en protéines (viande et poisson), l’équipe a également constaté que des granules d’amidon étaient conservés dans le tartre dentaire de Vlasac. Ces granules peuvent provenir d’espèces domestiques, telles que le blé (Triticum monococcum, Triticum dicoccum) et l’orge (Hordeum distichon), qui faisaient partie des principales plantes cultivées par les communautés du Néolithique ancien en Europe du sud. Par ailleurs, les microfossiles présentent des fissures qui sont susceptibles d’être le résultat d’une activité de broyage, confirmée par la présence, sur le site, de pierres ayant pu être utilisées pour obtenir une farine grossière.
A noter, avec ces espèces domestiquées, les chercheurs ont trouvé des espèces sauvages d’avoine, de pois…
Emanuela Cristiani précise : « Les microfossiles piégés dans le tartre dentaire sont une preuve directe que les aliments végétaux sont une source d’énergie non négligeable dans l’alimentation mésolithique des chasseurs-cueilleurs. Ce qui est également important encore, c’est que cela révèle que les plantes domestiquées ont été introduites dans les Balkans, indépendamment du reste des avancées néolithiques tels que les l’élevage, la poterie et les haches polies… qui ont accompagné l’arrivée des communautés agricoles dans la région « .
Implications sur les relations inter-communautaires
Si les chasseurs-cueilleurs du Mésolithique vivaient dans les régions boisées, à l’écart des premières communautés néolithiques agricoles, il paraît évident que ces différentes populations avaient des échanges ; ce qu’on qualifierait aujourd’hui de « réseau social ».
La découverte de céréales domestiques dans le régime alimentaire des chasseurs-cueilleurs signifie que ces derniers avaient établi des échanges avec les premières communautés néolithiques au moins 500 ans plus tôt que ne le pensaient les archéologues.
«Nous savions déjà que ces groupes de chasseurs-cueilleurs complexes étaient en contact avec d’autres régions plus éloignées», a déclaré Borić. « Nous avons également trouvé sur le site des coquilles de gastéropodes marins qui viennent de zones côtières de la Grèce et de l’Adriatique, à des centaines de kilomètres par exemple. »
C.R.
Sources :
DalilyMail
ScienceAlert
PNAS
C.R.
Sources
Fermented beverage and food storage in 13,000 y-old stone mortars at Raqefet Cave, Israel: Investigating Natufian ritual feasting
Sciencesdirect
ScienceDaily
A lire également :
2016 Le régime alimentaire enrichi des hommes du Mésolithique
2016 Rite funéraire au natoufien il y a 12 000 ans
2017 Premier site natoufien
2018 Première bière de la préhistoire sur un site natoufien
Les dents de l’homme De la préhistoire à l’ère moderne Florie Duranteau A travers un glossaire illustré extrêmement précis et développé, de Toumaï à l’homo sapiens, en passant par les australopithèques, cet ouvrage détaille et explique les diverses mutations de la dent, de la mandibule et de la face, en s’attardant sur les conséquences générées par ces transformations sur la posture et le régime alimentaire de chacun. En savoir plus sur Les dents de l’homme de la préhistoire à l’ère moderne |