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L’homme est-il un grand singe politique ?
L'homme est-il un grand singe politique ? Un livre de "primatologie politique" un brin provocateur, voyage au coeur de la vraie planète des singes. Pascal Picq
« D’après Aristote, « il est manifeste que l’homme est par nature un animal politique, et que celui qui est hors de la Cité, naturellement bien sûr et non par la hasard des circonstances, est soit un être dégradé soit un être surhumain. Car cet homme est du coup naturellement passionné de guerre. C’est pourquoi il est évident que l’homme est un animal politique plus que n’importe quelle abeille et que n’importe qule animal grégaire ».
Présentation par l’éditeur :
Avons-nous inventé la politique ? Pas si sûr, répond ici Pascal Picq.
En tout cas, si l’homme est politique, il n’en reste pas moins animal, tandis que d’autres espèces semblent bien avoir développé une véritable vie politique et même d’étonnants talents. Machiavel, sans doute, se délecterait à observer les moeurs des chimpanzés ! C’est ce que Pascal Picq expose dans ce nouveau livre de « primatologie politique » un brin provocateur, voyage au coeur de la vraie planète des singes.
Derrière la description des pratiques et des luttes des babouins, des gorilles, des bonobos, des orangs-outangs, des macaques et autres vervets et mandrills, chacun pourra essayer de reconnaître les comportements de telle ou telle figure politique d’aujourd’hui, de tel ou tel parti en lice. Ce livre n’est pourtant pas qu’une amusante suite de « singeries » renouant, grâce aux acquis de l’éthologie, avec la veine des fabulistes.
C’est aussi une réflexion sur le pouvoir, ses jeux et ses enjeux. Sexe, intérêts et conflits, mais aussi entente et réconciliation nous n’avons rien inventé !
Odile Jacob
240 pages
14,5 x 22 cm
L’homme est-il un grand singe politique ? existe également en Ebook Format Kindle .
Hominides.com
L’homme est un grand singe, cela explique pourquoi nos comportements sociaux sont souvent si ressemblants. Cela ne vas pas plaire à tout le monde… L’auteur choisit en particulier les comportement politiques comme l’entre-aide, l’association pour prendre le pouvoir, la « guerre », le mensonge que l’on retrouve chez beaucoup de primates y compris l’Homme.
Et c’est là que l’on se dit que, à part Facebook, on a pas inventé grand chose pour faire de la politique !
C.R.
L’auteur de « L’homme est-il un grand singe politique ? »
Pascal Picq
Paléoanthropologue au Collège de France, Pascal Picq est l’auteur à succès d’Au commencement était l’homme et de Lucy et l’obscurantisme. Il est également l’un des grands spécialistes des origines et de l’évolution des grands singes, en particulier de leurs comportements.
Biographie de Pascal Picq
« L’homme est-il un grand singe politique ? »
HOMO POLITICUS ET LES SINGES
Le singe vervet (Chloropithecus)
Le babouin hamadryas à toison grise (Papio hamadryas)
Le grand singe orange, l’orang-outang (Pongo pygmaeus)
LES FONDEMENTS (NATURELS ?) DE LA POLITIQUE
Un vrai animal politique : le chimpanzé
Aux origines de la politique
Pour une approche évolutionniste de la politique
FABLES SIMIENNES
Les fables de La Fontaine
Les sources de La Fontaine
Récits d’ailleurs
Un extrait du livre « L’homme est-il un grand singe politique ? »
Meurtre prémédité à Arnhem
C’est au zoo d’Arnhem que Frans de Waal observe pour la première fois les conséquences d’un meutre commis par deux mâles coalisés à l’encontre d’un troisième et motivé par des raisons politiques. Depuis, des chercheurs ont observé des phénomènes comparables sur le terrain en Afrique. Quinze ans après les observations de De Waal, J’ai réalisé un film sur ces mêmes chimpanzés d’Arnhem, ceux de la génération suivante, où j’ai été le témoin direct d’une agression très violente. Alors que je venais tout juste d’arriver, je ne pouvais évidemment pas imaginer de quelle genre de règlement de compte il retournait.
En interrogeant les chercheurs, j’apprends que le mâle numéro deux dénommé Ayo – victime de l’agression – se comporte de plus en plus comme un rival envers Jing, le numéro un. Or il se trouve en fâcheuse posture, puisque Jelle, le numéro trois, est le demi-frère du numéro un. Comme la libido dominantis démange aussi bien un chimpanzé qu’un homme, il s’efforce de s’en sortir par le haut, d’autant qu’il bénéficie du soutien de Marna.
Un soir, il hésite à rentrer dans le bâtiment où tous les chimpanzés passent la nuit, dans de grandes cellules où ils se répartissent par familles et par affinités. Il fait prendre du retard au personnel animalier qui, en la circonstance, applique la punition habituelle consistant à l’isoler dans une cage. Le lendemain matin, on relâche les clans de chimpanzés, les grands mâles et Ayo en dernier. Sa cage à peine ouverte, les grands mâles, restés dissimulés dans la pénombre, se précipitent et le rouent de coups. TI ne doit sa survie qu’au maniement express et expert d’une lance à incendie par un animalier et à une charge furieuse des femelles dirigée par Mama contre les agresseurs.
En recoupant les données des chercheurs et ce que j’ai vu, tout atteste une action concertée et préméditée pour éliminer physiquement un concurrent. C’est un grand classique du genre triumvirat entre César, Crassus et Pompée où, à la fin, il n’en reste plus qu’un. Sauf qu’on ignorait que ce genre d’histoire précédait la préhistoire. Le triumvirat impossible de De Waal était composé de Yeoren, Luit et Nikkie; celui que j’ai filmé de Jing, Ayo et Jelle. On ne change pas un bon scénario!
Après coup, nous avons compris qu’Ayo avait tout fait pour se faire punir afin d’éviter de se retrouver coincé dans le bâtiment pendant la nuit. L’épilogue tourne à la tragédie. Après un séjour de deux semaines à l’infirmerie, Ayo retrouve le groupe, fort bien accueilli par les femelles et les jeunes. Les grands mâles, restés confinés à l’intérieur en la circonstance, poussent des cris menaçants. Alors, Ayo se précipite dans le canal et se noie. Fin dramatique, hélas observée aussi dans la nature car, quand un mâle se trouve dans ce genre de situation, même l’exil lui est interdit puisque les mâles des communautés voisines lui feront la peau.
Le contrat politique
Pourquoi parler de meurtre politique? Tout simplement parce que les observations minutieuses des chercheurs mettent en évidence des changements subtils d’alliances avant que n’éclatent ces bouleversements. Les liens entre individus se tissent au travers de séances d’épouillages soutenues et le partage de nourriture. lis installent des relations de réciprocité qui se révèlent précieuses dans les conflits. Quand un individu se trouve menacé, il tend le bras, paume ouverte vers le haut, pour solliciter l’aide de son ami. S’il peut compter sur son aide, il commence alors à défier le dominant, d’abord en respectant de moins en moins les signes de salut et de domination formelle, puis en multipliant les provocations. (Il n’en est pas allé autrement au cours de l’élection présidentielle de 2007 dans l’évolution des agissements du candidat Nicolas Sarkozy envers le président Chirac et l’UMP.) Cela prend des mois, le temps de montrer ses intentions, de consolider ses alliances et aussi de rassurer le groupe, surtout les clans de femelles, dont certaines se montrent très actives (on pense au PS, bien sûr. .. ).
Une fois arrivé à ses fins, le nouveau mâle alpha se doit de répondre aux attentes de ses obligés, ceux qui l’ont aidé pour accéder au pouvoir. S’il les domine sans difficulté, il se contente de faciliter certains privilèges, notamment pour l’accès aux femelles. Si son autorité n’est pas assez affirmée, au contraire, ses alliés se montrent exigeants et jaloux des quelques avantages que peuvent conserver ceux du clan rival. De Waal décrit les situations complexes faites de rivalités et de frustrations, comme avec ce mâle qui ne supporte pas que celui qu’il a aidé à arriver au pouvoir ne sévisse pas envers les autres mâles qui courtisent les femelles. Si ces intérêts individuels recoupent une insatisfaction plus largement partagée par le groupe, les alliés d’hier peuvent alors devenir les rivaux de demain. Les rancœurs et les rancunes s’accumulent et provoquent de l’instabilité, des conflits et des revirements hiérarchiques parfois violents et pas forcément stables.
Au moment où j’écris ces lignes, nous arrivons à la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Quels seront ses alliés pour la prochaine campagne présidentielle? Plus précisément, quelles seront la sincérité et la fermeté de leur soutien? Si l’idée d’ouverture semblait sympathique au début de son mandat, cela laisse des traces, car ceux qui en profitent apparaissent comme des félons et ceux qui se sont engagés durement dans la campagne victorieuse se sentent floués. Je sais ce que feraient les chimpanzés dans de telles circonstances.
Des ouvrages sur la femme à la préhistoire
Brigitte Senut avec Michel Devillers