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Une histoire d’évolution
Une histoire d’évolution Pascal Tassy Sans paléontologie, pas d’évolution ; sans évolution, pas de paléontologie !
Présentation par l’éditeur :
De l’aube néandertalienne à l’époque contemporaine, Pascal Tassy nous narre l’émergence de la paléontologie, son histoire ainsi que son lien inextricable avec les développements de la théorie de l’évolution.
Conteur vif et plein d’esprit, l’auteur nous invite à grimper sur les épaules des plus grands paléontologues et évolutionnistes pour brosser un vaste panorama. Nous découvrons comment, fossile après fossile, la paléontologie s’est constituée en science – se départant des mythes comme des vues finalistes et théologiques, se convertissant à la théorie de l’évolution et retravaillant, d’arbres généalogiques en rameaux phylogénétiques, ses concepts fondateurs –, qui en a été responsable et dans quel contexte.
Aussi bien ancré dans une perspective historique qu’épistémologique, ce livre évoque, au fil des filiations, bifurcations et contradictions entre ses penseurs, la cristallisation de la théorie de l’évolution et l’histoire de la paléontologie comme science de l’évolution ; il retrace également les différents moments de la pensée et les différentes révolutions qui mènent une science à s’affirmer comme telle.
Le pommier
144 pages
11 x 18 cm
Hominides.com
Un livre d’histoire, sur le concept même d’évolution. Bien avant notre ère, des hommes, philosophes, des « naturalistes » se sont posés des questions sur ce qu’ils voyaient autour d’eux. A qui sont les ossements que l’on retrouve dans des anciennes couches de la terre ? Les coquillages qui sont sur les montagnes sont arrivé là de quelle manière ?
Les idées de transformation, de disparition, d’évolution sont au centre de la pensée humaine depuis plus que 2 000 ans. Non ce ne sont pas Lamarck et Darwin qui sont les premiers à penser à l’évolution !
Pascal Tassy nous narre cette histoire de l’évolution de manière claire et accessible à tous.
C.R.
« Qu’était l’éléphant dans son origine ?
Peut-être l’animal énorme tel qu’il nous paraît, peut-être un atome, car tous les deux sont également possibles ; ils ne supposent que le mouvement et les propriétés diverses de la matière. »
Diderot, Le Rêve de d’Alembert
L’auteur, Une histoire d’évolution
Pascal Tassy, professeur émérite du Muséum national d’Histoire naturelle, est paléontologue et membre fondateur de la Société française de systématique.
Sommaire de Une histoire d’évolution
Avant propos
Chapitre I
Des néandertaliens à l’estimable Robet Hooke
Chapitre II
Les espèces perdues
Chapitre III
L’idée d’évolution
Chapitre IV
La transformation des êtres
Chapitre V
Le XXème siècle : la paléontologie et le néodarwinisme
Le futur en matière d’épilogue
Pour en savoir plus
Un extrait Une histoire d’évolution
Les fossiles : des êtres naturels ?
L’interprétation des fossiles comme des restes organiques sans autres propriétés que celles des êtres organiques a coexisté de longue date avec une vision plus poétique tirant l’objet vers la magie.
En parallèle à la recherche d’explications naturelles, une autre tradition de la pensée occidentale s’est ainsi instaurée, attribuant l’existence des fossiles à des forces magiques. La Terre elle-même aurait été pourvue de propriétés particulières: au IVème siècle avant J.-C., selon Théophraste (371-288 av. J.-C.) – élève d’Aristote-, elle était douée d’une capacité plastique de modelage des formes. La Terre construit ainsi ces formes qui ressemblent à des coquilles, à des œufs, à des cornes, mais qui n’en sont pas. C’est ce qu’on a appelé par ailleurs des « jeux de la nature ». L’affirmation est répétée au r°’ siècle par Pline l’Ancien. Ce dernier est aussi l’inventeur du terme « glossopètre » (langue-de-pierre), pierre qui, dit-on, ne naît pas de la terre mais qui tombe du ciel pendant les éclipses de lune (« nous n’en croyons rien », précise toutefois Pline). Le terme est souvent repris ultérieurement pour dénommer les fossiles en général. (Ce n’est que bien plus tard que ces « glossopètres » ont été identifiés comme étant des dents de requins fossilisées.)
Cependant, dès le VIe siècle avant J.-C., Xénophane (vers 570-475 av. J.-C.) observe la présence de coquilles marines sur les montagnes grecques. Mais, selon le poète Ovide, la première explication «simple» et de bon sens est due à Pythagore (vers 580-495 av. J.-C.) qui affirme que, jadis, les montagnes étaient recouvertes par la mer. Une idée que reprend Hérodote (484-420 av. J.-C.) à propos de coquillages découverts au cœur de l’Égypte.
On a ici un début de réflexion que l’on peut ranger, d’une certaine manière, du côté de l’actualisme – c’est-à-dire fondée sur ce que l’on connaît et ce que l’on peut observer aujourd’hui: les phénomènes qui ont opéré autrefois sont les mêmes que ceux qui opèrent au temps présent. En l’occurrence, qui dit coquilles marines dit mer, même si les coquilles sont trouvées au sommet des montagnes. C’est en quelque sorte la première étape d’une pensée paléontologique scientifique. La difficulté, pour qui veut
bien se mettre à la place d’un homme de bonne volonté, contemporain d’Hérodote, est qu’on ne voit jamais la mer recouvrir les montagnes. Évoquer de celles submersions peut donc paraître [anrast ique.
iIl s’agira donc dans un deuxième temps de sortir de ce paradoxe.
C’est la croyance dans le Déluge universel exprimée par la littérature judéo-chrétienne (parmi d’autres cultures, tant la notion de déluge est omniprésente) qui va d’abord s’accommoder des déductions de Xénophane et de Pythagore : les eaux transportant animaux et plantes submergent les continents et y laissent, éventuellement, quelques restes. Aussi lit-on au 11′ » siècle dans un texte du théologien carthaginois Tertullien (v. 155-220) – De Pallio I;« Du manteau ») – que les coquilles marines trouvées au sommet des montagnes prouvent que ces dernières ont bien été submergées par les eaux. Bien plus tard, Martin Luther (1483-1546) ajoutera que les bois pétrifiés mis au jour dans les mines de charbon témoignent eux aussi du Déluge.
En 1695, un ouvrage écrit par un géologue et collectionneur anglais, John Woodward ( 1665-1728), connaît une remarquable diffusion. Comme son titre l’explique (An Essay Toward a Natural History of’the Earth and Terrestrial Bodies) il est question de foire un bilan de ce que l’on sait des roches et des fossiles.
En l’occurrence, ce bilan mêle géologie et explication théologique du Déluge. Un mélange qui semble curieux aujourd’hui mais qu’il convient de bien situer dans le contexte historique. En ce XVII' » siècle finis-sant, la réflexion scientifique se développe toujours au travers d’une vision religieuse du monde. …