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Grotte Richard – Grotte des Eyzies
La grotte Richard ou grotte des Eyzies
Vallée de la Beune
Les Eyzies
Périgord
Situation

La grotte Richard aux Eyzies est un véritable trou béant qui s’ouvre dans la ligne de falaises qui borde la rive droite de la Beune, au dessus du Pôle d’Interprétation de la Préhistoire… Depuis que la municipalité a décidé de nettoyer les falaises la cavité est de plus en plus visible !
Elle est située a environ 35 mètres au-dessus de la rive droite de la Beune, près de sa confluence avec la Vézère. La cavité apparait au pied de la ligne de falaises dominant les Eyzies. Le porche entrée mesure 9 mètres de large et 3,20 m de haut. Avec un forme ovoïde la caité propement dite mesure 15 mètres de large sur 11 mètres de profondeur. Cette grotte de petite taille a pourtant été l’une des premières grottes préhistoriques a être fouillée aux Eyzies.

Photo Kroko pour Hominides.com



La découverte de la grotte
L’entrée de la grotte étant visible du village et de la vallée de la Beune de la grotte était connue de tous dans le passé. Depuis le Moyen-age elle avait été utilisé par les hommes. Des restes de poterie carolingienne ont même été trouvés dans la cavité. La grotte a pris le nom de son propriétaire anglais au XIXe siècle : Richard.

Magdalénien supérieur, don Lartet et Christy
Musée d’Art et d’Archéologie du Périgord
« Agglomérat de matériaux divers : (ossements, silex, galets brûlés et charbons, fragments de calcaire détachés de la paroi rocheuse) accumulés sur les sites d’habitats préhistoriques, et cimentés par le carbonate de calcium véhiculé par les eaux d’infiltration. Ces vestiges sont à l’origine de la campagne de fouilles entreprise par le paléontologue Edouard Lartet et son ami Henry Christy dans la vallée de la Vézère en 1863, au cours de laquelle ils mettront au jour les premiers objets d’art mobilier de Dordogne, et la preuve indiscutable de la contemporanéité de l’homme et des espèces animales disparues (mammouth gravé sur ivoire de mammouth) à la Madeleine. »
Les études de la grotte


En 1862, J. Charvet,un antiquaire / minéralogiste parisien expose dans sa vitrine une brèche fossilifère, une concrétion composée de fragment de pierre et d’ossement cimentés entre-eux par des dépôts minéraux. C’est un habitant des Eyzies, Abel Laganne, qui lui vendu ce bloc de concrétions. Ce type d’objet était alors considéré comme une curiosité et vendu comme telle, sans valeur scientifique.
A Paris, Edouard Lartet se renseigne sur cet amas rocheux et apprend qu’il provient d’une située dans un petit village du Périgord, Les Eyzies-de-Tayac. Voulant en savoir plus, avec son ami Henry Christy les hommes vont venir aux Eyzies en 1863. Les fouilles dans la grotte Richard vont être le début d’une campagne de fouille multi-site dans la région sur les gisements de Laugerie-Basse et Laugerie-Haute ainsi qu’à Gorge-d’Enfer. Cette « belle histoire » de la découverte est peut-être moins romancée que cela… !
« Nous remarquâmes que le sol rocheux de la grotte était recouvert, à peu près en continuité , d’un plancher de brèche osseuse d’une épaisseur variant, comme nous avons pu le vérifier plus tard, de dix à vingt- cinq centimètres. On y distinguait, empâtés pêlemêle, des ossements fragmentés , des silex taillés de formes et de dimensions diverses, des cailloux arrondis ou anguleux et des plaques schistoïdes de roches pour la plupart différentes de celles que l’on trouve dans le vallon de la Beune et même dans le bassin de la Vezère. »
Cavernes du Périgord – Objets gravés et sculptés des temps préhistoriques – Lartet et Christy 1864
Après les premières fouilles, Lartet et son ami Henri Christy vont publier Reliquiae Aquitanicae.
A partir de 1866 la cavité va attirer plusieurs préhistoriens comme Philibert Lalande, Élie Massénat et l’abbé Landesque.
Dans les années 1900 l’abbé Breuil va également reprendre les fouilles et faire quelques découvertes dont une petite pièce d’art mobilier gravée d’une tête de cheval.
La cavité va être littéralement vidée et la majorité des artefacts et brèches découverts se sont retrouvés dans plusieurs musées français (St Germain-en-Laye, Périgueux…) ou à l’international (Canada, Etats-Unis, Monaco, Royaume-Uni, Suisse).

Les découvertes les plus importantes ont été faites dans la grotte des Eyzies et dans les dépôts qui se trouvent adossés à de grands escarpements de calcaires crétacés à Laugerie-Haute et à Laugerie-Basse.
MM. Lartet et Christy ont trouvé, au milieu d’un amalgame d’os fragmentés, de cendres et de débris de charbon, des silex taillés sur des plans divers, mais toujours dans des formes définies et souvent répétées, des outils et des armes travaillés en os et en bois de renne, des séries de plusieurs vertèbres de renne encore articulées, des os longs détachés et fendus dans un plan uniforme. Ils ont encore trouvé deux plaques de roche schistoïde sur lesquelles on a pu discerner des représentations partielles de tormes animales gravées en profil ; des ossements concassés d’animaux (cheval, bœuf, bouquetin, chamois, renne, oiseaux, poissons) ayant dû servir à l’alimentation; quelques restes très-rares de cerf commun, de sanglier et de lièvre; quelques dents isolées du cerf gigantesque d’Irlande (megaceros hibernicus), des lames détachées de molaires d’éléphants, une portion de défense d’éléphant portant, ainsi qu’un métacarpien du petit doigt d’un jeune félis de grande taille, des traces de travail humain; des têtes de lances taillées à petits éclats sur deux faces et à bords légèrement ondulés; des restes de bois de renne portant des traces de sciage; des ustensiles ornés de sculptures élégantes ; des
aiguilles en bois de renne finement apointies par un bout et percées à l’autre extrémité d’un trou ou chas destiné à recevoir un fil d’une nature quelconque ; des dents de divers animaux percées dans leur racine comme pour
faire des colliers; certaines premières phalanges d’herbivores ruminants (renne, chamois), percées de manière à devenir un sifflet ; des parties de bois de renne conservant des représentations de formes animales, les unes simplement gravées au trait sur la palmature ou expansion terminale des prolongements frontaux du renne, les autres sculptés soit en bas-relief, soit même en ronde-bosse sur des tiges ou portions du merrain du même animal préparées à cet effet; une vertèbre lombaire de renne, percée de part en part par une arme en silex qui est restée engagée dans l’os où elle est d’ailleurs retenue par une incrustation calcaire
Rapport sur une communication de MM. Lartet et Christy [article] par M. Alix
Société d’Anthropologie de Paris (1864)
La Grotte Richard, la première a être fouillée… la première à être dévalisée !
Lartet et Christy vont détacher une à une les plaques de brèches qui recouvrent le sol de la grotte. Ces fragments de brèche et les artefacts qu’ils contenaient vont être vendus à plusieurs musées aussi bien en France, en Europe qu’à travers le reste du monde (Monaco, Royaume-Uni Suisse, Espagne, République tchèque). A l’époque, les brèches sont une sorte d’instantané du passé et elles constituent une référence archéologique délivrant des ossements de faune de l’époque, des outils lithiques et osseux mais aussi des artefacts gravés d’animaux.
La préhistorienne Emeline Deneuve précise toutefois que la cavité avait été largement vidée avant 1850 par les habitants du village lors de l’exploitation des phosphates dans les grottes. Vidée de la couche de phosphate les habitants voyaient apparaitre des objets historiques et « antédiluviennes » (préhistoriques) qu’ils s’empressaient de revendre à des antiquaires et des minéralogistes…
Ce lieu, aujourd’hui, se révèle être l’un des sites majeurs du Magdalénien (Environ 17.000 à 14.000 ans avant le Présent) dans la vallée de la Vézère.

Photo Kroko pour Hominides.com

Photo Neekoo pour Hominides.com
Industrie lithique
Les fouilles de Lartet et Christy ont permis la mise au jour d’une abondante industrie lithique et osseuse : très nombreux burins, dont des becs-de-perroquet, mais aussi des grattoirs, des perçoirs, des lames tronquées, des lamelles à dos en abondance, des pointes à cran… mais aussi des harpons et des baguettes demi-rondes en os. Beaucoup de ces découvertes sont à l’étranger ou perdues.
« Les silex taillés s’y sont trouvés en nombre très-considérable, particulièrement les nuclei ou blocs- matrices d’où l’on détachait , sans doute par percussion, les éclats façonnés à diverses intentions . Parmi ceux-ci , le type dit couteau, y est très- commun et aussi le mieux travaillé ; il y a une forme particulière à laquelle conviendrait peut-être mieux cette appellation et que l’on voit représentée dans la planche I , figure 11. »
Cavernes du Périgord – Objets gravés et sculptés des temps préhistoriques – Lartet et Christy – 1864

Cavernes du Périgord – Objets gravés et sculptés des temps préhistoriques – Lartet et Christy – 1864

Cavernes du Périgord – Objets gravés et sculptés des temps préhistoriques – Lartet et Christy – 1864
… des pieces préhistoriques gravées
Au total de sont plus de 70 artefacts d’art mobilier qui ont été trouvés à la grotte Richard. Ils sont datés de la fin du Magdalénien.





La grotte des Eyzies, ou grotte Richard, et son rôle dans l’histoire de la préhistoire
Des restes de foyers
« Sur quelques points on pouvait reconnaître, à la quantité de cendres et de débris de charbon que renfermait la brèche, l’emplacement d’anciens foyers«
« Dans la grotte des Eyzies où le charbon et les galets brûlés sont encore plus abondants qu’ailleurs,
l’absence de toute épaisseur de terre entre les niveaux d’os et le sol rocheux interdit de penser que ces
hommes des cavernes cuisaient à la manière si longtemps pratiquée par certaines tribus d’Amérique du
Nord et encore utilisée dans notre propre pays par les gitans, qui consiste à enterrer dans le sol l’animal entouré d’argile puis à allumer un feu au-dessus… » RELIQUIÆ AQUITANICÆ Lartet/Christy
C.R.
Sources :
– La Préhistoire Louis Capitan 1931
– Les bouquetins de la grotte Richard (Dordogne, France) Emeline Deneuve
– La grotte des Eyzies, ou grotte Richard,et son rôle dans l’histoire de la préhistoire Emeline Deneuve, Elena Man-Estier
– Cavernes du Périgord – Objets gravés et sculptés des temps préhistoriques – Lartet et Christy – 1864
– Conférence La grotte Richard et la découverte de la Préhistoire en Vallée Vézère. A voir
La Grotte Richard en bref…
Type | Techniques employées | Périodes | Occupation | Restes Humains |
Cavité | – | Solutréen Magdalénien Azilien | Non | |
Dimensions | Nombre de représentations | Outils / Artefacts | ||
Une cavité de 11 mètres de profondeur sur 15 mètre de large | – | Oui | ||
Localisation | Accessibilité | Date découverte | Particularités | |
Les Eyzies | Pour tous | Toujours connu | Une grotte est maintenant vidée de tout contenu. |
Visite de la grotte Richard
La cavité a été totalement vidée… voir nettoyée !
La vue est sympathique mais maintenant la grotte n’est que minérale.
L’accès à la grotte se fait par des terrains privés : il faut donc demander une autorisation pour les traverser.
Adresse
Falaise des Eyzies au dessus du Pole d’Interprétation de Préhistoire
En savoir plus sur la préhistoire en Périgord














