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La grotte de Niaux
La grotte de Niaux
Il y a 14 000 ans, en Ariège, les magdaléniens ont réalisé dans la grotte de Niaux des peintures pariétales qui sont encore visibles aujourd’hui.
Ariège
Pyrénées
Situation
La Grotte de Niaux est l’une des nombreuses cavités qui trouent le Cap de la Lesse, autour de la vallée du Vicdessos, en Ariège. Du village de Niaux la cavité située à une centaine de mètres au-dessus de la vallée ne paraît pas aussi grande qu’elle en a l’air. En s’approchant on découvre pourtant un porche gigantesque (55 mètres de haut et 50 de large) dans lequel des bâtiments ont été construits, où même des voitures peuvent se garer ! (pas très poétique, mais pratique…).
Contrairement à la Grotte de la Vache, qui se trouve sur le versant opposé, la Grotte de Niaux n’a pas été utilisée comme lieu de campement préhistorique. On la désigne plus souvent comme une sorte de sanctuaire où les hommes ne venaient que pour voir ou réaliser les peintures.
A droite, la Grotte de Niaux perçant le Cap de la Lesse (Photo copyrignt Hominides.com – Non libre de droit).
La découverte de la grotte de Niaux et l’étude de ses peintures
Sa taille et sa proximité avec les habitations ont amené les habitants de la région à toujours en connaître l’existence. On retrouve sur les parois de nombreux « graffitis » historiques de voyageurs ayant voulu laisser une trace de leur passage… Le plus ancien est daté de 1602… Un autre indique «La grotte a été ravagée en 1820» faisant référence aux indélicats qui avaient prélevé des stalactites et des stalagmites en les sciant tout simplement !
Ce n’est qu’en 1866 que le préhistorien Félix Garrigou, explorant la grotte, note l’existence de représentations pariétales : «Une grande salle ronde portant de drôles de dessins. Qu’est-ce que c’est que cela ? Amateurs artistes ayant dessiné des animaux. Pourquoi cela ? Déjà vu avant.» Cette remarque ne donnera aucune suite…
En 1906 le préhistorien Emile Cartailhac (photo de droite) raconte ainsi les circonstances de la découverte : « Le 24 septembre dernier, j’étais informé par mon vieil ami M. le Dr Garrigou que son voisin de campagne, M. le commandant Malard, avait aperçu quelques dessins d’animaux au fond d’une grotte très vaste de la commune de Niaux. Ces Messieurs m’engageaient à vérifier la valeur du fait et je me rendis aussitôt à leur appel. Le 28, guidé fort aimablement par M. Malard et ses fils, je pénétrai dans la caverne. »
Avec l’abbé Breuil, Emile Cartailhac étudiera les dessins et publiera ses résultats en 1908 dans la revue L’anthropologie.
La grotte est classée monument historique le 13 juillet 1911.
En 1970 de nouvelles galeries sont découvertes et explorées : elles forment le réseau Clastres. Celles-ci ont été protégées des visiteurs pendant plusieurs siècles car elles n’étaient accessibles qu’après la traversées de quatre lacs souterrains successifs. On peut y découvrir notamment une peinture de belette, unique dans son genre.
Par la suite d’autres travaux ont été publiés sur la grotte de Niaux, comme l’ouvrage de A. Beltran, R. Robert, et R Galli en 1973. Par la suite, le préhistorien Jean Clottes (nommé directeur des antiquités préhistoriques pour la région Midi-Pyrénées) publiera plusieurs ouvrages, dont le superbe Les cavernes de Niaux en 2010.
Disposition de la grotte de Niaux
La grotte de Niaux est constituée d’un réseau de plusieurs kilomètres de galeries, aux dimensions toutes différentes : du simple boyau (réseau Clastres) à la taille d’une cathédrale (comme le Salon noir).
La partie « visitable » est relativement facile d’accès et convient à presque tous les visiteurs : il suffit de marcher 700 mètres sur un sol accidenté et non nivelé pour parvenir au plus célèbre panneau de Niaux, le Salon Noir.
Le réseau Clastres, non ouvert au public, est quant à lui situé à deux kilomètres de l’entrée et reste beaucoup moins facile d’accès : inondations partielles, plafond obligeant à ramper, descente dans des boyaux…
A noter, aux temps préhistorique, les magdaléniens n’utilisaient pas le gigantesque porche actuel comme entrée mais une ouverture beaucoup plus modeste (1,6 mètres de haut !) qui se trouve à 150 mètres de là.
Visite de la grotte de la Grotte de Niaux
La grotte de Niaux recèle plus de100 figures et représentations. On y distingue au moins 29 chevaux, 52 bisons, 3 bovidés, 15 caprinés, 2 cervidés, 2 poissons, 2 anthropomorphes, et de nombreux signes et ponctuations. Si la majorité des représentations animales se trouve dans le Salon noir, les signes sont positionnés dans les galeries et les carrefours importants.
Les premiers signes
Sur la paroi, à quelques minutes de l’entrée, des premiers signes apparaissent. Des points, des traits et des claviformes sont tracés (probablement avec les doigts) en utilisant deux couleurs : le rouge et le noir. L’analyse chimique des signes révèle l’utilisation de manganèse et de charbon de bois (d’un résineux) mélangés à un liant, comme de l’huile.
Ci-dessous, une paroi ornée nommée « Panneaux indicateurs » par le préhistorien Henri Breuil qui y voyait des signes servant de repères aux « courageux explorateurs de l’âge du Renne.
Cette paroi de 1,20 m de haut et 0,65 m de large dont vous voyez la partie centrale, comporte des signes noirs mêlés aux rouges… La signification de ces signes n’a pas été trouvée…
Le Salon noir
Cette très vaste cavité, dont les dimensions et la forme évoquent une cathédrale, présente également des qualités sonores exceptionnelles. Le moindre murmure ou bruit est répété sous forme d’écho. C’est peut-être l’une des raisons à l’origine du choix des magdaléniens pour y réaliser leurs peintures.
Le Salon Noir représente plus de 80% des animaux figurés dans la Grotte de Niaux. Toutes les représentations montrent des animaux de profil, réalisés de plusieurs traits noirs, avec un soucis du détail surprenant…
Pour le préhistorien Romain Pigeaud « C »est l’époque du « grand art naturaliste » : les artistes cherchent à reproduire la nature de la manière la plus réaliste possible, comme à Niaux ou aux Trois-Frères (Ariège)« .
Il faut imaginer que les « artistes du passé » venaient jusqu’au fond de cette grotte, probablement munis de lampes à graisse ou de torches résineuses, en ayant simplement mémorisé un animal pour le reproduire.
Les gravures au sol
Cette technique d’art préhistorique est extrêmement rare, soit parce que nos ancêtres ne trouvaient pas les supports adéquats, soit parce que la majeure partie des gravures a été effacée avec le temps, ou par maladresse. En effet, certaines gravures au sol décrites dans le passé ont aujourd’hui disparu… On peut même supposer que les premiers chercheurs qui ne s’attendaient pas à trouver des œuvres sur le sol ont tout simplement marché dessus !
Il reste toutefois quelques exemplaires dont vous pourrez admirer les reconstitutions. Les originales sont trop fragiles pour risquer le moindre contact accidentel.
L’exposition à l’entrée de la grotte de Niaux
A l’entrée de la Grotte de Niaux se trouve une exposition permanente sur l’art pariétal, la découverte de la grotte, les recherches effectuées, mais aussi sur le réseau Clastres qui ne se visite pas. Les panneaux explicatifs se trouvent en extérieur mais restent protégés par la structure gigantesque créée par le sculpteur Massimiliano Fuksas en 1994.
C.R.
Sources :
Les cavernes de Niaux, Jean Clottes
La Grotte de Niaux, Collectif – Sesta
Les peintures et gravures pariétales de la caverne de Niaux (Ariège), abbé H. Breuil.
Hominides.com remercie la Sesta et le Parc de Préhistoire de Tarascon-sur-Ariège pour l’accueil et les documents qui ont permis la réalisation de cette page.
Les photos de l’intérieur de la grotte de Niaux ne sont pas libres de droit : Photo copyrignt SESTA – E. Demoulin.
Cette page fait partie du dossier Préhistoire de Pyrénées
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La Grotte de Niaux en bref…
Type | Techniques employées | Périodes | Occupation | Restes Humains |
Grotte ornée avec plancher stalagmitique | Peintures pariétales Gravures sur sol | Magdalénien | entre – 13 000 ans et – 15 000 ans | Non |
Dimensions | Nombre de représentations | Outils / Artefacts | ||
2 km de longueur | Une centaine de peintures et moulages/gravures | Au pied de la paroi illustrée du Salon Noir, quelques silex travaillés, un petit grattoir, un morceau d’ocre… | ||
Localisation | Accessibilité | Date découverte | Particularités | |
Niaux | Pour tous. Le sol accidenté interdit toutefois l’accès aux personnes à mobilité réduite. | 1906 | Aucune trace d’une occupation préhistorique continue, ni dans les galeries, ni à l’entrée de la grotte. |
Visite de la grotte de Niaux
Pour visiter la grotte de Niaux, il est impératif de réserver directement en ligne, le nombre de visiteurs étant limité pour une question de conservation.
Conservation de la grotte : un protocole a été établi dans les années 80 pour limiter les conséquences de la présence humaine dans la grotte. Les groupes sont limités à 25 personnes et doivent respecter un certain intervalle de temps entre eux (de 3 à 10 visites maximum par jour). Température de 12°C toute l’année : prévoir des vêtements adaptés.
Différents créneaux de visite sont possibles, plus d’informations sur la billetterie en ligne.
Durée de la visite des grottes : environ 100 minutes.
Adresse
Grotte de Niaux
09400 Niaux
Moyen de contact
Téléphone : +33 5 61 05 10 10
Visitez le site web
Horaires Niaux :
Ouvert tous les jours et en continu :
– Janvier : du 2 au 9 janvier et tous les week-ends.
– De février à décembre : tous les jours sur réservation.
Fermé : les 01/01, 07/02, 14-21-28/03, 25/12 et les lundis et mardis de novembre et décembre, hors vacances scolaires.
Tarifs 2022
Adulte : 14 €
Enfant (- de 17 ans) : 10 €
Etudiant (- de 26 ans) : 11 €
Pass famille (2 adultes + 2 enfants) : 42 €
En savoir plus sur la préhistoire en Ariège et Pyrénées
Emma Baus, Amélie Vialet
Robert Bégouën, Jean Clottes, Valérie Feruglio, Andreas Pastoors