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La grotte Cosquer révélée
Pedro Lima Editions Synops Les secrets du sanctuaire préhistorique englouti
Le 6 novembre 2022, le Grand Prix du Livre d’archéologie RAN2022 a été remis à Pedro Lima pour le livre « La Grotte Cosquer révélée ».
Présentation par l’éditeur :
Cet ouvrage richement illustré retrace l’histoire de la grotte Cosquer, site préhistorique orné unique au monde immergé au large des Calanques de Marseille.
La cavité a été fréquentée durant des millénaires par des chasseurs-cueilleurs de la période paléolithique, entre -33 000 et -19 000 ans. Ils y ont peint et gravé des centaines de signes et de figures animales (chevaux, bisons, bouquetins…) dont des animaux marins uniques dans tout l’art pariétal (phoques et pingouins).
Partiellement engloutie il y a 9 000 ans après la dernière glaciation, la grotte a été redécouverte à la fin du siècle dernier et déclarée officiellement en 1991, avant d’être étudiée par les scientifiques.
Ce livre partage toute la beauté, l’émotion et les connaissances acquises sur ce site extraordinaire, aujourd’hui menacé par la montée du niveau des mers liée au réchauffement climatique. Il révèle aussi les secrets de sa réplique, ouverte au public en 2022 à Marseille.
L’ouvrage contient des témoignages de plongeurs et scientifiques qui ont visité le site, et se prolonge avec une visite virtuelle de la grotte sur smartphone et tablette.
240 pages
Tr!s nombreuses illustrations
Ouvrage enrichi de compléments multimédia accessibles grâce à l’application gratuite SynApps sur smartphone.
Hominides.com
Découverte en 1985, la grotte Cosquer est une des dernières grandes grottes ornées recensée sur le territoire français. Totalement inattendue dans la région c’est également la première fois qu’une grotte préhistorique a été inventée par des plongeurs ! Son accès par un conduit situé sous le niveau de la mer est à la fois son ultime protection mais également la raison de son futur ennoiement.
L’ouvrage « La grotte Cosquer révélée » resitue la cavité dans son environnement et sa temporalité. La parole est donnée au passé et aux chasseurs-cueilleurs du paléolithique qui ont parcouru la région, chassé les chevaux, les bisons, les aurochs…
La grotte Cosquer est tout d’abord topographiée et replacée dans son contexte au moment ou les préhistoriques ont découvert, à pied sec, au bas des falaises, une cavité… Ils s’y sont engouffrés il y a 33 000 ans !
La découverte de la cavité en 1985 et des représentations en 1991 font l’objet du chapitre suivant. C’est une aventure humaine ou la curiosité et le courage sont les ingrédients indispensables de cette exploration sous-marine…
Pendant 30 ans les plongées et les découvertes vont se multiplier dans la cavité sous-marine, a la fois les peintures pariétales, les mains négatives mais également des traces de foyer, des coquillages et même des empreintes de matériaux tissés… Les études vont également mettre en avant les fluctuations du niveau de l’eau, les traces de pollutions…
Les passionnés vont ensuite redécouvrir Cosquer et ses représentations pariétales positionnées sur le plan de la grotte pour tenter de comprendre la volonté des Homo sapiens du passé pour réaliser les œuvres. La majorité des animaux figurés sont identiques à celles des autres grottes ornées (chevaux, bouquetins, bisons…) mais certaines comme le pingouin, le phoque ou les poissons sont typiques d’une région de bord de mer il y a 33 000 ans… C’est dans cette partie du livre que les photographies sont les plus nombreuses et extraordinaires.
Pour préserver ces représentations et sachant qu’il est impossible de « détacher » la paroi les scientifiques ont décidé de faire un relevé 3D de l’ensemble de la grotte. Indestructible, cette représentation en 3D sera toujours consultable par les générations futures.
L’ouvrage se tourne ensuite vers le futur avec l’ouverture prévue en 2022 de la réplique de la grotte Cosquer. C’est à partir du double numérique de la cavité que les panneaux les plus emblématiques seront présentés.
Un ouvrage remarquable sur le passé, le présent et le futur de la grotte Cosquer… Un texte intelligent mais pas technique, des photographies rares mais esthétiques… c’est l’occasion de « plonger » vous aussi dans la connaissance de cette magnifique grotte.
C.R.
Sommaire de La grotte Cosquer révélée
Introduction
Contribution
Marseille avant Massalia
La préhistoire du territoire marseillais
Ingrid Sénépart
Chapitre 1 : Le massif des calanques
Un monument naturel sculpté par l’eau
Chapitre 2 : De la découverte à l’autentification
Un fabuleux bestiaire
Une grotte à jamais gravée dans ma mémoire
Pascale Oriol
Une cavité hors du temps, comme figée pour l’éternité
Jean Courtin
Chapitre 3: 30 ans de découvertes
Les secrets révélés du sanctuaire englouti
L’art pariétal de la grotte Cosquer
Une bulle de mémoire emprisonnée dans le calcaire
Témoignage de Jacques Collina-Girard
Une impression de grâce et de fragilité
Témoignage de Jean Clottes
Un choc estehtique violent qui marque pour la vie
Témoignage de Luc Vanrell
Comme un message laissé par ceux qui nous ont précédés
Témoignage de Michel Olive
Le passé de l’humanité se trouve en grande partie sous la mer
Témoignage de Michel L’Hour
Chapitre 4 : Plongée dans la préhistoire
A la découverte du sanctuaire englouti
Chapitre 5 : L’aventure de la 3D
La grotte dans toutes ses dimensions
Une rencontre incroyable et un émerveillement absolu
Guillaume Thibault
Un lieu hors du temps et coupé du monde
Bertrand Chazaly
Chapitre 6 : De la grotte à la réplique
La grotte Cosquer partagée
Un talent et une énérgie perceptibles sur les parois
Témoignage Alain Dalis
Des artistes accomplis, dont les oeuvres nous émeuvent encore
Témoignage Gilles Tosello
Contribution La grotte Cosquer un passage de témoin
Geneviève Pinçon
Conclusion Un patrimoine humain en sursis
L’auteur
Pedro Lima, Journaliste scientifique (textes).
Un extrait de La grotte de Cosquer révélée
Le mystère des mains incomplètes
Le mystère des mains incomplètes Durant les campagnes de 2002 et 2003, les préhistoriens reprennent l’étude des nombreuses mains, essentiellement négatives (73 d’adultes et 4 d’enfants selon le dernier recensement publié), qui tapissent les parois de la grotte Cosquer. La représentation de la main, positive ou négative, constitue l’une des figurations les plus anciennes et les plus courantes de l’art pariétal paléolithique et de l’art rupestre mondial au sens large. On en retrouve sur les sites de peintures aborigènes d’Australie, en Patagonie argentine (Cueva de las Manos) et dans la cavité ornée la plus ancienne connue à ce jour, la grotte Chauvet, en Ardèche. Des mains incomplètes similaires à celles de la grotte Cosquer se retrouvent dans la grotte ornée de Gargas, dans les Pyrénées.
Dans la grotte des Calanques, on trouve des mains rouges et noires, des droites et des gauches, certaines complètes et d’autres partielles ou « effacées » par grattage ou raclage. Les mains dites négatives sont beaucoup plus nombreuses que les positives (réalisées par empreinte directe), les noires sont plus fréquentes que les rouges et, enfin, il y a plus de mains gauches que de mains droites. Les mains positives, très minoritaires, ne semblent pas avoir été réalisées de manière intentionnelle. En outre, plusieurs de ces mains sont associées, sur la paroi, à des représentations d’animaux ou des signes. Dès l’époque de la découverte, un fait curieux intrigue les spécialistes, à savoir que certaines des mains sont en partie incomplètes et tronquées. Des portions de doigts ont été repliées lors de leur réalisation, à moins que certaines phalanges n’aient été manquantes, soit à l’issue d’amputations rituelles comme on en a observé chez certains peuples d’Amérique du Nord ou de Papouasie-Nouvelle-Guinée, ou suite à des pathologies (troubles de la circulation, engelures…). Mais l’idée de pathologies des membres a été abandonnée, et Clottes et Courtin ont plutôt avancé l’hypothèse d’un langage des signes, peut-être lié à la chasse ou à des rites paléolithiques. Un tel code silencieux, transposé symboliquement sur les parois, devait être précieux pour s’échanger des informations entre chasseurs à l’affût du gibier. Il a été observé chez certains peuples de chasseurs-collecteurs comme les Bushmen du Kalahari central, au Botswana, ou les aborigènes d’Australie…