Accueil / Livres et médias / La France de la Préhistoire
La France de la Préhistoire
La France de la Préhistoire
Romain Pigeaud
Préface de Jean Guilaine
Présentation par l’éditeur :
Les hommes fréquentent notre territoire depuis au moins 1,2 million d’années. Du Paléolithique jusqu’à la fin de l’Âge du bronze (autour de 800 ans avant notre ère), ce livre raconte comment les différentes vagues de peuplement (Homo heidelbergensis, Neandertal puis Sapiens), venues d’Europe centrale ou du Proche-Orient, ont remodelé ce qui deviendra la France. L’angle choisi est original : des chapitres thématiques (sur le mode de vie, les industries, le traitement des morts, la violence et les inégalités sociales, le statut des femmes, les mythes et les croyances) autorisent un point de vue global sur la manière dont les sociétés ont évolué, de quelle manière elles se sont affrontées ou métissées, pour investir en définitive tout un espace géographique dont elles ont remodelé les paysages. C’est la « grande chaudière » dont parle Ernest Renan, d’où sortira plus tard la France.
PUF
Aout 2024
Hominides.com
Un ouvrage, ou plutôt un pavé, de connaissances qui permet de découvrir toute la période préhistorique sur le territoire qui allait devenir la France : les humanités, les grottes, les gisements, les pratiques culturelles, l’outillage lithique, la gravure sur ossement… La particularité c’est que le livre n’est pas classé de manière chronologique mais plutôt en grandes thématiques comme les changements climatiques, le traitement des morts, mais également la taille des outils, les vagues de peuplement, les mode de vie, les violences… Il y a donc une logique de présentation spécifique totalement différente de la plupart ds livres de préhistoire.
Cela donne en fait 3 manières pour lire cet ouvrage :
> soit comme une histoire, presque comme un roman en commençant à la page un…
> soit en cherchant des informations sur un site en particulier et c’est dans ce cas l’index des lieux qui vous faut consulter
> soit pour comprendre le quotidien des préhistoriques en prenant la table des matières comme démarrage…
L’avantage avec Romain Pigeaud c’est que l’on est dans le concret et tout ce que le préhistorien avance s’appuie sur des faits, des études et des exemples. Ce n’est pas de la préhistoire rêvée ou imaginée, mais de la préhistoire vécue.
Bref tout le mode doit pouvoir trouver son bonheur dans cet ouvrage… Mais il faut toutefois noter que
ce livre n’est pas destiné à un public non averti. Il faut avoir un minimum d’intérêt et de connaissances sur la préhistoire !
Un livre qui va devenir une référence pour les passionnés de préhistoire française (et d’ailleurs).
C.R.
L’auteur de « La France de la Préhistoire »
Romain Pigeaud est docteur habilité à diriger des recherches en Préhistoire, chercheur associé au Centre de recherches sur les arts et le langage (EHESS) et à l’UMR « CReAAH » du CNRS de l’université de Rennes 1. Il a récemment écrit Lascaux. Histoire et archéologie d’un joyau archéologique (2017) et Cosquer. La grotte inattendue (2022).
Sommaire « La France de la Préhistoire »
Préface de Jean Guilaine
Introduction
I. La découverte de la complexité
II. Point de départ et point d’arrivée
III. Des frontières naturelles ?
IV. La porte climatique
V. Quelles humanités ?
VI. Un peuplement par vagues ?
VII. L’occupation du territoire
VIII. Des ingénieurs et des techniciens
IX. Les modes de vie
X. Où sont les morts ?
XI. À la recherche des inégalités
XII. Violences
XIII. Cherchez la Femme
XIV. Des images et des mythes
Conclusion
Bibliographie
Index
Un extrait de La France de la Préhistoire
LES PREMIERS LOCATAIRES
Il est touchant que le premier Français identifié soit un jeune garçon de 5 ans, et que la découverte de ses restes, réduits à une seule dent, ait été annoncée par un tweet du musée de Préhistoire de Tautavel’ ! Le plus vieux et le mieux connecté, déjà…
Mais il ne fait pas partie des premiers occupants de notre territoire. Il s’agit probablement d’un Néandertalien ancien, rattaché à la « vague » acheuléenne dont nous parlerons. Il vécut voici environ 560 000 ans, pendant le stade isotopique 15, et fréquentait donc la Caune de l’Arago, dans les Pyrénées-Orientales. Avant lui, le plus ancien reste humain retrouvé sur notre territoire était la canine mise au jour dans l’aven de Vergranne (Doubs), et datée d’entre – 500 000 et – 420 000 ans (stades 12 et 13). D’autres hommes avaient foulé avant lui notre territoire, sans nous laisser leurs ossements, mais de simples traces diffuses, objets de controverses chez les préhistoriens.
En effet, la nature est pleine de pièges, dans lesquels elle aime attraper les chercheurs trop pressés. La foudre, le gel, les volcans, peuvent créer des géofacts et des tephrofacts, c’est-à-dire des pierres fendues de telle manière qu’elles semblent taillées par la main de l’homme. Des incidents stratigraphiques peuvent faire circuler des pièces archéologiques d’une couche à l’autre, les sédiments peuvent se ressembler. Enfin, les conditions de conservation peuvent entrainer des difficultés pour dater correctement le site. Rares sont donc les gisements archéologiques qui sont approuvés par l’ensemble des spécialistes
Les poubelles de la préhistoire sont remplies de noms de sites qui ont fait autrefois le bonheur des étudiants, qui comme moi ont dû avec effort les mémoriser, pour les oublier à présent, sauf dans leurs cauchemars. Après avoir fait le tri « entre le « certain », le « possible « et le « douteux »», sans tenir compte des découvertes de surface opérées çà et là, trois sites concentrent aujourd’hui les discussions : le Bois-de-Riquet à Lézignan-la-Cèbe (Hérault), Soleilhac (Blanzac, Haute-Loire) et Le Vallonnet (Alpes-Maritimes). Nous ne savons pas quelle est l’espèce humaine qui a laissé ces traces.
Peut-on se faire une idée cependant de son apparence physique ?
Pour s’être libéré de l’emprise des arbres et s’être aventuré si loin de son continent d’origine, ces hommes devaient déjà être parfaitement bipèdes, ainsi que l’était Homo ergaster (« l’homme travailleur »).
Cette bipédie, en contexte africain, facilitait la régulation thermique. Le cerveau, devenu gros consommateur d’énergie, devait éviter la surchauffe, ce que l’éloignement du sol permettait, réduisant la surface exposée aux rayons du soleil. Partant de là, le pelage diminua de volume. Il faut rappeler en effet que sa fonction n’est pas de nous réchauffer mais de ventiler l’air, ainsi que de nous protéger des flèches de Phœbus. Un bipède n’a donc plus besoin de poil, hormis sur la tête ! Nous avons aussi développé des glandes sudoripares sur toute la surface du corps. Suer abondamment permet en effet de diminuer la température corporelle. « L’homme est un singe nu… et transpirant ». Ainsi devaient être les premiers « Français ».
Un livre de Dominique Cliquet