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L’homme préhistorique est aussi une femme
Une histoire de l'invisibilité des femmes Marylène Patou-Mathis
« « L’homme préhistorique est aussi une femme déconstruit des certitudes et clichés sur les femmes préhistoriques qui, n’en déplaise aux historiens, en avaient sous le gourdin. »
Causette«
Présentation par l’éditeur :
» Non, les femmes préhistoriques ne consacraient pas tout leur temps à balayer la grotte et à garder les enfants en attendant que les hommes reviennent de la chasse. Les imaginer réduites à un rôle domestique et à un statut de mères relève du préjugé. Elles aussi poursuivaient les grands mammifères, fabriquaient des outils et des parures, construisaient les habitats, exploraient des formes d’expression symbolique. Aucune donnée archéologique ne prouve que, dans les sociétés les plus anciennes, certaines activités leur étaient interdites, qu’elles étaient considérées comme inférieures et subordonnées aux hommes. Cette vision de la préhistoire procède des a priori des fondateurs de cette discipline qui naît au XIXe siècle. Il est temps de poser un autre regard sur l’histoire de l’évolution et de déconstruire les processus qui ont invisibilisé les femmes à travers les siècles. » M.P.M.
S’appuyant sur les dernières découvertes en préhistoire et l’analyse des idées rec¸ues que véhicule, jusqu’à notre époque, la littérature savante, cet essai pose les bases d’une autre histoire des femmes, débarrassée des préjugés sexistes, plus proche de la réalité.
Allary Editions
249 pages hors références
32 euros
Hominides.com
Quand on parle des hommes préhistoriques on a souvent oublié une part importante de l’humanité, les femmes ! Pour Marylène Patou-Mathis cette invisibilité s’enracine dans notre histoire. Aussi loin que l’on remonte dans les temps historiques, l’homme s’est attaché à dévaloriser les femmes… comme Aristote, qui ne voyait dans la femme qu’un « réceptacle » de la fécondation masculine.
Reprenant les textes des siècles précédents, Marylène Patou-Mathis montre que ces derniers (écrits par des hommes !) déclaraient de manière péremptoire que les femmes étaient faibles, émotives, avec des possibilités cérébrales diminuées…
Dans les religions, la femme est toujours au second plan, et, si elle rendue plus visible, c’est pour tenter l’homme et le pervertir (Eve et sa pomme). Pour Saint Paul, « l’origine de tout homme, c’est le Christ ; l’origine de la femme, c’est l’homme ; l’origine du Christ, c’est Dieu. » (I Corinthiens, xi, 3).
Pour les scientifiques, la chose était entendue, on parlait des Hommes mais on n’évoquait même pas les femmes !
Mais alors, où sont les femmes… préhistoriques ? Comment les retrouver ? Souvent un squelette ne permet pas de déterminer si l’on est en présence d’une femme ou d’un homme. Il n’y a pas de dimorphisme sexuel très marqué contrairement à d’autres hominidés comme les chimpanzés, les gorilles… Dans certains cas, seule la génétique permet de définir le sexe d’un squelette.
Dans les sociétés préhistoriques, les hommes et les femmes avaient-il des rôles aussi différents que ce que nous racontaient les premiers préhistoriens ? Rappel de quelques images d’Épinal, ancrées dans notre subconscient mais purement imaginées :
. l’homme chassant les gros mammifères pour rapporter les carcasses et nourrir son clan…
. l’homme taillant des outils en pierre…
. l »homme peignant les parois des grottes
. l’homme fabriquant des objets en os ou en ivoire et qui les décorait
Et pendant ce temps, que faisaient les femmes ?
Elles restaient près des enfants pour faire la cuisine ? Cela peut prêter à sourire, mais c’est, encore aujourd’hui, de cette manière que sont souvent représentées les activités du clan préhistorique.
Ce que démontre Marylène Patou-Mathis, c’est que ces belles histoires masculines que l’on nous racontait ne sont étayées par aucune étude : il n’existe pas de preuves archéologiques d’une séparation claire et nette du partage des activités au Paléolithique.
Même une anthropologue comme Françoise Héritier pensait qu’il existait déjà dans les sociétés préhistoriques une prévalence originelle de l’homme sur la femme… Ce comportement montre que les préjugés ont la vie dure même chez les femmes !
Si les femmes étaient invisibles, c’est tout simplement que l’on ne les cherchait pas ! Cela va remuer les convictions de certains hommes en quête de virilité…
En tout cas maintenant vous ne pourrez plus chantonner Où sont les femmes ? sans vous poser de questions…
C.R.
L’auteur Marylène Patou-Mathis
Marylène Patou-Mathis est préhistorienne, directrice de recherche au CNRS. Elle était co-commissaire de l’exposition « Néandertal » qui s’est tenue au Musée de l’Homme (Paris) en 2018.
Sommaire de « L’homme préhistorique est aussi une femme »
Introduction
Chapitre I. Vision romanesque des femmes préhistoriques
L’homme préhistroique : du singe au héros
des ancêtres violents par nature
le rapt des femmes
Chapitre II . Contexte historique et intellectuel de l’apparition de la préhistoire en tant que discipline scientifique
Desêtres inéfrieurs
Par « ordre divin », – Par « nature »,
Des subordonnées
Doit-on éduquer les femmes?
Naissance de l’iédologie sexiste
Chapitre III. Les femmes préhistoriques à la lumière des nouvelles découvertes et de l’archéologie du gente
Les Femmes au Paléolithique
Le corps fémininmis à nu – Le rôle socio-économique des femmes – leur statut social
Les femmes au Néolithique et aux âges des Métaux
Des guérrières – Divinités féminines
Chapitre IV Eternelles rebelles
De l’Antiquité au Moyen-Age
De la renaissance au siècle des Lumières
Dans la tourmente révolutionnaire
Les « femmes de 1848 »
Au XXe siècle
Epilogue. Femmes et fémininsme d’hier et d’aaujourd’hui
Remerciements
Annexes
Bibliographie générale
Les grandes étapes de l’évolution humaine
Notes
Un extrait du livre « L’homme préhistorique est aussi une femme«
Dès les origines, selon certains archéologues et anthropologues, les hommes partaient à la chasse et les femmes à la cueillette, puis, de retour au campement, partageaient la nourriture rapportée par chacun. L’homme, en tant que pourvoyeur de nourriture difficile à obtenir et à forte valeur énergétique, aurait ainsi acquis un statut supérieur à celui de la femme. C’est aux chasseurs que serait revenu le droit de répartir les proies, leur donnant un ascendant légitime sur leurs compagnes • Pourtant, aucun indice archéologique ne permet de savoir par qui et entre qui le gibier était partagé. Selon eux, les femmes, en tant que fournisseuses de nourriture à plus faible valeur nutritive (principalement des végétaux), auraient donc eu un rôle économique moindre dans ces sociétés paléolithiques. Le colloque Man the Humer, qui s’est tenu à Chicago en 1966, a ancré dans la communauté des préhistoriens le modèle de « l’homme chasseur », agent principal de l’évolution humaine. Il suscita de vives réactions de la part des anthropologues américaines qui proposèrent un contre-modèle, celui de la «cueilleuse» placée au centre de l’économie, thèse rapidement écartée pour manque de preuves archéologiques, mais aussi sans doute à cause de préjugés.
Dans les sociétés récentes de chasseurs-cueilleurs, les femmes participaient à la chasse de maintes façons. Pour procéder à la capture du petit gibier, elles se servaient d’armes contondantes – bâtons à fouir, gourdins ou massues – ou de pièges – enfumage des terriers, collets. Lors des chasses collectives, elles rabattaient les grosses proies, ce qui, soulignons-le, nécéssite souvent de courir bien plus que les tireurs postés à l’affût. Comme les hommes, les femmes donnaient la mort et mettaient leur vie en péril en s’attaquant à des bêtes de grande taille potentiellement dangereuses. C’est peut-être ce qui a conduit les hommes à les écarter, sans doute progressivement, des activités cynégétiques et à les « désarmer ». Dans la majorité des cas, les femmes n’utilisaient pas d’armes tranchantes ou perforantes qui font couler le sang de l’animal, mais il existe des exceptions : chez les Indiens akuntsu, de l’Amazonie brésilienne, seules les femmes chassaient, un savoir-faire qui se transmettait de mère en fille. Dans d’autres sociétés amérindiennes, les femmes accompagnaient les hommes à la chasse et à la guerre, comme ce fut d’ailleurs le cas en Gaule pour les femmes sans enfants.
Il en fut peut-être ainsi pendant la préhistoire. Sur un squelette humain, les lésions observées sur les os, au niveau des attaches d’un tendon ou d’un ligament (dénommées enthésopathies), peuvent traduire des activités répétées. Celles présentes au niveau du coude, d’un seul côté, sont associées à la pratique régulière du lancer. Rares de nos jours, ces lésions se rencontrent essentiellement chez les lanceurs de javelot et les femmes en périménopause…