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La préhistoire du piéton
La préhistoire du piéton
Nos ancêtres déjà bipède ?
Nouvelle édition – Préface de Françoise Soubeyran, ethnologue
Yvette Deloison
Les hommes préhistoriques ne sont pas devenus bipèdes… un lointain ancêtre, il y a 15 millions d’années marchait déjà sur ses 2 jambes ! |
Présentation de l’éditeur
Non ! l’homme ne descend pas du singe. Cette théorie est fausse : l’ancêtre de l’homme n’est ni un grand singe descendu de son arbre, ni un quadrupède qui se serait peu à peu redressé en position debout, ni même un australopithèque.
Docteur d’État ès-Sciences, chercheur au CNRS, Yvette Deloison expose sa découverte : l’ancêtre de l’homme et des autres hominoïdes était un primate déjà bipède, vivant au sol. Ses mains n’ayant jamais servi de pied, l’homme n’a jamais marché à quatre pattes.
Toutes les théories en vigueur sont battues en brèche par les arguments anatomiques et scientifiques présentés ici, dont la solidité nous amène à nous interroger sur les idées reçues qui verrouillent la recherche.
Hominides.com
La réédition de l’ouvrage d’Yvette Deloison était véritablement attendue. La théorie développée par la chercheuse va véritablement à l’encontre des idées reçues dans le grand public mais également de celles de nombreux anthropologues.
Jusqu’à présent l’image la plus populaire de la bipédie humaine est celle d’une frise représentant des ancêtres de l’homme se redressant peu à peu en commençant par la marche à 4 pattes (quadrupédie) pour finir sur 2 jambes et donc bipède.
Yvette Deloison s’est attaché à l’étude du pied chez l’homme, les grands singes et des hominidés fossiles. Ses résultats sont sans appel, l’ancêtre commun de l’homme et des grands singes devait déjà être bipéde. Ses travaux l’amènent à faire l’hypothèse d’un « protohominoïde bipède » non-spécialisé qui serait apparu il y a 15 millions d’années. Cette espèce serait à l’origine des lignées humaines et des grands singes.
Ce protohominoïde serait plus proche anatomiquement parlant de l’espèce humaine. Certaines de ses caractéristiques physiques se retrouveraient chez l’homme moderne alors que les grands singes auraient évolués différemment.
Cette théorie de la « bipédie originelle » qui intègre les recherches anatomiques publiées d’Yvette Deloison est certes révolutionnaire mais d’une si grande logique que plusieurs grands spécialistes commencent à l’intégrer dans leur discours…
C.R
format 21,5×13,5
240 pages
16 photos et schémas N & B
L’auteur de l’ouvrage La Préhistoire du Piéton
Née en 1942, Yvette Deloison se destine à l’enseignement : en 1970, elle obtient une maîtrise de sciences naturelles.
Deux ans plus tard, elle entre au laboratoire d’anthropologie de la faculté de médecine des Saints Pères où elle soutiendra en 1979 une thèse sur l’Homme actuel, tout en obtenant un certificat international d’Écologie humaine. Elle intègrera par la suite le Muséum d’histoire naturelle et soutiendra brillamment en 1993 une thèse sur l’étude de la locomotion des hominidés fossiles et la place à leur donner par rapport à la lignée humaine. Sa Préhistoire du Piéton, fruit des recherches de toute une vie, est destiné à marquer l’histoire de l’anthropologie.
Sommaire de l’ouvrage La Préhistoire du Piéton
Préface Subdivisions des ères géologiques Classification des primates Chapitre 1 Regards en arrière Chapitre 2 La locomotion animale De la moule à l’australopithèque Chapitre 3 Tombés des branches de notre arbre généalogique : les grands singes – Comportement locomoteur – Anatomie – Anatomie osseuse du pied – Caractéristiques de la main et du pied des grands singes – Tableau comparatif donnant les principales proportions du pied – La calcanéum – Etude musculaire du pied comparée entre l’homme, le chimpanzé et le gorille – Bilan fonctionnel du pied chez le chimpanzé comparé à celui de l’homme – Croissance postnatale Chapitre 4 L’homme : ses caractères anatomiques – Anatomie du fémur et du tibia humain. Liste des muscles concernés par le maintien automatique de la position bipède – Qui, parmi les hommes fossiles, a le droit au label d’homme ? Chapitre 5 Les australopithèques : les grands singes disparus – Caractères anatomiques – Caractères anatomiques du membre supérieur – Caractères anatomiques du membre inférieur – Les empreintes de pas Chapitre 6 Les théories « officielles » Ces théories sont-elles compatibles avec les lois de l’évolution ? – L’ancêtre, quadrupède au sol ? – L’ancêtre, quadrupède arboricole ? – L’ancêtre de type gibbon ? Chapitre 7 Croissance prénatale et génétique – Embryons et foetus – Génétique Chapitre 8 Le protohomnoïde Chapitre 9 Espoirs et limites de la fossilisation Chapitre 10 Conclusion Bibliographie Index Remerciements |
Un extrait de l’ouvrage La Préhistoire du Pièton
Quand j’ai abordé l’étude du pied des australopithèques et de leur locomotion, c’était pour tenter de les situer par rapport à la lignée humaine. Je n’aurais jamais imaginé alors les énormes implications qui allaient en découler et m’amener à remettre en cause toutes les théories sur l’origine de l’homme. J’étais confortablement installée sur le matelas douillet des idées reçues, bien que gardant, dans le fond de moi-même, une certaine perplexité. Le recours à l’examen anatomique le plus concret m’a mise en face des réalités objectives : non, l’homme ne peut descendre ni d’un primate de type grand singe, ni même d’un australopithèque. La bipédie originelle de sa lignée s’impose comme une évidence. De ce primate vertical se sont détachées les branches menant aux grands singes, aux australopithèques et à l’homme. Chaque branche s’est orientée dans des sens différents de spécialisation : suspension, brachiation et stricte bipédie au sol.
La prise de conscience de l’importance de cette découverte déclenche une réaction en chaîne qui fait trembler les bases de nos certitudes. Mais l’obstacle à une remise en cause drastique, plus que l’absence de fossiles, est une barrière psychologique. Le manque de confiance dans notre propre jugement nous pousse à accepter sans hésiter les théories en vigueur. La peur d’affronter l’inconnu ou de déboucher sur une impasse nous dissuade de remettre en question les opinions couramment admises. Pour avancer, il faut prendre des risques et faire table rase de ce qu’on croyait savoir, sans craindre de buter sur des questions sans réponses ou des réponses insatisfaisantes pour l’homme actuel. Détruire une erreur est faire un pas vers la vérité.
Remettre en cause l’origine de l’homme et des autres primates entraîne une nouvelle réflexion quant à celle des vertébrés. Si, comme je le démontre, l’homme ne peut avoir un père simien, un grand-père reptilien paraît invraisemblable. Rien dans l’anatomie humaine ne suggère un tel passé. Toutes les connaissances relatives aux périodes antérieures à l’homme s’en trouvent bouleversées, tant les enchaînements d’idées que les déductions s’effondrent comme un château de cartes. Considérer que les poissons de l’ère primaire sont de structure simple et donc représentent des débuts de lignées phylogéniques, c’est partir de prémisses fausses. L’ultraspécialisation de ces animaux traduit en fait leur ancienneté et par conséquent leur impossibilité à avoir engendré, par exemple, les mammifères.
Quelle que soit l’espèce considérée, un animal ne peut descendre que d’ancêtres moins spécialisés que lui, eux-mêmes dérivant à l’origine d’un animal de structure plus simple et encore moins spécialisé. Cet organisme primitif devait être doué de fortes potentialités évolutives puisqu’il a donné naissance à une descendance très diversifiée. En revanche, son aptitude à la fossilisation devait être faible car il n’a pas laissé de traces connues actuellement.
Or, à l’ère primaire, s’il existait tant d’espèces fortement spécialisées telles que poissons cuirassés ou insectes géants, il a fallu de très longues périodes d’évolution antérieure, ce qui oblige à reculer plus loin dans le temps qu’on ne le pensait l’histoire des vertébrés ou des arthropodes. Les vastes terres émergées du précambrien ont dû être très fréquentées et abriter de nombreuses espèces entièrement disparues et pourtant à l’origine de celles qui nous paraissent primitives. Parmi elles, un petit organisme vertical était-il déjà apparu ? En tout cas, il est logique pour moi de penser qu’un tel être soit en amont des différentes lignées de vertébrés. L’ancienneté de leur divergence occulte l’unité fondamentale de leur structure. Le plan général d’organisation commun à tous les vertébrés devait déjà être présent chez leurs plus anciens ascendants. Certains de leurs héritiers ont penché vers la quadrupédie. Les futurs oiseaux, eux, sont demeurés bipèdes, mais avec des spécialisations poussées aboutissant au vol pour une majorité d’entre eux. Le protohominoïde a transmis sa verticalité originelle à sa descendance humaine. Quoi qu’on en pense, la position redressée ne présente pas suffisamment d’avantages pour qu’elle ait été maintenue selon les critères classiques de la sélection naturelle. Alors, saura-t-on un jour pourquoi la bipédie a été conservée par l’homme ?
Brigitte Senut avec Michel Devillers