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Les premiers hommes – Science et vie Junior
Les premiers hommes Science et vie Junior Hors-série n° 105 Avril 2014
Un numéro spécial sur l’évolution de l’homme, très complet
Edito. Chercheur d’os, vous parlez d’un métier ! Car avant même de tomber sur un fémur, une clavicule, voire – jackpot ! – sur le crâne et sa mandibule d’un de nos ancêtres, encore faut-il que ces lointains nonosses se soient fossilisés. C’est-à-dire lentement changés en caillasse sous l’action du temps. Or, si le squelette reste à l’air libre, il a toutes les chances de finir rongé par un carnivore ou des micro-organismes. Sa principale chance d’arriver jusqu’à nous est d’être enseveli très vite par la boue, la vase, le sable, bref par un sédiment. Ce qui arrive le plus souvent à proximité d’un cours d’eau. S’il résiste à la transformation du sédiment en roche, s’il n’est pas disloqué par les couches et les couches de terrain qui pèsent sur lui, si un jour un mouvement du sous-sol le rapproche de la surface, si de plus, il est repéré par un spécialiste en mission (ou l’un de ses techniciens, voire de ses étudiants, quand ce n’est son propre fiston, voir p.?22) ou simplement par l’œil affûté d’un passant qui passe… alors il pourra raconter son histoire. Comprenez-vous pourquoi ils sont si rares, les fossiles de la lignée humaine ? Pour les questionner, les chercheurs ont longtemps dû se contenter de les mesurer et les comparer à leurs semblables déjà en stock dans les tiroirs des muséums. Aujourd’hui, en creusant une phalange grosse comme un flageolet, les généticiens du passé ont conclu qu’elle appartenait à une nouvelle espèce humaine, les Dénisoviens. Alors, même si chercher des vieux os est un métier impossible, ceux qui l’exercent n’ont jamais été aussi bien outillés qu’aujourd’hui.
Olivier Voizeux
130 pages.
50% de photographies, schémas, images
Sommaire du Science et Vie Junior n° 104 Les premiers hommes
Les premiers hommes: enquête sur nos origines
Zdenek Burian
la préhistoire a trouvé son maître
Découvrez les peintures de cet artiste tchèque qui, au siècle dernier, mit en scène tout le savoir de son époque sur la vie de nos ancêtres.
10 histoires d’os à grignoter
Sombre canular, fausse interprétation, perte de fossiles, découvertes… ou redécouvertes. Que d’aventures pour les os des hommes d’antan !
La galerie de nos ancêtres
De notre plus vieux parent présumé jusqu’aux Homo sapiens modernes, en passant par nos cousins, proches ou lointains : portraits des espèces les plus éminentes de la grande famille humaine.
Qui a été le premier ?
Quel membre de la famille lança la mode du port de fourrure ? Qui faut-il remercier pour le feu, le tir à l’arc, la musique ? Il était grand temps de consacrer un article reconnaissant à ces glorieux pionniers !
Les singes : miroirs de nos origines
L’homme ne descend pas du singe, c’est entendu. Mais en observant chimpanzés et gorilles, on peut en savoir plus sur nos ancêtres communs. Et ce qu’ils partagent, ou pas, avec eux.
Aux trousses d’un mammouth
De la moumoute au casse-croûte, il fournit tout, le mammouth : potage, habillage, graissage, bricolage, outillage… À condition d’oser se servir sur la bête.
Quand Homo s’est-il pris au mot ?
À quand remontent les premiers discours ou les premières histoires contées autour du feu ? Faute de témoins, on fait parler des ossements… bavards.
À la lumière de l’ADN
Le meilleur moyen de connaître nos aïeux et nos cousins, c’est de regarder ce qu’ils nous ont transmis : l’ADN, le mode d’emploi de nos cellules. De quoi réécrire l’histoire.
Qui a tué Neandertal ?
Pourquoi néandertal a-t-il disparu, il y a presque trente mille ans, alors qu’il côtoyait nos congénères en Europe ? L’aurions-nous tué lors de guerres, mangé, contaminé par des maladies, réduit à la famine ?
À table avec les cannibales
Aucun doute : nos ancêtres ont rogné les os de certains de leurs semblables. Et pas seulement parce qu’ils n’avaient que ça à se mettre sous la dent !
Visions d’artistes
Mais pourquoi diable nos aïeux ont-il décoré des cavernes inaccessibles avec autant de soin ?
Les secrets de fabrication de Lascaux
Suivez les peintres qui ont orné la célèbre grotte de fantastiques silhouettes animales.
Et l’homme devint paysan
L’histoire de la révolution agricole, ou comment l’humanité conquit le monde en semant quelques graines.
Pour aller + loin
Une sélection de sites archéologiques pour revivre la préhistoire, tailler un biface, lancer une sagaie… Et des livres, des DVD et le courrier des lecteurs.
Un extrait de Préhistoire – Collection revue l’Histoire n° 101
Aux trousses d’un MAMMOUTH
Pour s’attaquer à ces prodigieux animaux, les hommes devaient être habiles et nombreux. Mais comment s’y prenaient-ils ? Découvrez-le en suivant l’équipée de Na’kht, qui vient d’intégrer un groupe de chasseurs.
A vancer encore, ramper sans un bruit. Les graminées lui griffent le visage mais Na’kht ne sent rien. Son regard est planté comme une banderille dans les flancs du Mammouth laineux. Un mâle dont l’âge n’excède pas deux fois les doigts de la main. Un jeune crétin, trop loin de son troupeau, qui se régale de laîches – des herbes hautes poussant en bord d’eau – sans surveiller ses arrières. Fatale erreur. Grâce à l’imprudent, Na’kht va réaliser deux prouesses : nourrir les siens pendant des semaines. Et entrer dans le cercle très fermé de ceux qui ont tué un mammouth.
Ce genre d’exploit ne s’improvise pas. Depuis longtemps, déjà, le garçon connaît les gestes. S’approcher au plus près du colosse. Pour masquer son odeur d’homme, se couvrir le torse de… crottin de mammouth ! Puis bondir entre les pattes arrière. Enfoncer sa lance à la jointure de la jambe et du ventre. Et surtout… décamper à toute vitesse ! Pardi, l’animal éventré va devenir fou. Perdant son sang à gros bouillons, il va tâcher d’extraire, avec sa trompe, le bois qui l’assassine. Alors, les autres chasseurs sortiront des hautes herbes. De leur propulseur jaillira une sagaie qui percera l’animal à 100?km/h (voir encadré ci-dessus). Changé en pelote d’épingles, saigné à blanc, le jeune mammouth ira mourir plus loin, dévoré des yeux – en attendant mieux – par la clique de viandards bipèdes.
Pas très glorieux, hein ? Mais qu’est-ce que vous croyez : qu’on descend un monstre de deux tonnes à la Rahan, d’un coup d’Opinel entre les deux yeux ? En cet âge farouche baptisé solutréen, armés de sagaies à pointe de silex ou d’os, les Homo sapiens prennent le moins de risques possible. D’ailleurs, s’ils ont le choix, ils aiment autant se tailler des steaks sur un mammouth fraîchement mort de vieillesse ou de maladie…
Laurent Carozza, Cyril Marcigny