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Les abris du Poisson et du Cap Blanc
Jean-Jacques Cleyet-Merle Editions du Patrimoine
Deux abris emblématiques aux Eyzies-de-Tayac. Le premier du fait de sa gravure unique sur le plaond de l’abri, et le deuxième pour la fresque presque moderne par son traité.
Présentation par l’éditeur :
Au temps des chasseurs-cueilleurs, l’art s’expose sur les parois des grottes et des abris. Les vallées de la Beune et de la Vézère offrent de nombreux exemples de cet art pariétal paléolithique qui apparait à ce moment magique où l’Homo sapiens, homme moderne, démontre sa capacité à l’expression symbolique. Figurés pour certains grandeur nature, les animaux de ces décors pariétaux sont représentés avec une finesse de détail et un réalisme parfois étonnants. Saumon, chevaux et bisons composent un bestiaire particulier et original qui illustre probablement l’impact de l’environnement et de ses changements sur les modes de vie de nos ancêtres préhistoriques.
Editions du Patrimoine
Collection : Regards
72 pages
24 x 26 cm
Hominides.com
Après la grotte de Font-de-Gaume ce sont les abris du Cap-Blanc et du Poisson qui ont les honneurs de la collection Regards au éditions du Patrimoine en un seul volume.
Beaucoup de photographies actuelles et anciennes sur les deux gisements donnent une très bonne idée de ce que fut leurs découvertes et leurs « aventures » parfois très mouvementées, surtout concernant le Poisson !
Une partie de l’ouvrage permet de comparer les sculptures de ces abris avec d’autres gisements préhistoriques et de les replacer dans le contexte : Roc-de-Sers, l’abri Blanchard, le Tuc d’Audoubert…
Très accessible, pour tous…
C.R.
Le soleil brille souvent en Périgord, mais c’est la pénombre et le silence d’une cinquantaine de grottes ornées qui font la réputation des rives de la Vézère et des Eyzies-de-Tayac, capitale mondiale de la préhistoire. L’abri du Poisson à Gorge d’Enfer est un joyau d’art pariétal, avec ses fragments de peinture bichrome provenant de la voûte peinte, et ses blocs gravés, sans oublier la sculpture grandeur nature (1,05 m) d’un saumon bécard, première représentation connue d’un poisson, qui témoigne de l’existence de l’activité de pêche depuis au moins 25 000 ans.
L’abri du Cap-Blanc présente une frise sculptée de chevaux considérée comme un des plus grands chefs-d’œuvre de la sculpture monumentale de l’art quaternaire.
L’auteur
Jean-Jacques Cleyet-Merle
Conservateur général, du patrimoine Jean-Jacques Cleyet-Merle est également directeur du Musée national de la Préhistoire des Eyzies-de-Tayac et administrateur des grottes et gisements préhistoriques de Dordogne. Il est co-auteur de l’Itinéraire Les Eyzies-de-Tayac et la vallée de la Vézère et auteur du Regards La Grotte de Font-de-Gaume, tous deux parus aux Editions du patrimoine.
Sommaire Les abris du Poisson et du Cap Blanc
A la rencontre des abris du Poisson et du Cap-Blanc
Préhistoire de l’expression symbolique
Les techniques de l’art pariétal
L’abri du Poisson : aux origines de l’art monumental
La sculpture en relief : une origine au solutréen
L’art monumental magdalénien
L’art monumental du Cap-Blanc
Les autres abris sculptés dans le centre-ouest de la France
Bestiaire rencontré, chassé, représenté
Regards sur
Savoirs au-delà
Les ratailles du décor monumental
Le thème du poisson dans l’art paléolithique
La sépulture du Cap-Blanc
Un extrait Les abris du Poisson et du Cap Blanc
Le contexte symbolique
Densément occupé, le vallon de Gorge d’Enfer possédait sans doute, à l’origine, un potentiel d’une grande richesse. Entre autres, l’abri Lartet livre dès 1863 quelques-uns des plus beaux objets énigmatiques en bois de renne, la grotte d’Oreille d’Enfer expose à l’air libre la riche symbolique rupestre de sa banquette d’entrée, avec un ensemble d’herbivores archaïques entouré de cupules, et l’abri du Poisson rassemble les traces d’une intense activité symbolique pendant plus de dix millénaires, de beaucoup antérieures au relief de salmonidé auquel elle doit sa célébrité.
Les décors pariétaux encore en place ou fragmentés découverts lors des différentes fouilles attestent en effet au moins trois phases d’ornementation. La plus ancienne, vers 35 000 ans BP, est garantie par un bloc découvert hors contexte par Peyrony, comportant deux vulves gravées bien datées par comparaison avec celles découvertes sur les sites voisins de Castel Merle et de la Ferrassie. Peut-être plus récent, un autre bloc est gravé de cinq cupules piquetées semblant figurer les traces d’une patte antérieure d’ours, très comparable aux motifs pariétaux d’Oreille d’Enfer. Un gros fragment de voûte (2 x 1,30 m environ) tombé du plafond et encore présent dans l’abri comporte des traces de peinture rouge et de fines gravures. Divers blocs animaliers gravés (cervidés ou caprinés et rennes schématiques) complètent le mobilier hors stratigraphie. Des plaquettes ocrées et gravées de nature encore indéterminée – desquamation de la voûte ou éléments de mobilier exogènes – pourraient indiquer une période intermédiaire dont relèveraient certaines sculptures résiduelles, notamment celle, énigmatique, en forme de corne de rhinocéros, en avant de la tête du saumon. D’autres témoignages, typiquement rupestres, viennent s’ajouter à ce corpus déjà impressionnant : une série de sept anneaux, dont six en place sur le plafond, témoigne d’une densité étonnante pour une aussi petite superficie. Enfin, l’argument de datation le plus probant réside en ces traces de colorant noir figurant une main négative entourée d’une auréole bleuâtre et protégée par une mince couche de calcite ; ces éléments datent vraisemblablement du gravettien la dernière phase du décor, dont le saumon en champlevé représente l’un des ultimes témoignages. Une telle permanence de l’usage symbolique dans un abri d’une taille aussi réduite est tout à fait exceptionnelle…