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Le chant du bison
Le chant du bison Antonio Pérez Henares Roman Editions Hervé Chopin
Présentation de l’éditeur
Chat-Huant est encore jeune lorsqu’il voit arriver dans sa grotte celui que l’on surnomme l’Errant, que tout le monde craint et respecte. La solitude du petit garçon et son intelligence poussent le grand homme à l’emmener avec lui dans son long périple.
Un voyage initiatique commence alors pour le jeune Homo sapiens, qui découvre de nouvelles contrées, de nouveaux horizons, de nouveaux clans, leur art, le pouvoir des femmes… Il va aussi s’approcher de la vallée des Premiers Hommes où vivent Terre d’Ombre et les Néandertaliens.
Mais alors que les Lunes de glace deviennent de plus en plus rudes, alors que chaque nuit est une occasion de mourir, Chat-Huant et Terre d’Ombre comprennent qu’ils ne vont pas avoir d’autre choix que celui de s’affronter pour tenter de survivre.
Edition Hervé Chopin
496 pages
14,5 x 22 cm
Extraordinairement documenté, Le Chant du Bison est aussi un roman d’amour et d’aventure au temps de la dernière glaciation. Best-seller en Espagne dès sa sortie, Le Chant du Bison est particulièrement actuel, mettant en lumière les valeurs écologistes et féministes de nos ancêtres néandertaliens.
L’auteur Antonio Pérez Henares
Antonio Pérez Henares est né en Espagne en 1953. Écrivain et journaliste, il est l’auteur de nombreux romans historiques, dont la célèbre trilogie préhistorique, Nublares, Le Fils du héron et Le dernier chasseur. Le Chant du Bison est son premier roman traduit en France. Le deuxième est Le Clan des Brumes sorti en 2024.
Un extrait de Le chant du bison
Les Premiers Hommes n’avaient pas peur des lions, même s’ils savaient qu’ils pouvaient les tuer avec leurs griffes et leurs crocs.
Car eux aussi, ils pouvaient les effrayer avec le feu, les blesser avec des pierres ou les tuer avec leurs lances. Les uns et les autres le savaient. Aussi, lorsqu’ils se voyaient, ils gardaient leurs distances. Dans la vallée vivaient deux troupes de lions, une à l’extrémité la plus élevée de la rivière et une autre là où l’eau s’apaisait dans un évasement. Il arrivait qu’une nuit un chasseur à la traîne ou une femme tardant à rentrer au campement ou à la grotte disparaisse et qu’un reste indique sous quelles griffes il ou elle avait succombé, mais les attaques restaient rares. Parfois, un enfant était victime des hyènes tachetées, mais si cela se reproduisait un groupe partait en direction de leurs tanières, incendiait les versants qui les abritaient et, s’il le pouvait, tuait un lion des cavernes. Celui qui assénait le dernier coup de lance gagnait le droit de garder les crocs et les griffes d’une des pattes de l’animal. Les griffes des trois autres pattes étaient réparties entre tous ceux qui avaient participé à l’expédition de chasse.
Celle-ci donnait lieu à des récits pendant de nombreuses soirées, surtout quand il faisait si froid qu’il fallait rester des lunes entières presque sans sortir des abris.
Les anciens disaient qu’en d’autres temps il y avait autant de troupes de Premiers Hommes que de lions. Mais désormais, de l’autre côté des montagnes, il semblait n’en rester que quelques-unes de félins et pas la moindre de Premiers Hommes. Les seuls qui croissaient en nombre et expulsaient du territoire les uns et les autres étaient les Peaux Sombres. Et c’était à cause d’eux, et non à cause des lions, que les chasseurs de la vallée franchissaient les cols et descendaient dans les plaines uniquement en cas de nécessité.
Un jour qu’ils s’y étaient aventurés, ils avaient capturé la Peau Sombre, ainsi qu’un vieillard et un petit déjà sevré. D’après leur récit, ils avaient tué un jeune qui avait brandi contre eux une de ses fines lances et blessé un des leurs. Ils avaient fait fuir plusieurs femmes avec leurs petits, qui s’étaient dispersées en poussant des cris pour aller se cacher. Ils auraient peut-être pu toutes les emmener, mais ils avaient décidé de repartir le plus vite possible, sachant que les chasseurs des Peaux Sombres n’étaient pas loin et que, dès qu’ils verraient ce qui s’était passé, ils les poursuivraient et tenteraient de libérer les prisonniers. Le chef du groupe avait ordonné de faire demi-tour et, à la nuit tombée, ils étaient déjà sur le versant de la montagne, où ils s’étaient installés pour dormir sans allumer de feu. Puis ils avaient repris leur ascension à la première lueur du jour et franchi le col du Nevero au moment où il scintillait sous les premiers rayons du soleil.
Lorsqu’ils étaient arrivés avec leurs prisonniers au campement, ils avaient été accueillis par le silence et l’inquiétude des femmes, mais aussi des chasseurs les plus avertis. Les membres de l’expédition figuraient parmi les plus jeunes. Seul celui qui la dirigeait et avait ordonné un retour immédiat après les affrontements avait un âge avancé et de l’expérience.
Les anciens et les chefs des chasseurs du Grand Abri, de la Tanière des hyènes, qui tirait son nom des bêtes auxquelles elle avait été arrachée, et des autres refuges voisins de la vallée s’étaient rassemblés autour d’un feu pour parler de ce qui s’était passé et y réfléchir. Auparavant, ceux qui connaissaient bien les passes de la montagne s’étaient postés aux cols de Peña Cabra, du Nevero et de la cascade de Navafría pour alerter les autres en cas d’attaque des Peaux Sombres.