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Les sociétés de chasseurs de rennes du Paléolithique récent
Les sociétés de chasseurs de rennes du Paléolithique récent Économie, écologie et cycle annuel de nomadisme Les cahiers MSHE Ledoux Laure Fontana
L’autrice s’intéresse dans cet ouvrage à l’exploitation du renne en France lors de la dernière période froide du Paléolithique (30000-15000 cal BP). Elle démontre que l’économie des ressources animales était fondée sur l’exploitation d’un renne non migrateur et sur une stratégie de chasse à faible risque, qui n’ont pas varié significativement durant 15 000 ans. Elle défend l’hypothèse de groupes humains moins mobiles que ce qui a été envisagé jusque-là, au moins dans le grand Sud-Ouest, en raison de la mobilité réduite des rennes et d’un environnement particulier. Enfin, elle propose une reconstitution du cycle annuel de nomadisme des groupes du Massif central et discute de sa particularité.
Éditeur : Presses universitaires de Franche-Comté
248 pages
format : A4
Hominides.com
Tout un ouvrage pour nous montrer, études à l’appui, que le renne a été au centre de la vie des magdaléniens pendant 15 000 ans en France. L’ouvrage reprend les découvertes et les études publiées sur plusieurs centaines de sites dénombrant la part des restes de renne dans les gisements, leur sexe et leur âge lors de leur mort. Elles mettent également en avant la saison à laquelle l’animal a été tué.
Toutes ces données montrent que, d’une certaine manière, on peut dire que toute la vie des clans préhistoriques était régis par le renne. Si le renne vient à l’esprit en premier comme aliment, leurs os et leurs bois constituaient également un « matériau » prisé pour la fabrication d’outils ou d’armes notamment. On peut également supposer que les peaux servaient à se couvrir…
Le mode de vie des des chasseurs était également dépendant de la présence de troupeaux de rennes, même si Laure Fontana nous démontre que, à cette époque dans le sud-ouest, les rennes n’étaient pas aussi migrateurs que ce qu’on imaginait.
Cet ouvrage, même s’il s’adresse en priorité à des étudiants ou des chercheurs, est facile à lire pour un non spécialiste. Il intéressera les lecteurs qui veulent en savoir plus sur le mode de vie des Hommes entre 30000 BP et 15000 BP en France, mais également les amoureux de l’animal qui comprendront pourquoi les premiers préhistoriens parlaient d’un « Âge du renne ».
C.R.
L ‘auteure de « Les sociétés de chasseurs de rennes du Paléolithique récent »
Laure Fontana, chargée de recherche au CNRS, est archéozoologue au laboratoire Arscan (UMR 7041) à Nanterre. Elle étudie, à partir de l’exploitation des ressources animales, l’économie et la mobilité des chasseurs-collecteurs du Paléolithique récent afin de reconstituer les cycles de nomadisme.
Sommaire « Les sociétés de chasseurs de rennes du Paléolithique récent«
Tables des sigles
Remerciements
Préface de Thierry Aubry
Avant-propos.Du tout aux parties, des parties au tout
Introduction
Problématiques
Démarche
Notre travail
Première partie
Contextes et objet d’étude
Chapitre 1. De l’Aurignacien au Magdalénien : des cultures paléolithiques ?
Chapitre 2. L’environnement de la France au Pléniglaciaire supérieur et au Tardiglaciaire
Cadre chronoenvironnemental (30000-14000)
Des environnements froids… mais lesquels ?
Chapitre 3. Le renne (Rangifer tarandus)
Un animal adapté au froid
Le renne avant 33000 cal BP en Europe et en France
Chapitre 4.Constitution des corpus et des espaces d’étude
Les sites étudiés et recensés (fig. 23 et 24)
La constitution des régions
Deuxième partie
La place du renne dans l’économie des ressources animales
entre 30000 et 14000 cal BP 53
Introduction
Chapitre 1. La part du renne dans les chasses
Variation dans le temps
Laure Fontana
Entre 33000 et 25500 : les sites du Gravettien
Entre 25500 et 23000 : les sites du Solutréen
Entre 23000 et 18000 : les sites du Badegoulien et du Magdalénien ancien
Entre 19000 et 16000 : les sites du Magdalénien moyen
Entre 16000 et 14000 : les sites du Magdalénien récent
Synthèse chronologique
Variation dans l’espace
Premières conclusions
Chapitre 2. Les stratégies de chasse au renne
Des rennes de tous âges : le choix de ne pas choisir
Peu de mâles adultes
Des chasses plus ou moins saisonnières
Des chasses saisonnières à l’échelle des sites et de la région
Des chasses saisonnières à l’échelle des sites et toute l’année à l’échelle de la région ?
Des chasses tout au long de l’année
Chapitre 3. Les bois de renne : stratégies et saisonnalité d’acquisition et d’exploitation
Perspective, questions et difficultés
Les résultats
Le Gravettien final du Blot
Le Magdalénien des Petits Guinards
L’étude de La Madeleine
Exploitation des bois de renne à l’échelle régionales
Le Massif central
Le Bassin parisien
Le Centre-Ouest
La Dordogne/Charente et le Lot/Quercy
La montagne Noire
Les Pyrénées
Les régions non documentées
Place de l’exploitation des bois dans le cycle annuel : hypothèses
Le choix de la ressource
La transformation et la mobilité du bois de renne
Troisième partie
Mobilité des rennes et mobilité des groupes humains
Chapitre 1. État de la question et objectifs
Chapitre 2. Rennes migrateurs et rennes sédentaires au Pléniglaciaire supérieur et au Tardiglaciaire
Les rennes de Dordogne…et d’à côté ?
Les rennes d’ailleurs
Table des matières
Des rennes peu mobiles dans la France des derniers grands froids
Chapitre 3. Cycle annuel de nomadisme : plusieurs configurations ou plusieurs visibilités ?
Questions
Cycles annuels de nomadisme dans le Massif central de la fin du Gravettien au Magdalénien
Un espace exceptionnellement vaste
Les occupations dans le cycle annuel
Espaces et moments d’exploitation des ressources
Cycle annuel de nomadisme
La Dordogne du Gravettien au Magdalénien
Conclusion : des cycles distincts ?
Quatrième partie
Discussion
Chapitre 1. L’environnement de la France entre 30000 et 15000 cal BP : des écosystèmes à définir
La steppe à mammouth
La France dans la steppe à mammouth : une exception qui confirme la règle ?
La France, une steppe à renne… mais encore ?
Bassin parisien
Massif armoricain
Sud de la Loire
Conclusions
Chapitre 2. Durant 15 000 ans, un système unique au-delà des particularités
L’économie des ressources animales : un fondement commun
Une stratégie d’approvisionnement unique
Une économie uniforme des ressources animales
Mobilité des groupes humains : une réalité à reconstruire loin des modèles
Saison froide
Belle saison
Conclusion
Conclusions
Bibliographie générale
Annexe i. Corpus étudié
Annexe ii. Part du renne dans les ensembles étudiés, par période
Index chronologique
Index des noms de lieux
Table des illustrations
Un extrait Les sociétés de chasseurs de rennes du Paléolithique récent
Le fait que toutes les régions et toutes les périodes ne soient pas documentées de la même façon rend difficile la comparaison spatiale et chronologique. Néanmoins l’analyse des 256 ensembles étudiés et répartis dans dix régions françaises témoigne sans aucun doute de l’existence, entre 30 000 et 15 000 ans, d’un système économique fondé sur l’exploitation du renne – et du silex -, présentant des variations secondaires en termes de diversité des chasses et d’importance du cheval. Ces différences n’ont pas été marquées au point de modifier significativement l’économie des ressources animales dont les particularités furent avant tout régionales le choix du renne comme base du système économique fut doublé d’une stratégie de chasse non sélective, qui n’a varié ni dans le temps ni dans l’espace. La situation la mieux documentée actuellement est l’exploitation massive d’un gibier, le renne, tout au long de l’année, en Dordogne et dans le Lot, probablement en Charente, et dans le Centre Ouest – peut-être en binôme avec le cheval
Ce choix s’explique probablement non seulement par le développement des populations de rennes en France durant 15 000 ans, mais aussi par ses caractéristiques. Animal adapté aux plus grands froids, entièrement exploitable, facile à chasser, avec des cycles biologiques décalés entre les mâles et les femelles et une mobilité réduite, le renne constituait une vraie opportunité pour les sociétés du dernier grand froid du Pléistocène, à partir du Pléniglaciaire supérieur jusqu’à la fin du Dryas ancien. C’est l’ensemble de ses caractéristiques et l’importance de ses populations qui ont fait de lui la ressource optimale : aucun autre gibier na fait l’objet d’un tel choix. autrement que ponctuellement. Les groupes humains ont donc choisi de fonder leur économie des ressources animales sur une espèce abondante et non migratrice et qui possédait de surcroît des appendices frontaux qui furent exploités avant le Gravettien et qui constituaient indispensable à la vie quotidienne.