Accueil / Livres et médias / Les doigts coupés
Les doigts coupés
Les doigts coupés
Hannelore Cayre
Roman
Editions Métailié noir
Le premier roman noir préhistorique par l’auteur de La Daronne
Format Ebook | Format Kindle |
Présentation de l’éditeur
En découvrant le squelette d’une femme dans une grotte, la paléontologue n’a pas seulement mis au jour une sépulture vieille de 35 000 ans, mais également la première scène de crime de l’Histoire.
Quelle révélation est allée colporter Oli, cette femme venue du fond des âges, entraînant à sa suite l’humanité dans un chaos irrémédiable ? Qu’a-t-elle voulu nous dire en plaçant l’empreinte de sa main mutilée au centre de cette fresque de la douleur et de l’impuissance ? “Regardez donc ce qu’ils m’ont fait” ; “Regardez, ce qu’ils nous ont fait subir à nous toutes !”
Oli veut être une chasseuse car la chasse est interdite aux femmes. Comme toutes les héroïnes de l’auteur, elle est portée par le même vent de liberté et elle revendique avec une âpre autorité et un humour caustique son droit au bonheur.
D’une plume hilarante et acérée comme la lance de sa chasseuse, Hannelore Cayre mène le lecteur ravi au cœur de la préhistoire sur les traces de nos origines et joue avec notre avidité à écouter des histoires.
Edition Métailié
192 pages
14,3 x 21,5 cm
Hominidés.com
Les doigts coupés est un roman se déroulant 35 000 en arrière, au moment ou cohabitaient encore deux humanités, les Sapiens et les Néandertaliens. L’action se situe en Dordogne, région riche de grottes et sites préhistoriques de cette période. Une jeune Homo sapiens, Oli, va se rebeller contre les rites de son clan, chasser comme les hommes, rencontrer d’autres humanités et vivre comme elle l’entend.
Un livre est présenté de manière présomptueuse comme « Le premier roman noir préhistorique » mais il semble surtout être un condensé des ouvrages sur le même thème…
C’est un roman noir et il est vrai que l’ensemble des évènements du livre sont toujours malheureux, avec des personnages assez misérables. C’est le type de vision pessimiste que l’on avait découvert il y a longtemps dans le roman « La Guerre du feu » de J.H. Rosny Aîné.
Le livre est construit en suivant parallèlement l’aventure du paléolithique d’un coté et de l’autre une jeune archéologue d’aujourd’hui trouvant des restes humains dans une grotte qu’elle identifie comme une scène de crime. C’est donc exactement la même structure que le roman « Un trésor sous la colline » de Veronique Chauvy.
Les personnages sont à classifier comme ceux du roman de Sophie Marveau La Chamane de Lascaux c’est à dire que les hommes sont des brutes épaisses et uniquement tournés vers la chasse, alors que les femmes sont futées et intelligentes mais sous l’emprise des premiers. On peut quand même noter la présence du premier homme objet préhistorique, le Crétin, dont l’unique compétence est de (bien) faire l’amour à celles qui le veulent !
Comme pour la majeure partie de la production actuelle des romans de préhistoire, l’héroïne revendique sa liberté contre l’oppresseur et ne veut plus dépendre des hommes. Ce type de rapport de guerre entre les sexes peut se retrouver dans la BD Tassili de Fréwé et Maadiar.
Pour le lecteur qui n’a jamais lu un roman préhistorique ce livre peut-être une première approche simplifiée : il y a peu de références compliquées et c’est plutôt facile et agréable à lire. L’emploi d’un langage incluant des expressions actuelles peut être rebutant pour certains lecteurs mais n’ayant pas d’enregistrement de l’époque l’auteur peut prendre toutes les libertés qu’elle veut !
Le féminisme permanent tout au long de l’histoire est tout à fait dans l’air du temps mais il ne doit pas laisser penser que c’était la réalité aux temps préhistoriques…
Une chose est sure… on sait que l’on ne sait pas !
C.R.
L’auteur Hannelore Cayre
Hannelore Cayre est avocate pénaliste, scénariste et réalisatrice. Elle est l’auteur, entre autres, de Commis d’office, de La baronne (Grand Prix de littérature policière et prix Le Point du polar européen) et de Richesse oblige (Prix du Noir historique).
Un extrait de Les doigts coupés
Oncle-aîné, assis sur une pierre, tenait sa tête enfouie entre ses mains. Depuis le début de la conversation, il n’avait plus que le mot chaos à l’esprit, car il pressentait les disputes qui ne pouvaient qu’avoir lieu si la sexualité de la tribu restait aussi désordonnée :
Ce que je sais, c’est qu’il faut absolument faire cesser ce fouillis ! Si on continue comme ça, on va faire comme les animaux : se battre pour les femelles.
Chez les rennes, à la saison du rut, les jeunes mâles défient le plus âgé pour s’approprier la harde et non une femelle en particulier, objecta son neveu Lothar, ce qui fit glousser Daïne.
Ça t’amuserait, toi, si on se tapait dessus pour savoir qui baisera qui ? Tu veux que je t’en colle une tout de suite pour voir ? On doit impérativement se répartir les filles pour se cantonner à une seule compagne, sinon on ne va pas s’en sortir, martela Oncle-ainé.
Moi, c’est Idra ! cria spontanément Daino.
Et moi Arienne, fit Lothar.
C’est l’ainé qui décide, trancha Issa.
Lothar plaida la cause de son jeune frère :
Donc, vu qu’il est le plus jeune et qu’il n’y a que trois filles pour quatre hommes, il n’aura personne, même pas Erin qui pourtant est vieille et moche et a déjà plein d’enfants ?!
Je veux Idraaaa ! gémit Daïno.
Tout le monde veut Idra ! le coupa Issa.
Si on n’apprend pas à vivre dans la contrainte, on va être entraînés dans le chaos, fit à nouveau Oncle-aîné que personne n’écoutait.
Bon, qui veut Arienne ? fit Lothar. Personne ?
Donc fin de l’histoire, je prends Arienne !
Idraaaaaa !