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Laugerie-Basse abri
L’abri de Laugerie Haute, l’un des quinze « sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la Vézère » inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979.
Les Eyzies-de-Tayac
Périgord
A la sortie des Eyzies-de-Tayac, en prenant la direction de Périgueux, vous allez suivre une route bordée à votre droite par la Vézère et, à votre gauche, par une falaise calcaire. La masse rocheuse est parfois trouée de cavités et parfois dissimulée sous la végétation. En arrivant sur Laugerie-Basse la falaise devient impressionnante : 60 mètres de hauteur sur 500 mètres de longueur ! Un parking (gratuit) sur la droite vous permet de stationner et d’accéder à différents sites : grotte avec concrétions, hameau et restauration au pied de la falaise, et bien sûr le gisement préhistorique. En montant le talus vers les sites vous accédez à la ligne d’abris sous roches qui longent le bas de la falaise sur près de 300 mètres. Du côté gauche, c’est l’abri classique qui a été intégralement fouillé et comblé en partie par des habitations, et du côté droit, c’est l’abri sous roche des Marseilles dont une partie de la stratigraphie est encore en place sous des blocs de calcaire effondrés. C’est en grande partie l’écroulement de la casquette de l’abri sous roche qui a permis la conservation archéologique.
Des premières fouilles pas encore très scientifiques
Le site de Laugerie basse fait partie des premiers sites fouillés dans le Périgord. A cette époque, les fouilles pouvaient être de simple trous, des tranchées ou mêmes des galeries creusées dans une couche archéologique ! Les chercheurs sont généralement des amateurs ou des collectionneurs dont le but premier est de trouver de « beaux objets ».
C’est en 1863 qu’Edouard Lartet (paléontologue) et son ami Henry Christy (industriel anglais) viennent aux Eyzies pour visiter la grotte Richard. Profitant des découvertes archéologiques de la région, ces premiers amateurs de préhistoire vont remarquer plus particulièrement l’abri de Laugerie-Basse pour la richesse des premiers vestiges préhistoriques.
De 1863 à 1865, le collectionneur Paul de Vibraye s’intéresse également à l’abri avec le botaniste Adrien Franchet. C’est le marquis qui va découvrir la fameuse « Vénus impudique« , figurine féminine très différente de la majorité des vénus préhistoriques.
Les découvertes s’enchaînent et, en 1865, Elie Massénat (un industriel) met à jour un squelette humain dénommé « l’homme écrasé« . A droite Photo des fouilles par Massenat.
De 1907 à 1909, l’antiquaire Otto Hauser (industriel lui aussi) fouille les deux abris de manière plutôt brutale, dégageant des tranchées en utilisant parfois des explosifs. Il utilisera cette méthode sur d’autres gisements dans la région. Une partie de ses découvertes était vendue à des musées du monde entier qui achetaient aini un « bout de préhistoire » !
Des fouilles intelligentes
Il faut attendre 1912 pour que l’abri soit fouillé de manière plus scientifique. C’est Denis Peyrony et Jean Maury qui vont, les premiers, entreprendre une étude stratigraphique du site (en plan horizontal). Ils vont ainsi délimiter, sur les parties restées vierges, une zone de fouilles et dégager, strate par strate, de haut en bas, les restes archéologiques.
Ce sont les écrits laissés par les deux préhistoriens qui vont permettre une étude précise des multiples occupations aux diverses époques.
En 1927, le propriétaire du gisement, Joseph Achille Le Bel fit arrêter les fouilles afin de préserver ce qui restait de la stratigraphie pour des recherches futures avec d’autres méthodes.
Le site est classé Monument historique depuis 1940 et au Patrimoine Mondial de l’Humanité (Unesco) depuis 1979.
Visite de Laugerie-Basse en images
L’abri classique est aujourd’hui comblé par des habitations qui épousent le contour de la falaise. En revanche, l’abri des Marseilles présente, lui, une très belle stratigraphie de plusieurs mètres de haut qui permet de comprendre son histoire, ou plutôt sa préhistoire. Avec la tablette de visite vous pouvez découvrir les principales découvertes de l’abri de Laugerie Basse.
A droite Zoom stratigraphie – Laugerie-Basse – Photo Kroko pour Hominides.com
Les découvertes réalisées à Laugerie-Basse
La vraie particularité de Laugerie-Basse c’est que, en plus des très nombreux outils (en os ou bois de renne) et silex en pierre taillée, le site a délivré de nombreux objets ornés, gravés, sculptés. On a ainsi exhumé de véritables miniatures mais également des outils décorés de motifs géométriques. C’est un véritable trésor de plus de 500 artefacts magdaléniens qui a été
mis à jour sur le célèbre gisement : pointes, flèches, harpons, aiguilles, poinçons, coquilles, bâtons percés…
L’abri des Marseilles, une stratigraphie exceptionnelle sur plus de 15 000 ans !
Zoom sur la stratigraphie
Des occupations multiples…
Les premières traces des occupants des abris de Laugerie-Basse sont datées entre 14 000 et 15 000 ans BP (Before Present). Cette occupation des lieux va durer 5 000 ans, pendant tout le Magdalénien. Les sédiments et les restes de faune indiquent que le climat, sur la période, a d’abord été sec et froid, puis tempéré et humide, à nouveau sec et froid pour finir humide et encore plus froid à la fin du Magdalénien.
La stratigraphie de l’abri, une des plus riches de France avec celui de La Madeleine, a délivré de nombreux objets : statuettes, harpons, coquillages, poinçons, silex…
A la fin du Magdalénien, une grande partie de la voûte s’est effondrée. Des dalles de plus d’un mètre d’épaisseur ont ainsi recouvert les strates plus anciennes, protégeant ainsi les couches sous-jacentes.
C’est sur cette protection naturelle que se sont à nouveaux installés quelques chasseurs, laissant quelques harpons comme trace de leur passage.
Au Néolithique et à l’Age de bronze, l’abri va de nouveau accueillir des hommes préhistoriques.
A gauche : une partie des couches archéologiques comme vous pourrez les admirer lors de votre visite.
La Faune
Si le renne occupe, à son corps défendant, la première place dans les restes de faune de Laugerie-Basse, il apparaît que les chasseurs magdaléniens savaient varier le menu avec des aurochs, des chevaux, des cervidés, des bouquetins et même des poissons (saumons, truites) et des oiseaux.
Les outils mis au jour à Laugerie-Basse
Industrie lithique classique composée de grattoirs, burins, perçoirs. Une industrie qui évolue mais sans changements majeurs.
Une industrie osseuse constituée de harpons à barbelure, aiguilles à chas, mais également de plus en plus d’objets fabriqués en os ou en bois de renne, comme des foënes et des propulseurs, des pointes de sagaies ou des bâtons percés. Le renne est un animal pourvoyeur de viandes et d’os bien sûr, mais également de graisse, de tendons, de peaux… C’est à lui seul une épicerie du Paléolithique : on y trouve tout !
Les multiples foyers de Laugerie-Basse
La stratigraphie de Laugerie-Basse dans l’abri des Marseilles présente encore de nombreuses traces de foyers. Ils sont facilement reconnaissables par la couleur plus sombre de fines couches noires dans la strate. De nombreux galets toujours enchâssés dans les couches stratigraphiques, provenant probablement de la Vézère toute proche, devaient servir à délimiter le foyer.
Un nombre impressionnant d’outils et d’objets retrouvés
L’abri classique ne contient plus d’éléments paléolithiques, alors qu’une partie de la stratigraphie est encore en place sous les blocs éboulés de l’abri des Marseilles. Les éléments retrouvés à Laugerie-Basse sont exposés en grande partie au Musée de Préhistoire des Eyzies-de-Tayac, au Musée d’Archéologie Nationale de St-Germain-en-Laye, au musée de l’Homme à Paris ainsi qu’au Musée d’art et d’archéologie de Périgueux. On peut également remarquer la queue de lion gravée sur une omoplate droite de renne ou un échassier gravé sur un bâton percé en bois de renne.
Musée de l’Homme Paris – Photo Kroko pour Hominides.com
La Vénus impudique
Première statuette humaine découverte en France par le marquis Paul de Vibraye, en 1864.
Les formes de la Vénus impudique (en ivoire de mammouth) sont très différentes de la majorité des Vénus du Paléolithique : ses hanches sont à peine marquées, la poitrine très peu développée, les cuisses filiformes… Il est très probable que la statuette devait avoir une tête, il semble en revanche qu’elle n’ait jamais eu de bras ! Pour les chercheurs, son physique atypique fait penser à une adolescente ou une jeune fille. C’est la netteté de son sexe (fente vulvaire exagérément mise en avant et sans réalité anatomique) qui lui a donné son nom de Vénus « impudique ».
A gauche : la vénus impudique
La femme au renne
C’est l’abbé Landesque qui a mis au jour la célèbre plaquette de La femme au renne lors de ses fouilles entre 1867 et 1868. Le dessin est incisé dans un morceau d’omoplate de bovidé. Il représente une femme enceinte (sauf la tête), couchée sous un renne (dont on aperçoit uniquement les pattes arrières et le ventre)… Si l’humain et l’animal sont liés dans cette scène, on n’en perçoit pas toutefois l’histoire ou la symbolique…
Rondelle
Découpée dans une omoplate, cette rondelle d’os est complète et présente des représentations de chamois gravées sur les deux face. Sur l’une, l’animal est debout sur ses pattes, et sur l’autre les pattes sont pliées. Le long du bord de la rondelle des chevrons sont gravées. Au milieu un trou est percé : pour le préhistorien Marc Azéma cela permettait de glisser un lien et de faire tourner rapidement la rondelle. Cette « animation » permet d’animer le chamois comme le faisait le thaumatrope, inventé au XIXème siècle !
Ours assis
Il s’agit d’un animal en ronde bosse réalisée dans du bois de renne. L’animal est sculpté en position assise. C’est probablement la forme originelle de l’os qui a donné au sculpteur l’idée de réaliser cette posture. Lors de sa découverte les scientifiques hésitaient entre une représentation d’ours et de félin. La posture assise de l’animal a finalement été un argument de point en faveur d’un ursidé car c’est une posture qu’il utilise de la même façon.
L’homme écrasé
Une sépulture du Magdalénien
Découvert en 1865 par E. Massenat dans l’abri classique de Laugerie-Basse : un squelette humain. L’homme semble avoir été écrasé par un bloc de pierre. Ce qui a fait penser, dans un premier temps, que l’homme était décédé dans un accident (voir texte de l’époque ci-après).
En se basant sur la position foetale du corps et sur les éléments de parures retrouvés (une vingtaine de coquillages), les scientifiques ont démontré que l’homme écrasé bénéficiait en fait d’une sépulture intentionnelle. Les rochers ont pu être placés ultérieurement.
Les restes fossiles ont été datés de 19 300 et 18 600 ans BP.
« …Les sauvages de l’âge du renne proprement dit se sont donc installés, à un moment donné, au bord de l’eau. Sous les grands abris de Laugerie, et c’est alors que des éboulements considérables se sont produits à des intervalles de temps à coup sûr fort longs. C’est au moins la conviction des personnes qui examinent la puissance des couches ossifères. Les sauvages ont, après chaque chute de rochers, repris possession du sol exhaussé; ils n’ont pas cherché à le niveler, et ils ont, au contraire, profité des intervalles des blocs pour y rallumer leurs feux. Une fois au moins, nous venons de le constater, un des leurs fut victime de l’éboulement.
E. MASSÉNAT, Ph. LALANDE et CARTAILHAC. Découverte d’un squelette humain de l’âge du renne à Laugerie-Basse (Dordogne);
L’abri de Laugerie-Basse en pratique…
Type | Techniques employées | Périodes | Occupation | Restes Humains |
Abris sous roche | Magdalénien Néolithique Age du bronze | Multiples et successives | un squelette complet – les ossements partiels de 3 individus. | |
Dimensions | Nombre de représentations | Outils / Artefacts | ||
site sur 300 mètres de long | Innombrable en art mobilier | Oui plus de 500 | ||
Localisation | Accessibilité | Date découverte | Particularités | |
A quelques kilomètres à la sortie des Eyzies-de-Tayac | Pour amateurs débutants. Pas d’accès handicapé. | En 1863, par Edouard Lartet et Henri Christy | Une stratigraphie nette sur 15 000 ans. |
Visite de Laugerie-Basse
Sur le site, seul l’abri des Marseilles est accessible. L’abri classique est désormais sous les maisons du hameau !
La stratigraphie est superbe et la visite dure approximativement 1 heure. Ce qui permet d’avoir une première approche des abris sous roche (explications accessibles à tout public).
Une salle de projection 3D présente, avant la visite proprement dite, un film sur le site et la formation des abris, ainsi que différents objets retrouvés.
Adresse :
24620 Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil Tél.: 05.53.06.92.70
Fax: 05.53.35.17.55
Horaires d’ouverture
- Du 06/04 au 05/07 : 10h -13 et de 14h – 18h
– Du 06/07 au 30/08 : 10h – 19h
– Du 31/08 au 03/11 : 10h – 13h 14h – 18h
– Du 04/11 au 05/01 : groupes sur demande*
* Fermé le lundi hors vacances scolaires et jours fériés
– Vacances scolaires et groupes 10h – 13h et 14h – 17h
Tarifs 2024
Adultes : 9,5 €
Adultes réduits : 8.50€
Enfant de moins de 13 ans : 6,3 euros
Moins de 5 ans : gratuit
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