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Néandertal, plus carnivore qu’omnivore
Néandertal, plus carnivore qu’omnivore
Une nouvelle étude de restes néandertaliens sur deux gisements situés en France montre que les Néandertaliens consommaient très majoritairement des grands mammifères.
L’étude
Pour mieux comprendre les Néandertaliens, les paléoantropologues essayent de retrouver son mode de vie et ses rapports avec son milieu et la faune. Les relations avec d’autres espèces sont également étudiées et l’on sait maintenant qu’il pouvait s’hybrider avec l’homme moderne, mais également qu’il était capable de réaliser des opérations sophistiquées que nous pensions réservées uniquement à Homo sapiens.
La question de la disparition des Néandertaliens reste toujours sans réponse précise à ce jour. Puisqu’il ne semble pas que Néandertal avait un désavantage évolutif, pourquoi a-t-il laissé sa place à son concurrent direct, Homo sapiens ?
Apporter des précisions sur le régime alimentaire de ces hominidés constitue un des moyens de tenter de répondre à ce genre de question. Dis-moi ce que tu manges, je te dirais qui tu es !
Dis-moi ce que tu manges, je te dirais qui tu es !
De précédentes études avaient porté sur la composition des protéines de collagène retrouvées dans les os de Néandertal, une protéine commune qu’on retrouve chez tous les animaux, dont les hominidés. Les chercheurs avaient conclu que le régime alimentaire néandertalien était principalement constitué de viande (parfois putride) et de poisson, avec une petite proportion de végétaux, qui pouvait rappeler celui d’Homo sapiens.
Une équipe pluridisciplinaire de chercheurs, dont le professeur Jean-Jacques Hublin (Directeur de l’Institut Max Planck d’anthropologie de l’évolution), a publié un nouvel article dans les PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences) et revient sur la composition du régime alimentaire néandertalien. Les scientifiques ont étudié la composition biochimique des restes osseux avec une méthode basée sur les isotopes de l’azote. L’idée est basée sur le fait qu’on peut différencier les régimes alimentaires en fonction des différentes proportions d’isotopes de l’azote présents dans les divers acides aminés formant la protéine qui est le collagène.
Les extractions de cette protéine proviennent des os de deux Néandertaliens découverts en France, respectivement, dans la Grotte du Renne, à Arcy-sur-Cure (Yonne), et dans celle de Cottés (Vienne).
L’étude a montré que, dans les deux cas, il n’y avait en fait pas de trace de consommation de poisson, confirmée par le fait qu’aucun reste de poisson d’eau douce n’a été retrouvé dans ces grottes. Par conséquent, la femme néandertalienne, dont la dent a été exhumée dans la Grotte du Renne, avait un régime alimentaire à base de viande et ne consommait pas de poisson. C’est une information importante car, a contrario, le poisson faisait en effet partie du régime alimentaire d’Homo sapiens.
Néandertal, un gros consommateur de viande fraîche
Les chercheurs ont conclu que les Néandertaliens consommaient massivement de la viande fraîche provenant de grands mammifères, à savoir du mammouth, du renne et du cheval. A ce régime très nourrissant, Néandertal pouvait rajouter des plantes en petite quantité. Ce régime, presque exclusivement carnivore, ne s’est pas modifié dans le temps, même après l’arrivée de l’homme moderne en Europe.
Exceptionally high 15N values in collagen single amino acids confirm Neandertals as high-trophic level carnivores
Klervia Jaouen, Michael P. Richards, Adeline Le Cabec, Frido Welker, William Rendu, Jean-Jacques Hublin, Marie Soressi, and Sahra Talamo
C.R.
Sources
PNAS
Exceptionally high 15N values in collagen single amino acids confirm Neandertals as high-trophic level carnivores
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