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Manuel d’archéologie
Manuel d'archéologie Méthodes, objets et concepts François Djindjian Armand colin Collection U
Présentation de l’éditeur :
Proposer un manuel d’archéologie en cinq cents pages est un pari difficile, pour qui veut illustrer, expliciter et ne rien réduire. L’auteur a néanmoins voulu offrir un volume qui restitue l’unité de l’archéologie sans privilégier une spécialité
par rapport à une autre.
Ce manuel n’est pas une Encyclopédie, qui révèle tout sur toutes les archéologies. Il veut avant tout soumettre une plate-forme de formalisation, de méthodes et de techniques donnant à l’archéologue tous les moyens d’aborder la meilleure façon de faire sur le terrain comme en laboratoire afin de reconstituer un système. Il n’a pas non plus pour vocation de laisser croire que l’archéologue fait quotidiennement des miracles car il n’est pas d’érudition sans un appareil critique associé, comme il n’existe pas de méthodes et de techniques sans domaine d’application précis et sans limites connues. Ce manuel se veut enfin un ouvrage de référence, à portée de main, pour l’étudiant comme pour le professionnel de l’archéologie programmée ou de l’archéologie préventive.
Armand Colin
Broché
592 pages
16 x 24 cm
L’auteur, François Djindjian
François DJINDJIAN, professeur associé à l’Université de Paris 1 Panthéon
Sorbonne, président de la commission 4 « Méthodes et théorie de l’archéologie» de l’Union Internationale des Sciences Préhistoriques et Protohistoriques (UISPP) et vice-Président du CIPSH (Conseil International de la Philosophie et des Sciences Humaines de l’Unesco), est un préhistorien spécialiste de l’enseignement des méthodes de l’archéologie
Sommaire de « Manuel d’archéologie »
PREMIÈRE PARTIE
1. La nature et les objectifs de l’archéologie
2. Histoire de l’archéologie
1. Introduction
2. L’archéologie dans l’Antiquité
3. L’éveil de la Renaissance
4. Le siècle des Lumières
5. Les voyages en Orient et l’ère des explorateurs
6. L’archéologie au XIXe siècle
7. L’archéologie dans la première moitié du XXe siècle
8. Le déchiffrement des écritures
3. L’archéologie de 1950 à nos jours
1. L’essor d’une archéologie scientifique
2. L’archéologie métropolitaine
3. L’archéologie à l’étranger
4. Le contexte mondial actuel de l’archéologie
5. Le développement progressif des archéologies nationales
6. La préhistoire depuis 1950
7. L’archéologie classique depuis 1950
8. L’archéologie médiévale et urbaine
9. L’archéologie industrielle
10. L’archéologie sous-marine et l’archéologie subaquatique
11. L’archéologie préventive
4. Les théorisations de la méthode archéologique
1. Archéologie et « archéologies »
2. Théorie et théories
3. Les principaux paradigmes de l’archéologie
4. Les influences et les apports des autres sciences
5. De la connaissance en archéologie
6. La formalisation d’une construction logique en archéologie :
7. Conclusions
5. La formalisation des données et des processus archéologiques
1. Les données archéologiques
2. Les processus métiers, phases, activités, tâches et actions
3. Les processus taphonomiques de l’archéologie
4. Les processus systémiques de l’archéologie
5. L’objet archéologique
6. L’objet méthodologique
7. Les informations du système d’information archéologique
8. L’information intrinsèque (I.I.)
9. L’information extrinsèque (I.E.)
10. La construction d’un système d’information archéologique
11. Conclusion
6. La documentation archéologique
1. Introduction
2. Système documentaire
3. Historique
4. De l’indexation aux ontologies
5. La mise en oeuvre d’un système documentaire
6. Exemples de systèmes documentaires en archéologie
7. Les musées virtuels
8. L’enjeu de la normalisation
9. L’archivage et la conservation du patrimoine culturel
10. Conclusions
7. La gestion de l’information cartographique
1. Introduction
2. Le relevé stratigraphique et planigraphique
3. Le relevé d’architecture
4. Le système d’information géographique
8. Les outils de l’archéologue
1. Introduction
2. Les outils mécaniques de l’archéologue
3. Les instruments de l’archéologue
4. Les outils informatiques de l’archéologue
DEUXIÈME PARTIE
1. Les conditions de conservation et de découverte des sites et des objets archéologiques
1. Introduction
2. Des processus qui expliquent les conditions de conservation et de découverte des sites archéologiques
3. Les processus d’abandon d’origine naturelle
4. Les processus de destruction d’origine naturelle
5. Les processus d’abandon d’origine anthropique
6. Les processus de destruction d’origine anthropique
7. Les processus post-dépositionnels
8. Les processus de découvertes des sites archéologiques
9. La représentativité des sites archéologiques
10. Conclusions
2. Prévention et prospection archéologiques
1. Introduction
2. Historique
3. La prospection aérienne
4. La prospection pédestre
5. La prospection géophysique
6. Les techniques d’échantillonnage
7. Le phasage d’une opération de prospection
3. Les fouilles archéologiques
1. Introduction
2. Les techniques générales des fouilles archéologiques
3. L’infrastructure de chantier
4. L’organisation logistique de la fouille archéologique
5. Les enregistrements
6. Du démontage à l’archivage
7. Conclusions
TROISIÈME PARTIE
1. L’objet archéologique
1. Introduction
2. L’interaction objet/archéologue
3. Objet et connaissance sur l’objet
4. Objet et {objet} archéologiques
5. Archéologie et hyperonymie
6. Des objets identifiés et nommés aux lexiques et aux ontologies
7. Iconisme et emsinocisme
8. Objets méthodologiques
9. Les informations fournies par l’objet : les informations intrinsèques
10. Description/représentation
11. Langages et codes descriptifs
12. Conclusions
2. L’analyse des objets archéologiques
1. Introduction
2. L’échantillonnage d’une série d’objets
3. L’analyse de la morphologie
4. L’analyse des procédés de fabrication
5. L’analyse des décors
6. L’analyse des traces
7. L’analyse des remontages
8. Les études expérimentales (archéologie expérimentale)
3. Caractérisation des matériaux et des techniques
1. Introduction
2. Études microscopiques
3. Études pétrographiques
4. Études métallographiques
5. Techniques de caractérisation physico-chimique
6. La caractérisation physico-chimique des matériaux minéraux
7. Caractérisation physico-chimique des matériaux organiques
8. La détermination des sources de matières premières et des centres de production
9. Conclusions
4. La classification des objets archéologiques
1. L’existence du type
2. Typologies et classifications
3. Exemples de typologies
4. Historique des méthodes de classification en archéologie
5. L’analyse typologique
6. L’analyse des formes
7. Le procédé de fabrication
8. L’analyse typologique simple
9. Analyse typologique multiple
10. Un schéma cognitif de la démarche typologique
11. Applications de l’analyse typologique
12. Étude de cas : le burin de Noailles
13. Étude de cas : armatures mésolithiques
14. Étude de cas : l’analyse de formes de céramiques néolithiques
15. Conclusions
5. La chronologie relative
1. Introduction
2. Une chronologie relative : la stratigraphie
3. Stratigraphie de remplissage anthropique
4. Stratigraphie de remplissage géologique
5. Une chronologie relative : la biostratigraphie
6. Une chronologie relative : la typochronologie ou la périodisation par les [objets] et par la stratigraphie
7. Une chronologie relative : la sériation ou la périodisation par les [objets] sans la stratigraphie
8. Temps et espace : toposériation
9. Applications de la sériation
10. Conclusions
6. La chronologie absolue
1. Introduction
2. Les principales techniques de datations absolues
3. Comment dater un site
7. L’analyse spatiale intrasite
1. Le concept de site archéologique
2. Les analyses spatiales en archéologie
3. Historique des analyses spatiales intrasites
4. Distribution spatiale et structure spatiale
5. L’analyse d’une distribution spatiale
6. L’analyse de l’association de distributions spatiales
7. L’analyse spatiale multidimensionnelle de l’association de distributions
8. De l’analyse spatiale intrasite à la reconstitution 2D
9. De la reconstitution 2D à la reconstitution 3D
10. Étude de cas : le site de plein air magdalénien de Pincevent
11. Étude de cas : l’habitat néolithique lacustre de Charavines
12. Conclusions
8. La reconstitution de l’environnement
1. Introduction
2. Historique
3. Études géoarchéologiques
4. Études archéobotaniques
5. Études zoologiques
6. Études géomorphologiques
7. Conclusions
9. La reconstitution du climat
1. Introduction
2. Historique
3. La construction de courbes paléoclimatiques
4. Les modèles climatiques
5. Conclusions
10. Les ressources alimentaires
1. Introduction
2. Les études archéozoologiques
3. Les ressources halieutiques
4. La récolte des coquillages
5. Les études carpologiques
6. Le site catchment analysis ou analyse des ressources locales
7. L’économie alimentaire des chasseurs cueilleurs
8. Les ressources alimentaires dans les textes et les inscriptions
9. Les ressources alimentaires des restes funéraires
10. L’économie agropastorale
11. L’agriculture des produits non alimentaires
12. Le sel
13. L’eau
14. Conclusions
11. Production et distribution
1. Introduction
2. Historique
3. Vocabulaire et processus
4. Les systèmes de production
5. L’exemple du monde grec classique
6. Le commerce en Europe méditerranéenne
7. Des données archéologiques à la connaissance du système de production et du système de distribution .
8. Analyse de la diffusion spatiale
9. Études de cas
10. L’épave de l’Uluburun
11. Les approches théoriques
12. Conclusions
12. Bâtis, architectures et urbanisme : l’archéologie en milieu urbain
1. Introduction
2. Historique
3. Les matériaux de construction
4. L’étude du bâti
5. Les architectures
6. La spécialisation des architectures
7. L’urbanisation
8. Conclusions
13. La culture matérielle
1. Introduction
2. Archéologie et culture matérielle
3. La question critique des artefacts structurants
4. Migrations et cultures (diffusionnisme)
5. Historique des techniques de structuration des vestiges matériels
6. L’identification culturelle à partir des vestiges matériels
7. Les applications à l’étude des cultures pré et protohistoriques
8. Études de cas
14. Le traitement des morts (archéologie funéraire)
1. Introduction
2. Historique
3. Archéologie funéraire
4. Les techniques de fouilles en archéologie funéraire
5. Les traditions funéraires
6. L’architecture funéraire
7. Le rituel funéraire
8. L’archéologie de la tombe et des objets dans la tombe
9. Conclusions
15. Les humains (anthropologie physique et génétique)
1. Introduction
2. Anthropologie funéraire
3. Anthropologie physique
4. Études de génétique de population
5. Études paléo-démographiques
16. L’estimation de la population
1. Introduction
2. Historique
3. L’estimation de l’effectif de la population
4. La croissance de population
17. Territoires : espaces et peuplements
1. Introduction
2. Historique
3. Espace et peuplement : du territoire à l’État
4. Les travaux de terrain
5. L’étude du paysage
6. Le peuplement du territoire
7. L’analyse spatiale dynamique
8. Conclusions
18. Les manifestations artistiques
1. Introduction
2. Historique
3. Les méthodes d’études
4. De l’art au symbole et du symbole à la religion
QUATRIÈME PARTIE
1. La reconstitution systémique
1. Introduction
2. Un exemple de décomposition en sous-systèmes élémentaires pour l’archéologie
3. Le niveau 1 : les savoirs et les savoir-faire techniques
4. Le niveau 2 : les activités économiques
5. Le niveau 3 : les organisations
6. Le niveau 4 : les idées et les croyances
7. Conclusions : utopie et réalité de la reconstitution
2. La modélisation de systèmes archéologiques
1. Introduction
2. Les contraintes logiques d’une modélisation archéologique
3. La modélisation mathématique en archéologie
4. La dynamique des systèmes en archéologie
5. Le changement culturel (transitions)
3. La restitution virtuelle en archéologie
1. Introduction
2. Les techniques de la réalité virtuelle en archéologie
3. Les difficultés des projets de réalité virtuelle en archéologie
4. L’utopie réalisée
5. La réalité augmentée
6. Les outils logiciels de la réalité virtuelle
4. Le discours archéologique
1. Introduction
2. L’écriture d’un discours cognitif
3. Script cognitif
4. Un exemple d’application de la méthode
5. Mise en œuvre informatique
6. Règles d’édition
7. Conclusions
5. Les batailles scientifiques en archéologie
1. Les faux reconnus comme vrais
2. Les vrais déclarés faux
3. Les batailles scientifiques
Bibliographie
Et après ?
Un extrait du livre « Manuel d’archéologie«
…un manuel d’archéologie n’est pas une brochure commerciale vantant les mérites d’une nouvelle spécialité, d’une méthode ou d’une technique, et faisant de celle-ci le fonds de commerce d’un chercheur. Il est un catalogue systématique, ordonné, synthétique et pédagogique des méthodes connues, avec leurs potentialités et surtout leurs limites, resituées dans le cadre d’une évolution technique et illustrées par des études de cas choisies dans les aires culturelles les plus diverses. Le manuel doit mettre en valeur l’unité de l’archéologie, que démontrent une épistémologie commune, des méthodes partagées qui lui sont propres et des techniques issues des autres disciplines scientifiques (mathématiques, physique, chimie, sciences de la terre, informatique, statistiques, gestion, etc.). Il contribue à séparer le niveau des méthodes, propres à l’archéologie, qui s’améliorent avec le temps, du niveau des techniques importées des autres disciplines et qui changent avec le progrès technique.
L’archéologie est une discipline composite située au carrefour des Sciences exactes, des Sciences humaines et des Sciences de la Terre, qui présente la difficulté supplémentaire de reconstituer des systèmes à partir de données incomplètes et biaisées. Discipline ayant des analogies avec la criminologie, elle reconstitue des scènes de crimes dans lesquels il n’y aurait pas de coupable à trouver mais des acteurs à ressusciter. Elle exige donc des étudiants du meilleur niveau pour pratiquer un des métiers les plus difficiles au monde, dont la formation double aux savoirs (« aires culturelles ») et aux savoir-faire (méthodes archéologiques) nécessite un investissement d’autant plus long qu’il ne s’arrête pas aux seules études universitaires et formations postdoctorales.
La lecture d’un manuel d’archéologie révèle que les matières enseignées reposent sur une plate-forme sans cesse élargie de fondamentaux issus de la Physique/Chimie (datations, caractérisations, prospection), des Sciences de la terre (reconstitution environnementale et climatique), de la Biologie (Zoologie, Botanique, Agronomie), de l’Histoire et de la Géographie, des mathématiques (Statistiques, Modélisation), de l’informatique (à tous les niveaux), des techniques de l’Ingénieur (travaux de terrain, travaux de laboratoire). L’archéologue ne doit cependant pas vouloir devenir un spécialiste de toutes ces matières mais un utilisateur averti, qui en connaît les possibilités et les limites, et capable d’en faire l’intégration. Il serait cruel d’énumérer les publications archéologiques qui ne font qu’un usage cosmétique des techniques physico-chimiques, environnementales et informatiques pour « faire » scientifique, dans le monde moderne de la compétition académique. Ce détournement nuit non seulement à ceux qui le font sérieusement (et donc avec un investissement et un engagement important) mais aussi à toute l’archéologie en général, car ces manipulations ne passent pas inaperçues aux yeux des spécialistes des autres disciplines qui côtoient l’archéologie. Il y va donc de la crédibilité de notre discipline. C’est le rôle des méthodes d’y pourvoir.
La technicité croissante de l’archéologie est aussi celle de l’archéologue. Aussi bien à l’Université (enseignant-chercheur individuel) qu’au CNRS (chercheur), les structures actuelles ne sont plus guère adaptées aux contraintes du métier : clamer à tout propos que l’archéologue est un chercheur ne sert sans doute qu’à cacher que le vrai travail de recherche n’occupe qu’un pourcentage infime de son activité, loin derrière des tâches d’administration (commissions et réunions), de gestion, de travail technique de terrain (fouilles, prospection) et de laboratoire (instrumentation, informatique, dessin, photographie), enfin de communication (publication, congrès).
L’archéologue doit aussi être un chef de projet. Un des grands enjeux de l’archéologie est la réussite du passage en mode projet et en vrai mode multidisciplinaire au sein des diverses institutions. La professionnalisation de l’archéologie, dont le rythme s’est accéléré depuis une trentaine d’années, ne doit pas cacher le fait que ce n’est pas le salaire qui fait le professionnel, mais la maîtrise acquise (par une formation universitaire puis une formation continue) d’un Etat de l’Art, sans cesse en progression, du métier d’archéologue, qui se concrétise par une déontologie, une épistémologie, des méthodes, des techniques et des outils. C’est la raison d’être de ce manuel destiné aussi bien aux étudiants qui se destinent au métier d’archéologue qu’aux professionnels soucieux de progresser dans leur métier.
Le manuel est structuré en quatre parties. La première partie définit l’archéologie et ses enjeux, replace l’évolution des méthodes dans son histoire, décrit la professionnalisation progressive de l’archéologie depuis 1950, trace le contexte des principaux courants paradigmatiques qui influencent l’archéologie, définit un cadre formel logique universel pour la mise en œuvre des constructions, qui créent une connaissance validée, et formalise l’organisation des données et l’urbanisation des processus au sein d’un Système d’Information Archéologique générique, dont la gestion documentaire, la gestion cartographique (SIG) et les outils logiciels sont les composants majeurs.
La deuxième partie concerne l’archéologie de terrain, qui débute par l’étude des conditions d’abandon, de conservation et de découverte des sites archéologiques, puis les plans de prospection et la conduite des fouilles archéologiques.
La troisième partie concerne les études des vestiges matériels (l’intrinsèque) dans leur contexte archéologique (l’extrinsèque) alimentant les problématiques pour lesquelles méthodes et bonnes pratiques sont proposées, tout au long des dix-huit chapitres qui nous feront découvrir la chronologie relative et absolue, la reconstitution de l’environnement et du climat, la classification, la caractérisation et les études des objets, la culture matérielle, l’analyse intrasite, la caractérisation des systèmes de gestion des ressources alimentaires, l’économie de production et de distribution des matières premières et des produits manufacturés, l’étude des bâtis, l’archéologie et l’anthropologie funéraire, la démographie, la gestion de territoire et l’art.
La quatrième partie propose une reconstitution systémique des principales composantes sociétales du sujet d’étude, expose les méthodes de modélisations et notamment leur application au changement culturel, décrit les principales techniques de réalité virtuelle en archéologie et la méthode de recherche associée et traite enfin de la question du discours académique en archéologie.