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La vie secrète des gènes
Evelyne Heyer
Editions Flammarion
Identité, culture, différence : nos gènes au coeur de l'actualité
Présentation de l’éditeur
2 mètres d’ADN, 46 chromosomes, 25 000 gènes… Tapis dans le minuscule noyau de nos cellules, nos gènes déterminent qui nous sommes, voire comment nous agissons au quotidien ou de quelles maladies nous souffrirons, tout en nous connectant à la vaste saga de notre espèce. Alors
qu’ils font de nous un être unique, héritier de millions d’années d’évolution biologique et culturelle comme des hasards de la vie, les gènes restent pourtant mystérieux.
En une quarantaine de courts chapitres très accessibles inspirés de ses chroniques dans La Terre au carré sur France Inter, Evelyne Heyer lève un coin du voile et nous conte leur vie secrète, de la disparition de Néandertal à l’isolement génétique des Basques, de la transition néolithique à la dégénérescence annoncée du chromosome Y en passant par la notion frelatée de race ou les différences entre « vrais » jumeaux.
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Parution le 12/10/22
224 pages
Hominides.com
La biologiste Evelyne Heyer publie un nouvel ouvrage sur la génétique des populations et surtout de celle qui nous intéresse en premier chef : nous, les Homo sapiens !
Ce livre est basé sur les thèmes abordés par l’auteur dans ses chronique diffusées dans l’excellente émission « La tête au carré » sur France Inter. Ce sont donc à la base des thématiques partant d’une (ou plusieurs) études scientifiques qu’elle décortique pour en faire une histoire accessible à tous. Avec un savoir-faire vulgarisateur, Evelyne Heyer nous explique des concepts génétiques assez compliqués dans des mots simples et sans jamais nous ennuyer ! Chaque chronique est développée sur 3 ou 4 pages.
Les sujets sont divers et vont de la disparition de Néandertal, aux couleurs de peau des Homo sapiens, en passant par les femmes chasseuses aux Amériques, ou l’intolérance au lait encore fortement présente dans certaines populations…
Les chroniques peuvent se lire dans l’ordre qui vous plait mais toujours avec une notion de simplicité. Le style de cet ouvrage non dénué d’un certain humour n’est pas sans rappeler les chronique de Stephen Jay Gould à propos de l’évolution, ou celles d’Yves Coppens pour la préhistoire !
Génétique + Histoire + une pincée d’humour , c’est la recette d’Evelyne Heyer pour aimer et comprendre la génétique.
C.R.
L’auteure, Evelyne Heyer
Évelyne Heyer est professeure au Muséum National d’Histoire Naturelle en anthropologie génétique.
Directrice du Laboratoire d’éco-anthropologie et ethnobiologie associé au CNRS. Responsable du département Génétique des populations humaines.
Commissaire scientifique du musée de l’Homme, elle a dirigé Une belle histoire de l’Homme (Flammarion, 2015 et 2022, « Champs », 2017). Son avant dernier livre, L’Odyssée des gènes a été traduit en une dizaine de langues et a reçu trois prix.
Illustrations d’Alice Mazel (Le Grand Bordel de l’évolution, Le Houblonomicon).
Du même auteur
On vient vraiment tous d’Afrique ? (avec Carole Reynaud-Paligot)
Une belle histoire de l’homme (sous la direction d’Evelyne Heyer) 2018
Devenir humain 2019
L’Odyssée des gènes 2020
Sommaire de La vie secrète des gènes
Notre préhistoire lointaine
Le legs de Néandertal
Premiers baisers avec Néandertal
Denisova, notre autre cousin disparu
Le paradoxe de l’accouchement
4 000 nuances de peau
L’extinction de Néandertal
Mères à vie
Deux humanités dans la jungle
La solitude de Sapiens
Les femmes dans la préhistoire
Les humains, des singes qui coopèrent
La fin de la conquête de la Terre et le Néolithique
La colonisation de l’Amérique et ses énigmes .
Des mutations pour conquérir la planète
Du Moyen-Orient dans notre génome
Les Pygmées, faux miroirs de notre passé
Les Yamnayas, ancêtres cachés des Européens
Notre culture façonne l’ADN de l’humanité
Le verre (de lait) de trop
Les Basques jouissent-ils d’une autonomie (génétique) ?
Au Moyen Âge et après
Tous fils de Gengis Khan !
Tous cousins !
Les femmes voyageuses
Mystère au Québec
Toujours plus nombreux
Les grandes épidémies se lisent dans nos gènes
Question de taille
Les temps modernes et leurs nouveaux outils
La grande aventure du décryptage de l’ADN
Le faux déterminisme de l’intelligence
Le boom des jumeaux
Des archives génétiques dans la terre
Cerveau néandertalien vs cerveau sapiens
Néandertal parlait-il ?
Existe-t-il des « races » humaines ?
L’intelligence a-t-elle varié au XXe siècle ?
Le hasard, à la source de la vie
Conclusion
Notre évolution va-t-elle se poursuivre ?
Bibliographie
Remerciements
Un extrait de « La vie secrète des gènes »
La génétique réfute la notion de « races humaines ».
L’apparence des humains ne dit absolument rien de leurs comportements, leur intelligence, tout ce qui les définit par ailleurs.
Il choque, heurte les sensibilités, renvoie aux pages sombres de l’histoire. Le mot « race » pourrait être chez nous, toutes proportions gardées, l’équivalent du n-word exécré par les Américains. N’empêche : le terme n’en figure pas moins dans l’article 1 de notre Constitution, qui pose que la France « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». Des ministres et des parlementaires ont bien essayé de l’en rayer ces dernières années, mais le socle de notre République est une masse qu’on déplace difficilement. Et il faut dire que rendre tabou le mot race, tout en se prémunissant contre le racisme, relève de l’exercice d’équilibriste.
Mais que dit la science sur le sujet ? La notion de diversité génétique a tout simplement réfuté l’existence de « races » chez l’Homme. La diversité génétique ? Une mesure de l’éventail de variation de nos ADN. L’ADN est un grand livre composé de seulement 4 lettres, A, C, T, G. Chez Sapiens, ce livre est fait de 3 milliards de ces lettres, soit une encyclopédie de 600 000 pages tout de même ! Pour estimer la diversité des encyclopédies portée par la population mondiale, les généticiens alignent les ADN de deux individus et comptent le nombre de lettres qui les distinguent.
Dans notre espèce, cet écart est de 1 ‰ : deux personnes possèdent une lettre différente toutes les 1 000 lettres, soit 3 millions au total, en moyenne. Autrement dit, nous sommes tous identiques à 99,9 %. Notre variabilité est faible par rapport aux autres grands primates : les différentes populations de chimpanzés vivant en Afrique sont deux fois plus hétérogènes que nous, et les orangsoutans de l’île de Bornéo le sont trois fois plus. Ainsi, bien que nous soyons plus de 7 milliards répartis sur
toute la planète, nous appartenons à une espèce de faible diversité génétique.
Si nos différences sont si minimes, d’où vient le nuancier infini de nos apparences ? Justement, c’est la leçon de la génétique : les apparences (physiques) sont trompeuses. Pour ne parler que de la couleur de peau, qui a été employée pour définir les races, si on compare un individu de couleur de peau d’ébène et un autre à la peau d’albâtre, seule une dizaine de différences génétiques expliquent ce contraste. Une dizaine parmi les 3 millions de différences entre deux humains, c’est ridiculement peu !
Ces gènes responsables du teint de la peau ne disent rien du comportement, de l’intelligence, de la résistance aux maladies… Et n’allez pas croire qu’il est possible d’établir des corrélations entre le reste du génome et ces courtes séquences d’ADN. Celles-ci ne reflètent pas non plus les différences génétiques moyennes entre deux individus. Par exemple, les aborigènes d’Australie de couleur de peau foncée sont plus proches génétiquement des populations du Laos, de couleur plus claire, que de populations de couleur foncée d’Afrique…