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Guide critique de l’évolution
Guide critique de l'évolution Nouvelle édition Sous la direction de Guillaume Lecointre Marie-Laure LE LOUARN-BONNET, Corinne FORTIN, Gérard GUILLOT
Présentation par l’éditeur :
La première édition du Guide critique de l’évolution s’est vite imposée – notamment auprès des enseignants de SVT – comme l’ouvrage de référence pour comprendre le cadre scientifique, épistémologique et historique de la théorie de l’évolution. Cette seconde édition a été conçue pour prendre en compte les nombreuses avancées scientifiques qui, depuis plus de 10 ans, ont fait progresser nos connaissances sur l’évolution du monde vivant. L’ouvrage fournit à la fois des éléments théoriques et des dossiers thématiques présentant, de façon didactisée, une sélection de données qui prouvent et illustrent l’évolution « en marche ». Il propose également 7 reconstitutions illustrées de paysages préhistoriques ainsi que pluus de deux cents illustrations et de nombreuses reconstitutions d’animaux. L’ouvrage convie ainsi son lecteur à un formidable voyage dans l’histoire de la vie et lui fournit des données récentes concernant la sélection naturelle, l’adaptation, l’apparition des espèces, etc.
Apogée
64 pages
14,4 x 20,5 cm
Hominides.com
Un monument sur la théorie de l’évolution… par la taille (et le poids !) du livre mais aussi par la richesse du contenu. Qui plus est cette deuxième édition est augmentée !
Comme la science dont il s’inspire, cet ouvrage ne présente pas l’évolution comme un dogme. Au contraire il explique la théorie de l’évolution en abordant aussi bien les éléments qui vont dans son sens que les modifications qui ont été nécessaires au fil des découvertes et avancées scientifiques depuis 200 ans. La théorie de l’évolution est vivante : elle s’enrichie et progresse au fur et à mesure du temps.
Nombreuses illustrations, schémas, questions font de l’ouvrage une nouvelle référence pour tous ceux qui veulent comprendre le processus de l’évolution mais aussi répondre aux interrogations des plus jeunes.
Très pédagogique. Destiné initialement aux étudiants et professeurs cet ouvrage est en fait une passerelle vers un sujet assez complexe. Pour adultes et adolescents.
C.R.
Les auteurs, Guide critique de l’évolution
Maxime Hervé est doctorant en écologie des interactions plantes/insectes à l’INRA de Rennes.
Denis Poinsot est maître de conférences en biologie animale à l’université de Rennes-1.
Sommaire de Guide critique de l’évolution
Avant-propos
Partie I
Notions clés, difficultés classiques et débats récurrents
Chapitre 1
L’essentiel en quelques pages
Chapitre 2
Comprendre l’évolution, c’est aussi comprendre la philosophie des sciences
Chapitre 3
La genèse de la théorie de l’évolution: un aperçu
Chapitre 4
Les difficultés de compréhension de la théorie de l’évolution
Chapitre 5
Concepts flous et idées fausses
Chapitre 6
La théorie de l’évolution récupérée ou combattue
Chapitre 7
La théorie de l’évolution: réception et enjeux d’éducation
Annexe
Comment répondre aux objections créationnistes?
Partie II
Quelques morceaux choisis de l’évolution
Chapitre I
D’où viennent-ils ? 40 taxons et leur plus ancien fossile connu
Chapitre 2
Une sélection de données sur l’histoire de la vie et de la Terre
Chapitre 3
En finir avec l’hégémonie des dinosaures : étudier les amniotes
Chapitre 4
Sept instantanés de la biodiversité passée…
1 Introduction
2 L’écosystème marin de Chengiang (Cambrien)
3 Le récif de Gogo (Dévonien)
4 La forêt marécageuse de Monceau-les-Mines (Carbonifères)
5 Le bassin de Holzmaden (Jurassique)
6 La lagune de Solnhofen-Eich (Jurassique)
7 La forêt aux lacs de Jehol (Crétacé)
8 Le lac de la forêt tropicale de Messel (Eocène)
Partie III
Les mécanismes de l’évolution à l’oeuvre
Dossier 1 La variation
1 La Bergeronette grise et ses sous-espèces
2 Les variations géographique du zèbre des plaines
3 Les variations chez le pin sylvestre
4 Un exemple de variation à l’échelle cellulaire et moléculaire : l’expression stochastique des gènes
5 Une exemple de variation non génétique : la culture
Dossier 2 Transmission et filiation
1 La plasticité phénotypique
2 Filiations au cours de la cancérogénèse et du développement embryonnaire
3 Trois exemples de transmission non génétique
Dossier 3 Les contraintes sélectives
1 La contrainte de prédation subie
2 La contrainte d’avoir à capter des ressources
3 La contrainte d’avoir accès au partenaire sexuel
4 Contraintes physiques et chimiques
Dossier 4 Dérive génétique et sélection naturelle : un jeu de hasard
Dossier 5 La sélection naturelle à l’oeuvre
1 La radiation adaptative des pinsons de Galapagos
2 Les souris des Sand Hills du Nebraska
3 Les lézards des Caraibes et les cyclones
4 Les poux des pigeons
5 Une exemple de sélection à l’échelle cellulaire
Dossier 6 L’adaptation
1 Des adaptations spectaculaires chez le lézard Podarcis sicula
2 L’évolution rapide des geckos dans le Carrado (Brésil)
3 Pertes fortuites, désadaptation et adaptations chez les téléostéens antarctiques
4 Compromis, contraintes et atavismes
Dossier 7 La spéciation : quelques études de cas
1 Des spéciations sympathiques par hybridation
2 Des spéciations sympathiques sans hybridation
3 Des spéciations en anneaux
4 Des spéciations rapides
Dossier 8 Mutualisme et co-évolution
1 Les réseaux mutualistes
2 Les endosymbioses insectes-bactéries
3 Un exemple de co-évolution : l’orchidée comète et un papillon-sphinx de Madagascar
Dossier 9 Convergences évolutives
1 Quand les mammifères « font des tigres à dents de sabres »
2 Quand les mammifères « font des taupes »
3 Quand les insectes « font des pattes antérieures ravisseuses »
4 Conclusion
Partie IV
Evolution et histoire de la vie
Dossier 1 L’évolution humaine : le clade des hominines
1 Introduction
2 L’homme de Djebel Irhoud : le plus ancien Homo sapiens connu
3 L’origine panafricaine d’Homo sapiens
4 Quand l’Homo sapiens rencontre les Néandertaliens et les dénisoviens
5 L’homme de Flores : un humain à part ,
6 Les origines phylogénétiques possibles à Homo sapiens, Néandertal et Dénisova
7 Diversité générale des Hominidés depuis 7 millions d’années : un effet d’échantillonnage
8 Les traces de l’évolution humaine dans le génome d’Homo sapiens : petit panorama mondial des adaptations locales
9 Les traces de l’évolution humaine dans l’anatomie
10 Le mouchoir de poche de l’évolution humaine
Dossier 2 L’évolution des équidés de l’histoire des sciences à l’histoire d’un groupe
1 La vision de l’évolution des équidés de 1879 à 1951
2 L’Histoire des équidés revue et corrigée
Dossier 3 Les oiseaux sont des dinosaures
1 Les preuves de l’origine dinosaurien des oiseaux
2 L’origine théropode des oiseaux et le paradoxe temporel
3 Archeoteryx : une mosaïque de caractères
4 Les oiseaux, autres rois de la bipédie
5 L’origine du vol
6 L’origine des plumes
Dossier 4 La crise Permien-Trias
1 La crise en milieu marin
2 La crise en milieu continental
3 Les causes de la crise
Dossier 5 L’extinction de masse de la mégafaune mammifère à la fin du Pléistocène
1 Les groupes et les espèces affectés selon les continents
2 Une extinction sélective
3 Des chronologies et des intensités différentes selon les continents
4 Les rôles des humains en débat
5 Le rôle des changements environnementaux
6 Conclusion
Dossier 6 Zoom sur un évènement paléo climatique majeur : le dernier cycle interglaciaire : glaciaire en Europe
1 Les principales caractéristiques des denier cycle intercalaire/glaciaire
2 Histoire des végétaux ligneux au cours du dernier maximum glaciaire et de la transition vers l’interglaciaire actuel
Dossier 7 Une exemple de scénario évolutif : l’évolution de la faune mammalienne en Amérique du Sud au Cénozoïque
1 l’Amérique du Sud au Cézonoïque : 6,2 millions d’années de solitude
2 Les principaux groupes de mammifères sud-américains endémique au Cézonoïque
3 L’isolement total : un mythe
4 Tous les mammifères que l’Amérique du Sud n’a pas connu au Cézoïque
5 La mise en place de l’isthme de Panama
6 Le grand échange de faunes inter-Amériques
Dossier 8 Les grand s évènement revisites
1 L’évolution vue par une moule
2 L’évolution vue par un escargot
3 L’évolution vue par une fourmi
4 L’évolution vue par un pommier sauvage
5 L’évolution vue par un humain
6 L’évolution vue par une truie
Dossier 9 Les humains et la biodiversité
1 Les humains et l’érosion de la biodiversité en Nouvelle-Zelande
2 La sauvegarde d’une espèce éteinte à l’état sauvage en Nouvelle-Zelande : le kakapo
3 Quand la phylogénie aide à préserver la bio diversité
4 L’importance de préserver la diversité des populations de plantes cultivées
Dossier 10 La découverte de nouvelle espèces
1 Une nouvelle espèce sous notre nez : le brochet aquitain
2 Une nouvelle espèce cachée dans une population oubliée : l’orang-outan de Tapanuli
3 Le flux de nouvelles espèces chez les oiseaux ne se tarit pas
4 Une nouvelle espèce d’abord connue par son génome : l’arche Promethearchaum syntrophicum
5 Inventaire de la biodiversité et chauvinisme taxinomique
6 d’autres espèces nouvellement décrites entre 1990 et 2018
Notes
Bibliographie
Glossaire
Index des notions et des noms communs
Index des noms d’espèces et de genres
Index des nom propres
Table des matières
Un extrait
La notion d’« étape » de l’évolution
L’évolution biologique, quel que soit son tempo, résulte d’une altération continue du vivant. Dès lors, du point de vue historique, elle est constituée d’un enchaînement en tous sens d’événements et de micro-événements. Repérer des «étapes» dans le déroulement de l’évolution ne peut être donc se concevoir que dans un cadre illustratif et pédagogique. En effet, cela ne sert pas la recherche, car le scientifique doit, lui, savoir que l’évolution du vivant a été marquée – et continue de l’être – par une foule d’événements désordonnés, voire contraires. Pour le chercheur, les « étapes » deviennent significatives quand elles correspondent aux événements qu’il a choisi d’étudier en détail : elles n’ont pas besoin d’être marquées d’un sceau « d’exceptionnelle avancée» (une avancée vers quoi et pourquoi « exceptionnelle»? Voir chapitre 4, section 11) dans un récit qui se transformerait bien vite en épopée.
Concernant l’enseignement donc, tout récit de l’histoire de la vie implique forcément une sélection d’événements puis leur mise en ordre. Le fond du problème est qu’il convient de bien rester conscient de cet état de fait. Or on assiste souvent à une confusion entre le choix des événements « marquants » et leur mise en ordre d’une part, et ce que l’on pense de la réalité des processus d’autre part. En d’autres termes, tout se passe comme si, entre deux événements choisis (par exemple entre «la première cellule eucaryote», il y environ 1,8 à 2 milliards d’années, et « le premier animal », il y a 650 millions d’années), il
ne s’était rien produit. Tout se passe comme si, parce que nous rendons intelligible une structure d’aujourd’hui par un ordre relatif d’acquisitions successives, le fil des événements avait été non ambigu, irrésistiblement et irréversiblement tendu vers ce que nous avons décidé de pointer. Comme si, entre deux événements cohérents, il ne s’était produit aucun événement contradictoire. Or les fruits de la sélection naturelle suivent des avancées et les reculs permanents en raison des aléas des milieux. Par exemple, l’ongle plat des primates est acquis à l’origine de ce taxon à partir des griffes ancestrales, mais chez les singes du Nouveau Monde, les platyrrhiniens, une réversion de ce caractère produit, plus tard, des griffes à partir d’ongles plats ancestraux.
Rappelons enfin que toute sélection d’événements évolutifs ne peut être que rétrospective et marquer l’intention ou la position du narrateur. Ainsi, la plupart des fresques événementielles racontent en fait… l’épopée de la lignée humaine et taisent tout «événement» qui ne la valorise pas (par exemple, l’apparition du squelette externe articulé, lequel recouvre pourtant l’immense majorité des animaux aujourd’hui, ou encore celle de la photosynthèse ; voir section 14 de ce chapitre).
La notion de « fossile vivant »
La notion de fossile vivant n’est pas définie : il s’agit plus d’une figure de style médiatique que d’un concept scientifique. Le terme, extrêmement imprécis, est employé dans des contextes très différents :
Les polyptères, le sphénodon, le ginkgo, le nautile seraient des fossiles vivants parce qu’ils appartiennent à des groupes jadis très représentés, dont ils ne constitueraient plus que des « reliques » de la biodiversité. Il s’agit là de souligner un grand différentiel numérique entre l’unique ou les quelques espèces subsistantes et le foisonnement passé du groupe.
Le coelacanthe (Latimeria chalumnae, figure 1), l’un des deux actinistiens actuels, entre dans le cas de figure précédent, mais la formule lui a été appliquée pour ainsi dire « par excellence » parce que l’on croyait les actinistiens totalement disparus depuis la fin du Crétacé lorsque l’on pêcha pour la première fois, en 1938, un coelacanthe vivant. Il s’agit là de souligner une lacune temporelle.
Le terme « fossile vivant » renvoie généralement à des cas de stabilité morphologique à travers le temps :
– Certaines espèces sont qualifiées de « fossiles vivants » parce qu’elles appartiennent à des groupes dits «panchroniques» (les blattes, ou les lamproies par exemple, présents à la surface du globe depuis le Carbonifère, ou bien encore les artémies, les cycas), c’est-à-dire des groupes définis par des attributs typiques qui ont traversé le temps sans altération (qu’ils soient aujourd’hui représentés par de nombreuses espèces ou non). Cependant, cette notion de panchronisme est relative et ne signifie rien à
l’échelle de l’espèce. En effet, bien que les attributs morphologiques typiques des blattes soient stabilisés depuis le Carbonifère, divers autres détails anatomiques (comme, par exemple, l’appareil reproducteur) montrent qu’il n’est pas une seule espèce de blatte dont l’existence soit continue depuis le Carbonifère. Il ne reste même pas aujourd’hui une famille datant du Carbonifère! Les organismes évoluent en mosaïque: ce simple fait devrait fortement relativiser la notion même de «groupe panchronique».
– Une espèce pourra être qualifiée de «fossile vivant» parce qu’elle ressemble à s’y méprendre à une forme fossile. C’est le cas du coelacanthe, encore lui. C’est également celui des limules ou bien du mollusque monoplacophore Neopilina – qui ressemble comme deux gouttes d’eau à son cousin du Silurien Pilina – ou, mieux, des dipneustes du genre actuel Protopterus, genre connu dans le Crétacé supérieur (80 Ma). Le terme «fossile vivant » laisse entendre alors que l’espèce fossilisée se serait arrêtée d’évoluer, qu’elle serait restée comme figée. Or rien ne permet de dire que tel protoptère fossile est de la même espèce que l’un des protoptères actuels. Moins de 5 % du génome contrôle la morphologie, laquelle peut rester stable sur des millions d’années (selon des degrés qui font toute la discussion…), tandis que le reste du génome, lui, continue d’évoluer. Sans parler du fait que la stabilité morphologique ne préjuge pas d’importants changements physiologiques : ainsi, tandis que nos coelacanthes actuels sont marins, de nombreux actinistiens fossiles vivaient en eau douce !
Le terme «fossile vivant » est également associé à la notion erronée d’espèce « primitive» (voir section 7 de ce chapitre). Cela est vrai pour l’ornithorynque, qualifié de fossile vivant bien qu’aucune espèce fossile ancienne ne présente sa forme.
Enfin, des espèces sont des « fossiles vivants » en vertu de fantasmes de vie primitive qu’elles suscitent, sans aucun autre fondement (aye-aye, tortue éléphantine, varan de Komodo, scorpions, etc.)...