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Un pendentif indonésien vieux de 26 000 ans
Un pendeloque, art mobilier d’Indonésie daté de 26 000 ans
Après les découvertes d’art pariétal sur l’île de Sulawesi, c’est un autre site qui délivre plusieurs artefacts datant de 22 à 26 000 ans
Une équipe scientifique dirigée par Adam Brumm et la co-auteur de l’étude Dr. Michelle C. Langley a effectué des fouilles sur le site de Leang Bulu Bettue (île Wallace de Sulawesi en Indonésie). Ce site est constitué d’une grotte et d’un abri sous roche. Les chercheurs ont mis à jour une série d’artefacts préhistoriques : des outils mais également un ornement qualifié de « bijoux ». L’étude a été publié dans les PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences)sous le titre “Early human symbolic behavior in the Late Pleistocene of Wallacea”.
Des découvertes exceptionnelles pour la région
En 2014 l’équipe avait déjà mis jour, sur l’ile de Sulawasi, un site d’art rupestre dont les peintures sont datées entre 27 000 et 40 000 ans. Le site a donc eu de nombreuses générations d’artistes sur plus de 13 000 ans.
La nouvelle étude décrit en particulier des perles en forme de disques fabriqués à partir d’une dent de babiroussa (sorte de cochon endémique), un pendentif formé à partir d’un os d’ailurops (genre de marsupial), ainsi qu’un morceau d’os long portant des traces de d’ocre a l’une de ses extrémités. Tous ces artefacts sont datés entre 22 000 et 30 000 ans.
Le pendeloque est fabriqué dans un os de la main d’un ailurops. A l’extrémité la plus large un orifice a été creusé. Les marques dans le trou indiquent que le pendeloque était suspendu avec une sorte de ficelle ou de lanière. Les marques d’usure sur l’ornement montrent qu’il a subit un grand nombre de frottement contre les vêtements ou la peau. Pour les chercheurs, la cause est entendue, l’os perforé était utilisé comme bijou pendentif.
Les perles devaient également être enfilées sur une lanière afin de réaliser une sorte de collier. Pour obtenir ces formes arrondies et trouées régulièrement les hommes ont découpé ou presque scié les dents d’un babiroussa dans le sens de la largeur, comme on découpe une buche.
L’analyse du Dr Langley a également révélé des preuves complètes de la production d’art rupestre sur le site. Les chercheurs ont trouvé pièces d’ocre abandonnées mais surtout des taches d’ocre rouge sur les outils. En particulier le reste d’un os long formant un tube avec de l’ocre à une extrémité. Cela aurait pu être un «tube de soufflage» pour projeter de l’ocre sur la paroi par exemple.
Une série de pierres incisées avec des motifs géométriques ont également été exhumés. Outre l’aspect symbolique il n’est pas actuellement possible d’en trouver la signification. Pour le Dr Langley « On ignorait également si ou comment les artistes de la grotte de Sulawesi ornaient leurs corps ou si leur répertoire artistique s’étendait même au-delà des peintures rupestres. Notre compréhension de la vie symbolique de ces populations s’est maintenant fortement enrichie« .
Elle rajoute : « La découverte d’ornements fabriqués à partir des os et des dents de deux espèces endémiques emblématiques de Sulawesi (babiroussas et ailurops) – et la représentation d’une babirrousa datée d’au moins 35 400 ans, montrent que les humains ont été attirés par cette nouvelle faune. Cela peut indiquer que le monde conceptuel de ces personnes a changé pour incorporer des animaux exotiques « .
C.R.
Sources :
Images Griffth University
NewScientist
ScienceDAily
PNAS
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