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La dame à la capuche et autres trésors de la préhistoire
La dame à la capuche Et autres trésors de la préhistoire
Jennifer Kerner
Pascaline Gaussein (illustrations)
Présentation par l’éditeur :
La Préhistoire fait à bien des égards figure de « paradis perdu », un temps, nous dit Jennifer Kerner, que les archéologues, armés de leurs outils et de leurs rêves, nous invitent à explorer.
Préhistorienne, archéologue et essayiste, elle nous fait partager, d’objet en objet, son admiration pour une humanité en symbiose avec son environnement, un monde où les femmes sont les égales des hommes, où les enfants sont des individus à part entière dès leur naissance, et où, nous montre-t-elle, les animaux sont « dignement remerciés pour leur contribution à la civilisation ». Ainsi, des représentations de la naissance à celles de la mort, des gravures d’animaux aux sculptures anthropomorphes, des peintures rupestres aux constructions mégalithiques, nous observons au plus près l’art des préhistoriques, des simples outils du quotidien aux plus mystérieuses abstractions.
Accompagnés des dessins de l’archéologue et illustratrice Pascaline Gaussein, les textes de Jennifer Kerner nous emportent, avec précision et émotion, dans un univers d’explorations et de découvertes, parmi les merveilles de beauté et d’inventivité des femmes et des hommes qui ont peuplé notre continent bien avant la naissance de l’écriture.
Editions Tallandier
208 pages
Format 16,9 x 22
Hominidés.com
La préhistorienne Jennifer Kerner a choisi des objets, des thématiques ou des lieux qui ont un lien avec les temps paléolithiques. Très éclectiques, les sujets vont de la domestication du cheval, aux lumières des torches dans les grottes en passant par les premiers portraits gravés dans la pierre…
On sent que l’autrice a choisi ses thématiques avec une certaine délectation… a la fois pour se faire plaisir mais également pour faire rêver les lectrices et les lecteurs. Elle commence généralement par décrire scientifiquement la ou les découvertes, puis elle donne son interprétation… Bien sûr c’est donc un choix arbitraire qui pourrait être remis en cause, mais l’autrice assume ce choix.
Les illustrations sont nombreuses et d’une grande clarté : on reconnait sans peine les objets, leur texture, les matières… Le dessin complète et enrichit parfaitement le texte : il en est même indispensable.
Un ouvrage que l’on a envie de feuilleter en picorant ici ou là des sujets en fonction des titres ou des images…
A noter un très beau travail d’édition qui fait presque de ce livre un objet de collection.
C.R.
L’autrice
Jennifer KERNER
Jennifer Kerner est docteure en Préhistoire et chercheure associée à l’UMR7194 du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et du musée de l’Homme de Paris. Essayiste et romancière, elle a notamment écrit Lady Sapiens (2021), Le Mari de nuit. Expériences du deuil et pratiques funéraires (2023) et Le Tissu de crin (2024).
L’illustratrice
Pascaline GAUSSEIN
Pascaline Gaussein est docteure en Préhistoire et chercheure associée à l’UMR 8068 de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et de l’université Paris-Nanterre. Spécialiste de l’art préhistorique et du dessin scientifique, elle est au service de la recherche et de la vulgarisation.
Sommaire de « La dame à la capuche Et autres trésors de la préhistoire »
Introduction…. Repères chronologiques… Des renards, des loups et des hommes…… Dans ma maison sous terre… La Préhistoire du cinéma….. La grossesse: moment de vie intime et symbole…… Montée des eaux… Le feu fondateur. L’âge du renne…. Les yeux tournes vers le ciel Accoucher de l’avenir… Technologie galopante. Cabinet de curiosités. Une enfance préhistorique. Marcher dans les pas de nos ancêtres. À la lumière des torches…. L’ours aux mille visages…. Vestiaire raffiné. Beauté à fleur de peau…… Les premières notes de musique À la table des préhistoriques… Des réseaux de communication longue distance….. Technique de chasse….. Des ateliers d’artistes ?…. Le monde des morts…. | Les ondes nourricières. Technologie végétale.. La Préhistoire fantasmée. Jeux de mains… Drôles d’oiseaux… Des rites pour rythmer la vie. Discrets paysages. L’art du portrait… Premier pas vers l’art abstrait. Se parer d’humanité. Scènes de vie animale Systèmes de croyances. Les sexualités préhistoriques. L’impossible archéologie du genre. Le mythe, la légende, le conte… et l’angoisse Notre plus belle conquête… Architecture sacrée néandertalienne Métaphysique. Rites macabres L’âge de la maturité. Glossaire. Bibliographie. Sources |
Un extrait du livre « La dame à la capuche Et autres trésors de la préhistoire »
LES YEUX TOURNÉS VERS LE CIEL
La Préhistoire récente fournit de nombreux témoignages montrant la fascination de nos ancêtres pour les astres. Ils ont affiché leur volonté de consigner les observations astronomiques de manière poétique mais rigoureuse. Cette pratique « préscientifique » a engendré des vestiges exceptionnels qui ont ébloui le grand public tel le cercle de Stonehenge ou le disque de Nebra.
Si les âges des métaux ont livré les jocondes du savoir astronomique, l’intérêt pour les objets célestes se révèle bien plus ancien…
Le temps. Cette entité fuyante qui obséda les plus brillants esprits de l’humanité depuis les dramaturges jusqu’aux physiciens, préoccupait déjà nos prédécesseurs. La preuve se niche dans les confins des grottes ornées où les humains semblent avoir pris soin d’incarner les saisons à travers leur représentation des animaux. Dans la grotte de Lascaux, il a ainsi été souligné que les chevaux portent systématiquement leur pelage d’hiver, les bisons, celui de l’été et les cervidés, leurs ramures automnales. Il n’est pas étonnant que ces détails aient attiré l’attention des artistes qui étaient avant tout des chasseurs-cueilleurs suivant les troupeaux au gré de leurs activités saisonnières…
Afin de capturer l’essence du temps, les humains ont peut-être levé les yeux vers le ciel et compris que les astres circulaient, tout comme les rennes, selon des cycles réguliers. Ces observations ont possiblement été consignées sur des objets, afin d’être enseignées à d’autres ou utilisées pour organiser des événements de la vie symbolique. Un étonnant vestige, exhumé du sol de l’abri Blanchard (Dordogne), s’en fait peut-être le témoin. Il y a plus de plus de 35 000 ans, un artiste anonyme a soigneusement poli un os avant de le graver de petits trous ronas ou en forme de virgules. Ces cupules forment une ellipse. En tout, ce sont plus de 60 dépressions qui courent en enfilade sur la surface pâle et soyeuse de la corticale. Elles ont été tracées par un même outil, en une seule opération, par une main rapide et sûre.
Ces points représentent-ils la course de la Lune ? Certains le pensent, d’autant plus qu’un objet similaire a été retrouvé dans l’abri Lartet, à quelques kilomètres de l’abri Blanchard… Nous pourrions donc être en présence de vestiges produits par une société locale d’astronomes amateurs. Toutefois, nous ne pouvons pas écarter ‘hypothèse d’un « pointillisme paléolithique» à but purement ornemental. En effet, ce procédé est connu ailleurs pour des œuvres aurignaciennes comme le rhinocéros de Chauvet (Ardèche) ou les bijoux de La Souquette (Var).
D’autre part, de nombreux objets évoquant un systeme de comptage ont été découverts et ces curieux calendriers pourraient avoir servi à inventorier d’autres éléments que les nuits au clair de Lune. Nous pouvons imaginer la mémorisation du nombre de têtes de troupeau abat-tues, ou un décompte des personnes ayant suivi un rite initiatique particulier. Les archéologues se retrouvent donc dans une obscurité de nuit sans lune, qui ne pourra être éclairée qu’à la lumière de nouvelles découvertes…
Un lien étroit s’est rapidement tissé entre observations astronomiques et développement de croyances spirituelles. Cet attrait se vérifie chez les populations historiques mais aussi chez des groupes traditionnels actuels. C’est pour cette raison que les vestiges qui semblent entrer en résonance avec la trajectoire d’objets célestes évoquent des fonctions rituelles. Malheureusement, lorsque l’on cherche à saisir des secrets cachés dans les méandres de la pensée humaine, les réflexions qui en découlent ne peuvent être qu’hypothétiques. Il nous faut alors nous assurer de conserver les pieds sur terre, même lorsque notre cœur nous pousse à regarder vers les étoiles….
Bertrand Roussel