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Origines : Tautavel, notre longue histoire avant Néandertal
Origines : Tautavel, notre longue histoire avant Néandertal
Emma Baus, Amélie Vialet
Albin Michel
Présentation par l’éditeur :
Quelle humanité peuplait l’Europe avant Néandertal ?
À quelle espèce appartient le plus vieux reste humain connu en France (- 550 000 ans) ?
Comment ces Homo ont-ils pu traverser plusieurs glaciations sans maîtriser le feu ?
Quelles techniques de chasse et de taille ont-ils inventées ?
Que sait-on de leur pensée symbolique, de leur rapport à la violence et à la beauté ?
C’est près du village de Tautavel que fut découverte en 1971 la plus ancienne face humaine d’Europe, dans la grotte connue sous le nom de « Caune de l’Arago ». Devenu un lieu iconique de l’archéologie, ce site a conservé les traces du passage de groupes humains durant plus de 500 000 ans.
Qui étaient ces premiers Européens ? Venaient-ils d’Afrique ou bien d’Asie comme les Homo erectus qui les ont précédés ? Comment ont-ils survécu dans le froid alors qu’ils ne maîtrisaient pas le feu ? Et que sait-on de leur langage, de leurs systèmes de pensée, de leurs préoccupations symboliques ?
192 pages
Nombreuses illustrations
Format 18,6 x 24 cm
La chronique de Pedro Lima, auteur et journaliste scientifique
Cet ouvrage grand public accompagne utilement le documentaire d’Emma Baus « Tautavel, vivre en Europe avant Neandertal », qui sera diffusé en 2025 sur France Télévisions et que nous avons eu le plaisir de découvrir à l’occasion du récent Festival Objectif Préhistoire à Pech Merle dans le Lot. Le livre, co-écrit par la réalisatrice et sa conseillère scientifique Amélie Vialet présente les mêmes qualités que l’œuvre audiovisuelle dont il s’inspire : clarté du propos, bonne documentation scientifique et illustrations de qualité. On chemine dans les pages avec le même plaisir que dans les scènes du film, à la poursuite des humains qui peuplaient l’Europe il y a plus de 500 000 ans, en particulier Homo heidelbergensis, et des scientifiques qui tentent de comprendre leurs modes de vie à partir des indices, nécessairement ténus, qu’ils nous ont laissés. En particulier dans les gisements exceptionnels de la Caune de l’Arago, à Tautavel, et Atapuerca, en Espagne. Un voyage passionnant vers nos origines.
Les auteurs de Origines : Tautavel, notre longue histoire avant Néandertal
Amélie Vialet est paléoanthropologue, maître de conférences au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris. Spécialiste d’Homo erectus, elle collabore avec le centre de recherche de Tautavel (CERPT) et avec divers sites d’exception à l’étranger, en Espagne (Atapuerca) ou en Turquie.
Au cœur de l’Eurasie : un Homo erectus ancien en Turquie
Emma Bauss a écrit et réalisé pour la télévision une vingtaine de documentaires autour de la nature et de la science, notamment Les Mondes perdus pour Arte (900 000 téléspectateurs) ou Trois petits chats pour France 2 (1,5 million de téléspectateurs).
Sommaire Origines : Tautavel, notre longue histoire avant Néandertal
A la découverte de la grotte de Tautavel
Portrait d’un Homo heidelbergensis
En quête d’une espèce disparue
Un groupe famulial nomade au coeur de son territoire
D’intenses bouleversements climatiques
Les premiers européens et la « révolution » acheuléenne
Des pierres tallées signe d’intelligence
Quand la proie se fait prédateur ultime
Et le feu surgit
Se proteger du froid
Les preuves du cannibalisme
Entre violence et bienveillance
Aux origines du langage
Annexes
Une extrait de Origines : Tautavel, notre longue histoire avant Néandertal
DE « DURANDAL» À « EXCALIBUR»
C’est donc tout naturellement que le biface s’est imposé comme une des icônes de la préhistoire. Ajoutons qu’il possède une dimension esthétique, parfois poussée à l’extrême, qui a dû jouer un rôle par le passé et nous séduit toujours.
En effet, certains bifaces semblent avoir été façonnés bien au-delà du fonctionnel, dans une optique de performance mais aussi de beauté. À Tautavel, une telle pièce a été découverte : les archéologues l’ont nommée « Durandal», en référence à l’épée du chevalier Rolland. Mesurant un peu plus de 30 cm de haut, sculpté dans de la roche cornéenne (un matériau rare, légèrement doré à l’état frais) et très minutieusement aminci, ce biface ne semble pas avoir été beaucoup utilisé. Par cette particularité, il n’est pas sans rappeler celui mis au jour à la fin du XXe siècle à la Sima de los Huesos: « Excalibur ». Seul et unique vestige associé à près de 7 000 restes humains, il est façonné en quartzite rouge. De belle facture, il ne présente aucune trace d’utilisation.
Au-delà de ces pièces exceptionnelles, les bifaces ne sont pas toujours aussi soignés. Ils sont taillés dans divers matériaux, de formes variées, et semblent parfaits comme outils à tout faire et même en tant que réserve de matière première (il est facile d’en extraire un éclat au fur et à mesure des besoins).
À Tautavel, les bifaces ne sont pas présents dans tous les niveaux. Ils sont abondants dans les sols les plus anciens vers – 560 000 ans (P et Q), puis à – 450 000 ans (G). Pourquoi cette disparité ? Sont-ils le fait de groupes aux traditions techniques différentes ? Est-ce lié à la nature des occupations et aux activités qui y sont développées ?
Selon Marie-Hélène Moncel, préhistorienne déjà questionnée au chapitre précédent, « les bifaces étaient très variés en formes et dimensions à l’époque, on en trouve des petits, bien pratiques à transporter quand on est nomade, et parfois de très grandes pièces comme « Durandal » découvert à Atapuerca. Les hommes d’alors savent déjà gérer le volume d’un outil bifacial en équilibrant le façonnage des deux faces. Mais pour quoi faire finalement? Pourquoi fabriquer des objets si compliqués, et parfois si « esthétiques » ? On ne sait pas ce que signifie en réalité ces outils… peut-être étaient-ils liés à leur tradition, comme nous aujourd’hui qui avons des objets qui ne sont pas que fonctionnels mais aussi traditionnels…».