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Le choc de Carnac
Le choc de Carnac
Sophie Marvaud
Editions du Patrimoine
Les modes de vies des Homo sapiens se spécialisent il y a 7 000 ans... Des communautés vivent à côté les unes des autres, en évitant le plus souvent les rencontres... Le meurtre d'un commerçant itinérant va mener à l'affrontement...
Carnac, début du Ve millénaire avant notre ère. Malgré des tensions, les chasseurs-cueilleurs nomades de la Forêt-des-buttes parviennent à cohabiter avec les pêcheurs de la côte. Mais de nouveaux-venus se préparent à incendier la forêt pour cultiver la terre. Chargé d’un message de paix, le commerçant Pas-de-Géant est assassiné. La guerre semble inévitable.
Trois femmes s’interposent : Lynx, une jeune nomade audacieuse, Paruline, la deuxième épouse d’un riche pêcheur, et La Vivace, une cultivatrice dévouée. Elles obtiennent un sursis pour mener l’enquête sur la mort du commerçant. Le meurtrier une fois découvert, le groupe auquel il appartient devra quitter la région, laissant les autres peuples se partager le territoire. Convaincu que l’assassin n’est pas chez lui, chacun accepte cette issue radicale.Peu à peu, elles mettent à jour des secrets inavouables… L’enquête résistera-t-elle à leurs intérêts opposés et à leurs différences de croyances ? Le sort de chaque peuple se jouera finalement lors d’une grande cérémonie rituelle au milieu des pierres dressées de Carnac.
Editions du Patrimoine
Nouveau monde éditions
11 x 17 cm
Hominides.com
Deuxième roman préhistorique de Sophie Marvaud. Après le Paléolithique – Meurtre chez les Magdaléniens voici le Néolithique – Choc de Carnac. Comme le premier opus, l’auteur décrit des paysages et des modes de vie qui sont tout à fait vraisemblables et conformes par rapport aux études et découvertes scientifiques. Les réactions et les rapports humains peuvent parfois être ressentis comme très proches de nous, mais rien ne prouve que ce ne fût effectivement pas le cas.
L’histoire se déroule il y a 7 000 ans en Bretagne, alors que plusieurs clans très différents cohabitent dans la région… Les nomades sont les plus mobiles et ne vivent que de chasse et cueillette en forêt, les pêcheurs installent des pièges pour attraper des poissons et récoltent du sel, les cultivateurs, les plus nombreux, sont toujours à la recherche de nouvelles terres pour agrandir leur élevages et les champs…
Et toutes ces tribus, avec chacune leur règles, leurs mode de vie et leurs croyances, vivent les unes à côtés des autres, dans un mélange de défiance et d’ignorance.
Un meurtre est commis dans la forêt.
Cet événement risque de déclencher une guerre entre les communautés. Au milieu de la tourmente, trois femmes, issues des différents clans vont se lancer à la recherche du meurtrier. Au fil des enquêtes, nous allons mieux percevoir les attentes et les besoins des communautés pour arriver dans les dernières pages à découvrir le nom du meurtrier et ses motivations.
L’intrigue est solide et vous tient en haleine, les fausses pistes se multiplient… c’est un bon roman policier préhistorique.
Bien sûr, et c’est semble-t-il une marque distinctive de Sophie Marvaud dans ses romans, les femmes sont au centre de l’intrigue et ont la part belle ! Suivez donc les recherches de La Vivace, Paruline et Lynx…
C.R.
Sophie Marvaud
Historienne et romancière, Sophie Marvaud a publié notamment Le Secret des cartographes (Plon, 2008, Livre de poche, 2010, lauréate du prix « Saint-Maur en poche ») et Suzie la rebelle dans la Grande Guerre (Nouveau Monde éditions, 2014). Conseillée par les plus grands spécialistes, Sophie Marvaud aborde dans Meurtre chez les Magdaléniens la question des rapports sociaux dans la Préhistoire.
Un extrait du livre « Le choc de Carnac «
Ça y est, je suis en train de mourir, se disait La Vivace. Sa jambe piquée par le serpent avait gonflé, gonflé … au point de lui paraître aussi épaisse et lourde qu’un tronc d’arbre. Le reste de son corps avait au contraire rétréci. Il était devenu si léger qu’un coup de vent avait fini par l’emporter jusqu’à un trou humide. Autour d’elle, on préparait ce qui restait de son cadavre.
Sa jambe était frottée avec un onguent pour supprimer l’odeur du venin. Un feu avait été allumé. Est-ce qu’on allait l’incinérer? Non, on avait décidé de l’enterrer. Ses poumons étaient déjà remplis de terre humide. Il ne fallait pas l’ensevelir avant qu’elle ne soit vraiment morte! Affolée, elle se débattit mais la Mort en personne se pencha sur elle et lui dit de se tenir tranquille. Tout en se révoltant de perdre la vie maintenant, La Vivace trouvait intéressant de savoir à quoi la Mort ressemblait: ses yeux démesurés étaient pleins de gravité, elle n’avait ni nez ni bouche, et elle était coiffée d’une ramure de cerf.
À force de volonté, La Vivace réussit à ouvrir les yeux un peu plus longtemps. Elle ne fixait pas un visage mais un masque suspendu à une paroi rocheuse. La voix ne provenait pas de là, elle arrivait sur le côté. Elle était amicale.
– Tu as moins mal ?
La Vivace fut agréablement surprise de découvrir que la Mort parlait sa langue – avant de réaliser que son interlocutrice était vivante. Il était encore plus surprenant que quelqu’un parle la langue des Cultivateurs dans la Forêt-desButtes ! Luttant contre la lassitude, elle parvint à tourner la tête. Elle était soignée par une femme aux yeux d’un noir profond. Son beau visage aux pommettes hautes et au . menton décidé était plein de caractère. Ses longs cheveux bouclés étaient maintenus en arrière par un bijou de cuir. D’après le tatouage des mains, c’était une Nomade.
– C’est bizarre, je comprends ce que tu dis, murmura La Vivace.
La femme lui sourit avec bienveillance.
– Je t’expliquerai plus tard. Ta fièvre est tombée. Tu es sauvée. Maintenant, tu dois dormir.
***
Lynx et Paruline encadraient Joli-Coffre en marchant, la Nomade devant, la Pêcheuse derrière. Elles suivaient le sentier qui menait directement à Pointe-sous-le- Vent, celui que Pas-de-Géant avait emprunté six jours plus tôt.
Paruline ressentait une immense satisfaction, comme cela lui était rarement arrivé depuis l’enfance. Elle avait bénéficié d’une grande liberté en grandissant sur l’île de Lointain-etProche l où ne vivaient pas d’animaux dangereux et où l’on apprenait tôt à nager. Petite fille, elle avait pagayé, escaladé les rochers, fabriqué des couteaux, tiré à l’arc … des activités réservées aux garçons dans d’autres villages de Pêcheurs. À huit ans, elle avait étonné Bassan par son audace, lui qui en avait seize. C’était alors un jeune homme pauvre, fiancé à Circaète; pour obtenir sa main, il avait l’obligation de servir son futur beau-père pendant trois ans. Quand il repartit enfin à Pointe-sous-le- Vent avec sa femme, la jeune Paruline fut dévastée par un chagrin d’amour. Les années suivantes, elle s’était cachée de Bassan lors des fêtes qui réunissaient les Pêcheurs de la côte. Rien n’avait donc préparé le jeune homme à ses retrouvailles avec une splendide jeune fille aux formes généreuses, à la peau brune et lisse, aux yeux d’une couleur extraordinaire. Frappé par la foudre, il l’avait courtisée avec d’autant plus de pugnacité qu’elle lui résistait. Elle n’avait pas oublié sa tristesse d’enfant.
Entre-temps, non seulement il avait eu deux filles, mais il était devenu un homme riche. Il avait inventé d’ingénieux barrages de pierres qui permettaient d’attraper facilement de nombreux poissons. Dorénavant, il n’avait plus besoin de servir un père pour obtenir une femme – il pouvait l’échanger contre ses réserves de poissons séchés. Paruline avait fini par céder. Ils avaient été follement heureux, sous l’ œil résigné de Circaète. Puis le couple avait semblé trouver son équilibre entre les satisfactions et les irritations réciproques … jusqu’à ce que Bassan choisisse une troisième épouse, deux ans plus tôt.
Paruline considérait qu’elle avait eu sa part de bonheur. Elle acceptait de ne plus être aimée comme autrefois. Elle plaignait même Harelde qui devait dorloter un homme déjà âgé, ventru et exigeant. Elle ne regrettait qu’une chose: l’estime que Bassan lui avait portée. Aujourd’hui, elle avait une chance de le reconquérir! Lynx et elle avaient excellé dans leur mission. Grâce à elles, ni les Pêcheurs ni les Nomades ne devraient renoncer à la Forêt-des- Buttes…