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Sima de los Huesos, on recherche toujours le meurtrier…
Il y 430 000 ans, un hominidé a été mortellement frappé au visage à deux reprises… Une rixe, une guerre entre clans, un meurtre ?
Les blessures identifiées sur un squelette de 430 000 ans, trouvé à la Sima de los Huesos, sont probablement les premières preuves de violence entre hominidés. L’étude, dirigée par le paléontologue Juan Luis Arsuaga (Université Complutense à Madrid), a été publiée le jorunal Plos One.
Les squelettes de la Sima de los Huesos
Le gisement de la Sima de los Huesos est situé dans une cavité du plateau d’Atapuerca, au nord de l’Espagne. Entre – 600 000 et -300 000 ans, cette région a été parcourue par une espèce fossile d’hominidé. Selon les études, les hommes de la Sima de los Huesos appartiennent à la lignée des Néandertaliens, et partagent un ancêtre commun avec l’homme de Denisova (Sibérie).
Le site fait l’objet de fouilles permanentes depuis sa découverte en 1984. Après plus de trente années de recherches, les scientifiques ont découvert 7 000 restes humains fossilisés correspondant à 28 individus.
Certains des squelettes retrouvés sont extrêmement bien conservés et très complets. C’est donc une véritable mine d’informations pour des anthropologues habitués à ne trouver que quelques morceaux d’os pour identifier une espèce !
Un crâne très complet
Parmi tous ces fossiles, un crâne nommé Cranium 17 (Cr-17) a été reconstitué à partir de 52 morceaux d’os. Ce puzzle permet de retrouver la face presque complète de cet hominidé. Les ossements appartiennent à un jeune adulte et montrent deux lésions perforantes sur l’os frontal.
Sous le microscope, et en utilisant la tomodensitométrie, les scientifiques se sont intéressés aux blessures de presque deux centimètres de large. Ce type de méthodologie est analogue à celui utilisé en médecine légale par les services de police spécialisés !
Des blessures, preuve d’une agression
Ces techniques d’investigations ont permis de déterminer le type d’objet utilisé et la trajectoire du projectile. Les deux fractures, très similaires, ont probablement été produites par deux impacts distincts, mais avec le même objet.
Pour Nohemi Sala (Université Complutense) «En nous basant sur la ressemblance des deux blessures, nous pouvons déterminer qu’elles sont le résultat de l’attaque, à deux reprises, avec la même « arme », par un agresseur situé en face de la victime. La spécialiste, s’aventurant un peu plus sur le terrain de la projective, déclare que l’objet aurait pu être une sagaie en bois, une pointe de lance en pierre, ou un biface.
Les fractures sont nettes et ne présentent pas les traces d’un début de cicatrisation. La victime est donc décédée très rapidement après avoir reçu les coups. Pour le principal auteur de l’étude Juan Luis Arsuaga « nous sommes donc devant le résultat d’une agression entre hominidés« , ce qui constitue, à ses yeux, « le plus ancien cas de meurtre non élucidé dans l’histoire humaine ».
La préhistorienne Marylène Patou-Mathis (Muséum national d’Histoire naturelle) déclare au jorunal Le Monde : «Il faut cependant faire attention avec le mot meurtre, c’est peut-être une querelle interpersonnelle qui a mal tourné»…
Même si les traces d’agression sont avérées, il vrai que la notion de meurtre est peut-être exagérée… Et seul l’agresseur pourrait le dire… mais il est mort aussi il y a 430 000 ans…
Encore un « cold case » qui ne sera jamais vraiment élucidé…
C.R.
Sources
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