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Préhistoire narbonnaise
Préhistoire Narbonnaise
A l’occasion de la 9ème édition des « Rencontres d’Archéologie de la Narbonnaise » qui auront lieu du 2 au 7 novembre 2021 à Narbonne, partons à la découverte d’une personnalité locale, Paul Tournal et de la grotte du Moulin.
Paul Tournal et la grotte du Moulin
Paul Tournal (1805-1872)
Natif de Narbonne, ce pharmacien, journaliste et géologue ami de Prosper Mérimée et d’Eugène Viollet-le-Duc est à l’origine de la création en 1833 du Musée d’archéologie et de la Commission Archéologique et Littéraire de Narbonne. Le premier bulletin de cette société savante fut publié en 1877. Paul Tournal est l’un des premiers à démontrer la contemporanéité entre l’homme préhistorique et certaines espèces animales disparues, après avoir découvert en 1827 des ossements humains dans la grotte de Bize (Aude). Ceci, près de 20 ans avant les travaux de Jacques Boucher de Crèvecœur de Perthes.
Jean Guilaine nous informe que d’après Wiktor Stoczkowski, malgré quelques ressemblances superficielles, l’époque « antédiluvienne » de Boucher de Perthes et l’époque « anté-historique » de Tournal appartiennent à deux visions historiques et épistémologiques très différentes. En effet, J. Guilaine nous informe aussi que Paul Tournal était sur une thèse plus novatrice, en proposant un découpage des temps géologiques dont les phases récentes comportent une période “anté-historique” au cours de laquelle l’homme est déjà présent. Estimant la très haute ancienneté de l’homme, élaborant une chronologie de temps long et se disant partisan de transformations lentes sans bouleversement radical, contrairement à Georges Cuvier. Il s’inscrivait ainsi dans le courant transformiste de Lamarck et annonçant Darwin alors qu’en 1847 Boucher de Perthes croyait encore au concept de Cuvier (Catastrophisme) et au Déluge.
Grotte de Bize
Connues également sous les dénominations de grotte Tournal, grotte du Moulin et Balmos de los Fados, cette grotte est située à environ 20 km au nord de Narbonne et à 2,5 km de Bize-Minervois. Située au pied d’un vaste massif calcaire, la grotte s’ouvre sur la rive gauche de la Cesse. Les deux conduits principaux ont été appelés Grande grotte de Bize et Petite grotte de Bize. Découverte et fouillée par P. Tournal à partir de 1827, le site devient une référence pour les premières études préhistoriques et taphonomiques. L’abondance de la faune et du matériel lithique en association avec les restes humains est mise en évidence dès 1828. La grotte est classée au titre des monuments historiques depuis 1931.
Les dernières fouilles ont été menées entre 1970 et 1987 par André Tavoso, dans une zone préservée du remplissage, à une cinquantaine de mètres de l’entrée de la grotte. Il mit au jour des dépôts couvrant les périodes du Moustérien au Magdalénien, mettant en évidence la transition régionale du Paléolithique moyen au Paléolithique supérieur. De plus, il mit au jour les derniers restes humains connus dont certains seront identifiés plus tardivement au sein du matériel faunique.
En 2012, une étude présentait dix nouveaux restes humains identifiés parmi les collections conservées. Ces ossements seraient attribués à Homo neanderthalensis pour l’horizon moustérien et Homo sapiens pour l’horizon magdalénien. L’étude d’assemblages de restes osseux équins des unités I, II et III (moustériennes et aurignaciennes) en 2020 indiquait que dans l’unité II, des activités de décharnement étaient identifiées sur les ossements. Par exemple, un os coxal qui présente des traces de découpe sur le bord inférieur liées à l’extraction du muscle iliaque ou encore un tibia présentant une incision sur la ligne poplité et le bord latéral, tous deux liés à l’extraction du muscle poplité.
Rédaction
Jonathan O.
Sources
Aufrère M.-F. (2012). “Histoire de l’archéologie préhistorique comme patrimoine”. Les nouvelles de l’archéologie, 129
Chevalier T., Magniez P., Moigne A.-M., De Lumley M.-A. & Tavoso M. (2012). “Les restes humains du paléolithique moyen et supérieur du sud de la France : nouvelles découvertes et position stratigraphique au sein de la grotte Tournal (Bize-Minervois, Aude)”. Colloque International AFEQ, Maison des Sciences de l’Homme, Clermont-Ferrand
Guilaine J. (2017). “Paul Tournal, fondateur de la préhistoire”. Sélection d’ouvrages présentés en hommage lors des séances 2017 de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres
Hurel, A. (2011). “Paul Tournal, les grottes de Bize & la question de la haute antiquité de l’homme In. : Dans l’épaisseur du temps : Archéologues et géologues inventent la préhistoire”. Publications scientifiques du Muséum, Paris
Marín J., Rodríguez-Hidalgo A., Saladié P., Boulbes N., Magniez P., Testu A. & Moigne A.-M. (2020). “Taphonomic analysis of horse remains from Mousterian and Aurignacian Units from Bize-Tournal Cave (Aude, France)”. Comptes Rendus Palevol 19 (11): 187-213
Riquet R. (1962). “Les crânes préhistoriques de la collection Héléna (Narbonne)”. Bulletins et Mémoires de la Société d’anthropologie de Paris, XI° Série. Tome 3, fascicule 4, pp. 480-522
Rusch L. (2020). “Comportements de subsistance et environnements des Néandertaliens en Languedoc au Pléistocène supérieur : l’apport des grands mammifères de l’archéoséquence des Ramandils (Port-la-Nouvelle, Aude, France)”. Thèse de Doctorat, Université de Perpignan Via Domitia
Patou-Mathis M. (1994). “Archéozoologie des niveaux moustériens et aurignaciens de la grotte Tournal à Bize (Aude)”. Paris, Gallia Préhistoire, 36, 1-64
Tavoso A. (1987). “Le remplissage de la grotte Tournal à Bize-Minervois (Aude)”. Cypsela