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Arcy-sur-Cure
Grotte ornée d’Arcy-sur-Cure et nombreuses cavités
Une occupation humaine sur plus de 300 000 ans…
…du Moustérien au Néolithique en passant par l’Aurignacien et le Magdalénien
Arcy-sur-Cure – Yonne – Bourgogne
Arcy-sur-Cure est située en pleine Bourgogne, à une vingtaine de kilomètres du Vézelay. L’ensemble des 14 grottes et abris sous-roches d’Arcy-sur-Cure est constitué d’un réseau karstique de belle taille, creusé dans un massif calcaire du Mésozoïque par la Cure (affluent de l’Yonne). Deux de ces grottes ont la particularité de présenter de l’art pariétal, actuellement unique dans la région de Bourgogne.
Cette situation un peu exceptionnelle, à l’écart des régions habituelles (Périgord, Pyrénées…) ainsi que les découvertes d’art mobilier identifiées comme néandertaliennes font d’Arcy-sur-Cure un lieu atypique mais passionnant.
Par ailleurs, les datations d’art pariétal positionnent Arcy-sur-Cure (-28 000 ans) comme l’une des plus anciennes grottes ornées en France, juste derriere la grotte Chauvet (-35 000 ans) et bien avant Cosquer (-27 000 ans) et Lascaux (-18 000 ans).
C’est donc l’une des très rares grottes ornées qui peut encore se visiter partiellement… Seule la Grande Grotte est ouverte au public.
Historique des fouilles
Les premières fouilles d’Arcy-sur-Cure ont débuté en 1860 par le Marquis de Vibraye. Il met notamment à jour une mandibule attribuée à un Néandertalien. Ces fouilles n’ont pas laissé de traces ni de documentation vraiment exploitables. Par la suite, des chercheurs, ou plutôt des pilleurs, ont véritablement nettoyé tout ce qui pouvait être transporté rapidement… !
L’abbé Parat (Alexandre) reprend les fouilles dans la grotte des Fées, la grotte du Trilobite et la grotte de l’Ours, il fournit des descriptions assez précises pour l’époque. Il peut identifier une stratigraphie très riche qui comprend des niveaux moustériens, aurignaciens, chatelperonniens, gravettiens, magdaléniens et finalement néolithiques… une vraie page d’histoire sur un seul site !
L’abbé Breuil se servit de ces travaux pour écrire une remarquable étude sur le sujet.
En 1946 les fouilles reprennent sous la direction d’André Leroi-Gourhan. C’est à ce moment qu’on découvre des gravures magdaléniennes sur les parois dans la grotte du Cheval.
En 1976, la grande grotte d’Arcy-sur-Cure ne présente plus d’intérêt pour les chercheurs car elle semble vierge de tout nouveau vestige préhistorique. Pour augmenter son intérêt touristique il est décidé de décaper cette cavité afin d’enlever toutes les traces de suie et de saletés issues des nombreuses visites organisées depuis la fin du 19ème siècle. La grotte est donc nettoyée entièrement avec de l’eau chlorée sous pression…
En 1990, le préhistorien Pierre Guilloré, découvre au fond de la grande grotte d’Arcy la représentation d’un bouquetin qui a en fait été mis à jour grâce au décapage de la grotte. Il avait toutefois été préservé du nettoyage car il était recouvert d’une couche de calcite.
Dominique Baffier et Michel Girard (Centre de recherches archéologiques et Laboratoire associé 275 du CNRS) reprennent alors l’étude systématique de toute la Grande Grotte en photographiant en infrarouge et ultraviolets les parties qui semblaient vierges… Cette technique permet de faire « apparaître » les représentations protégées sous la calcite.
L’étude des autres parois permet de retrouver les traces de plus de 180 oeuvres préhistoriques, dont plus de 80% ont été perdues suite au nettoyage de la grotte.
Pour certaines peintures les chercheurs s’attaquent également à la calcite en enlevant les couches superficielles les plus récentes, tout en laissant en place les couches les plus anciennes. Cela permet de mieux percevoir la peinture, tout en lui gardant une couche protectrice.
Visite de la grande grotte à Arcy-sur-Cure
La visite de la grande grotte d’Arcy-sur-Cure commence par une série de marches qui s’enfoncent dans les profondeurs…En bas de l’escalier, vous parvenez à un panneau lumineux . C’est ici que votre guide va vous expliquer l’histoire de la grotte, des fouilles, et les méthodes utilisées par l’homme préhistorique pour peindre sur les parois. Les présentations étant faites, vous allez maintenant visiter cette grotte aux dimensions tres correctes puisqu’elle mesure 500 mètres de long et qu’elle comporte plusieurs galeries.
Tout au long de la visite vous allez admirer des concrétions naturelles situées dans des salles aux noms évoquateurs de coquille Saint-Jacques, les Draperies, La Vierge… mais aussi à certains endroits, des traces des hommes qui ont peint les parois de la grotte il y a 28 000 ans.
Les recherches continuent leur travail sur le site pour faire réapparaître des peintures encore recouvertes de calcite. Vous ne pourrez voir qu’une partie des représentations, c’est-à-dire celles qui sont accessibles facilement sans se coucher ou avoir à ramper !
Une visite plus complète, dite « archéologique » est organisée sur certains créneaux horaires, elle nécessite de s’équiper chaudement et surtout avec des vêtements qui ne craignent rien : la grotte est fraîche et humide et vous devrez souvent vous allonger au sol… Visite uniquement sur réservation.
Important. D’une manière générale il faut bien se rappeler que les traces humaines laissées dans la grotte sont fragiles. Il est tout à fait interdit de toucher, frotter ou seulement passer la main sur les parois (même si vous croyez qu’il n’y a « rien »…)
L’une des mains négatives à Arcy-sur-Cure
Les mains négatives qu’on trouve dans les grottes ornées sont réalisées en soufflant du colorant humidifié sur le pourtour de la main plaquée sur la paroi.
Cette technique a été expérimentée par le préhistorien Michel Lorblanchet (Les grottes ornées de la préhistoire, nouveaux regards – éditions Errances).
Par sa position sur la paroi et sa taille, les chercheurs ont déterminé que c’est une main d’enfant qui a été projetée d’oxyde de fer.
Arcy-sur-Cure, une technique unique pour faire disparaître la calcite…
Les recherches continuent dans la grande grotte et en particulier dans la salle des vagues. La majorité des représentations est encore recouverte d’une épaisse couche de calcite.
Les scientifiques travaillent sur une représentation en effectuant une abrasion très progressive de la calcite. A l’aide d’une mini fraise ils retirent les couches une à une en prenant soin de laisser la dernière qui va faire office de couche protectrice pour les pigments.
Après ce travail très minutieux, la représentation apparaît, comme le mammouth ci-dessous.
Sur la photo agrandie au niveau de la tête de l’animal on peut voir la limite de la calcite blanche qui a été retirée.
Quelles figures ?
Un bestiaire impressionnant. Même si le mammouth est surreprésenté, les représentations d’autres animaux sont nombreuses : rhinocéros, mégacéros, cervidé, ours, bouquetin, félin, oiseau, cheval, bison acéphale, poisson.
L’homme est présent avec quelques mains négatives et une main positive rouge. Une figure féminine apparaît également sur la paroi se dessinant à partir des infractuosités de la roche.
Nombreux signes.
La matière utilisée pour les peintures
Il y a deux couleurs principales utilisées dans les peintures de la grotte d’Arcy-sur-Cure : le noir a été obtenu à partir de charbon de bois, le rouge est tout simplement de l’oxyde de fer (ocre).
Datation au Carbone 14
Les peintures d’Arcy-sur-Cure ont été réalisées il y a – 27 000 ans sur les restes de foyers découverts dans la grotte. Plus exactement, des escarbilles et fragments d’os brûlés ont été analysés au tandétron par le CNRS-CEA. Les premiers sont datés entre – 28 250 et -27 630 ans, les deuxièmes entre – 26 700 ans et -26 100 ans. C’est approximativement la datation obtenue dans les grottes de Gargas (Pyrénées).
Sources :
Les cavernes d’Arcy-sur-Cure, Dominique Baffier et Michel Girard.
La grande grotte d’Arcy-sur-Cure, de Dominique Baffier et Michel Girard – Les Dossiers d’Archéologie n°324.
L’art des cavernes, Jean Clottes.
L’art des cavernes, Leroy-Gourhan.
La grotte du renne – Francesco d’Errico.
Les niveaux du Paléolithique supérieur à la grotte du Bison (Arcy-sur-Cure, Yonne) : couches A à D.
Visite de Arcy-sur-Cure
Profitez de votre visite à la grande grotte d’Arcy-sur-Cure pour suivre le cours de la Cure sur quelques centaines de mètres, et voir ainsi les entrées des autres grottes (non visitables).
La grande grotte d’Arcy-sur-Cure est la seule grotte ornée du réseau qui se visite.
Adresse
RN 6
89270 ARCY-SUR-CURE
Les horaires de visite
Visites organisées du 1er avril au 30 juin : tous les jours, de 10 à 12h et de 14 à 17h.
Visites organisées en juillet et août : tous les jours, de 10 à 12h30 et de 1h3 à 17h30.
En dehors de ces créneaux des visites peuvent être organisées toute l’année, sur réservation, à partir de 15 personnes.
Tarifs
Tarif adulte : 8,00 €
Tarif étudiant : 6,50 €
Tarif enfant : 5,00 €
Tarif groupe enfant et adulte (à partir de 20 pers) 7,00 €.
Contacts
Tél : 03 86 81 90 63
Site internet
La grotte d’Arcy-sur-Cure en pratique
Type | Techniques employées | Période artistique | Occupation | Restes Humains |
Grotte dont le porche d’entrée a servi d’abri-sous-roche. | Peintures, mains négatives | – 27 000 ans | – 10 000 ans | Oui |
Dimensions | Nombre de représentations | Outils / Artefacts | ||
Grande grotte : 500 mètres de longueur | 180 dans la grande grotte | Oui | ||
Localisation | Accessibilité | Date découverte | Particularités | |
Commune d’Arcy-sur-Cure – Bourgogne | Pour tous | Une cavité connue depuis toujours… | L’une des deux grottes ornées au nord de la Loire, avec les grottes de Saulges. |