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Néandertal, homme moderne : deux gros cerveaux, au développement très différent
Homo sapiens, durant les premiers moments de sa vie, développe un « câblage » neuronal qui lui confère ses grandes capacités cognitives. Un mode de développement que ne partage pas l’homme de Néandertal, vient de conclure l’équipe de Philipp Gunz, de l’Institut d’Anthropologie Evolutive Max Planck (Leipzig, Allemagne), au terme d’une étude comparative sur des crânes des deux types.
La découverte
Les chercheurs de l’Institut d’Anthropologie Evolutive Max Planck, par l’étude détaillée de crânes issus des deux espèces, ont constaté que, si néandertaliens et hommes anatomiquement modernes ont tous deux une boîte crânienne allongée au moment de la naissance, seuls les seconds acquièrent une forme de crâne plus globulaire durant la première année de leur vie.
On sait que, chez l’enfant, les circuits neuronaux, clairsemés à la naissance, se complexifient durant la période post-natale, avec une grande incidence sur notre comportement, nos capacités cognitives et de communication. Homo neanderthalensis, qui ne partage pas ce mode de développement, « ne percevait vraisemblablement pas le monde comme nous le faisons », concluent les chercheurs.
Une étude High-Tech
Le cerveau ne se fossilisant pas, la seule façon de l’appréhender, pour les paléontologues, est d’observer son empreinte sur l’os de la boîte crânienne, via des moulages endocrâniens. Ce sont ici des moulages virtuels, obtenus par scans tomographiques à haute résolution, et restitués par les ordinateurs du laboratoire de réalité virtuelle de l’Institut Max Planck, que les chercheurs ont analysé statistiquement.
Des boîtes crâniennes de Néandertaliens et d’Homo sapiens de divers âges ont été passées au crible.
Parmi les échantillons soumis à cette analyse, le crâne d’un nouveau-né néandertalien, découvert en 1914 dans l’abri sous roche du Moustier, en Dordogne. Longtemps perdu dans les collections puis retrouvé, il a été prêté par le Musée National de Préhistoire des Eyzies-de-Tayac-Sireuil.
Lien avec la génétique
Les récentes avancées du projet sur le génome de Néandertal, dont le décodage a été publié en mai 2010, ont montré, entre Sapiens et Néandertal, des différences chromosomiques portant sur quatre gènes, dont trois sont impliqués dans le développement du cerveau et les capacités cognitives, rappellent les auteurs. Une dérive génétique qui serait donc apparue après la séparation entre les deux lignées.
Néandertal toujours « insaisissable » ?
Homo neanderthalensis, aussi capable qu’Homo sapiens, ou non ? L’éternelle controverse reposait, jusqu’ici, sur les différences d’interprétation des productions lithiques, et sur la similarité des fourchettes de taille du cerveau pour les deux espèces : taille comparable, capacités comparables, disaient certains chercheurs.
« Nos résultats montrent que les différences biologiques entre les deux espèces pourraient être mises en relation avec les différences comportementales inférées des données archéologiques » dit Jean-Jacques Hublin, directeur du département d’évolution humaine au MPI. Plus importante pour les capacités cognitives que la seule taille du cerveau, son organisation interne dépend du rythme et du mode de son développement, lesquels, chez l’homme moderne, sont uniques parmi tous les primates.
Sources