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Grands sites d’art Magdaléniens
Grands sites d’art Magdaléniens
La Madeleine et Laugerie-basse il y a 15 000 ans
J-M Genestre, Elena Man-Estier, Véronique Merlin-Anglade, J-J Cleyet-Merle,
Le Musée national de Préhistoire des Eyzies-de-Tayac présente une exposition d’art mobilier paléolithique autour des sites de La Madeleine et Laugerie-Basse.
Ces deux sites exceptionnels sont voisins, géographiquement et culturellement.
Ils sont inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco,
Celui de La Madeleine a donné son nom à l’art Magdalénien.
Ils ont été occupés il y a environ 15000 ans et durant environ cinq millénaires.
Sur la base d’un abondant matériel de fouilles, l’ouvrage célèbre le 150e anniversaire des débuts de l’archéologie en Vézère avec les travaux de d’Edouard Lartet et d’Henry Christy qui ont debuté vers 1863.
Editions Réunion des Musées Nationaux
128 pages
Format 22 x 28 cm
Hominidés.com
Un ouvrage édité lors de l’exposition en juin 2014 de l’art mobilier magdalénien au Musée de Préhistoire des Eyzies. Cette exposition présentait les artefacts des sites de La Madeleine et de Laugerie Basse situés aux Eyzies-de-Tayac.
Ce catalogue d’exposition présente les contributions de 15 auteurs et les photographies remarquables des presque 90 artefacts de l’exposition.
Les ouvrages sur l’art mobilier ne sont pas fréquents, ce livre est une superbe exception…
C.R.
Les auteurs
J-M Genestre, directeur, et Elena Man-Estier, conservateur au Centre National de Préhistoire à Périgueux, Véronique Merlin-Anglade directeur du Musée d’Art et d’Archéologie du Périgord, à Périgueux, J-J Cleyet-Merle, directeur du musée national de Préhistoire-Les Eyzies
Sommaire de « Grands sites d’art magdalénien «
Introduction, par Jean-Jacques Cleyet-Merle
L’apogée magdalénien. Un équilibre culturel entre globalisation européenne et régionalisme, par Mathieu Langlais
150 ans de recherches dans deux sites de référence :
La Madeleine, par Elena Man-Estier
Laugerie-Basse, par Patrick Paillet
Le monde magdalénien à travers La Madeleine et Laugerie-Basse :
Les Magdaléniens dans la vallée de la Vézère éléments de géographie humaine, par Catherine Cretin
Diversité des ressources animales au Magdalénien classique dans le sud-ouest de la France, par Véronique Laroulandie, Jean-Baptiste Mallye, Sandrine Costamagno
La production des équipements en matières osseuses à La Madeleine et à Laugerie-Basse, par Aline Averbouh
Les équipements lithiques de La Madeleine et de Laugerie-Basse, par André Morala
Les pratiques funéraires magdaléniennes en Europe, par Dominique Henry-Gambier
La parure, par Marian Vanhaeren et Francesco d’Errico
Regards croisés sur l’art magdalénien de deux grands sites, par Elena Man-Estier et Patrick Paillet
L’art mobilier magdalénien de la région des Eyzies : sur la piste des liens sociaux en Europe occidentale, par Valérie Feruglio
Épilogue, par Jean-Jacques Cleyet-Merle
Œuvres exposées
Bibliographie
Un extrait du livre « Grands sites d’art Magdalénien »
Introduction du catalogue, par Jean-Jacques Cleyet-Merle
Tous les préhistoriens s’accordent pour voir dans le Magdalénien qui règne, à son apogée, de l’Atlantique à la Pologne, la plus brillante culture des populations de chasseurs-cueilleurs de la fin du Paléolithique supérieur. Certains considèrent même qu’il s’agit là de la première véritable civilisation de l’Europe. Fort d’une production matérielle abondante et diversifiée, riche des témoignages aussi beaux que foisonnants d’une expression symbolique exceptionnelle, dans le domaine tant pariétal que mobilier, le Magdalénien s’éteint assez brutalement avec la mise en place progressive des conditions climatiques tempérées que nous connaissons aujourd’hui. Après un moment d’adaptation, le relais est transmis par le biais des groupes mésolithiques, contemporains des cultures matérielles microlithiques, beaucoup moins brillantes en apparence, même si elles portent en germe les fondamentaux d’un nouveau mode de vie. La relation de cause à effet a longtemps semblé évidente : peuple du froid, les chasseurs de renne du Magdalénien vivaient en parfait équilibre avec la nature, grâce à la riche biomasse des milieux froids et ouverts couvrant l’Europe de l’Ouest. Le réchauffement climatique de l’Allerod, il y a environ 14 000 ans, et son corollaire, le changement de la faune ambiante, paraissent leur avoir été fatals. Cette théorie est d’autant plus plausible que les derniers millénaires des temps glaciaires avaient déjà enregistré des signes avant-coureurs. Avant ce basculement définitif – vers 14000 cal BP –, le Magdalénien avait subi diverses oscillations climatiques, l’une d’entre elles assez marquée et plutôt brutale, à l’échelle de quelques générations seulement : un millénaire plus tôt, vers – 15000 cal BP, le réchauffement du Bölling semble coïncider avec une remarquable mutation du mode de vie et des habitudes matérielles. Cette époque, qui correspond globalement au passage de la phase « moyenne » à celle « supérieure » du Magdalénien – preuve si besoin était d’une réelle évolution culturelle – donne l’opportunité d’analyser minutieusement les nécessaires processus d’adaptation engagés pour survivre… Après une période d’abondance fondée, en Aquitaine par exemple, sur l’exploitation d’un milieu de steppe froide voire de toundra, l’avènement de conditions climatiques plus clémentesgénère un réel foisonnement culturel – en apparence un optimum – qui traduit peut-être un certain « déphasage » des populations préhistoriques. Leur réaction à ce stress est rapide, comme le montrent les contributions des scientifiques qui ont accepté de proposer, dans le catalogue de cette exposition, une véritable synthèse des connaissances et des acquis de leur domaine de spécialité. La réduction de la taille, puis du nombre, des rennes a bien sûr des conséquences durables sur le mode de vie des chasseurs paléolithiques. Côté industrie osseuse et surtout lithique, l’évolution des technologies montre des changements substantiels dans le mode d’approvisionnement en matières premières. Côté organisation sociale et démographie, traduisant peut-être un accroissement de la densité humaine, les habitats semblent se regrouper en bord de rivière tandis que les groupes paraissent, au moins épisodiquement, se concentrer en « grands sites », tels La Madeleine et Laugerie-Basse en particulier, aux fonctions symboliques avérées… Dans ce domaine, le partage à longue distance de certains thèmes et valeurs concrétise, pour le Magdalénien moyen, une perception de l’oekoumène, de l’espace habité, qui semble, dans la phase postérieure, connaître un phénomène de régionalisation, peut-être imputable à une fermeture ou du moins à une réduction générale des espaces parcourus.
À cet égard, le monde de l’art mobilier, qui a fait la célébrité de ces deux « grands sites » de la vallée de la Vézère, offre un potentiel d’interprétation considérable. Au contraire du décor pariétal dont la chronologie demeure, surtout en Périgord, assez mal maîtrisée, l’art des objets, souvent du quotidien, constitue un important corpus plutôt bien daté, notamment à La Madeleine, du fait de sa découverte quelques extraits des textes de catalogue Grands sites d’art magdalénien, Musée national de Préhistoire, Les Eyzies-de-Tayac en contexte stratigraphique, en étroite relation avec la culture matérielle de l’époque. Relevant majoritairement des thématiques animalières, les statuettes, propulseurs, bâtons perforés ou simples supports, somptueusement gravésou sculptés, témoignent à merveille d’un « optimum culturel » appartenant au stade ultime du Magdalénien, donc postérieur à l’optimum de la biomasse de la phase moyenne. L’image d’un monde idyllique, d’une société d’abondance où l’Homme ne consacrait à sa survie matérielle que de courts instants et pouvait ainsi donner libre cours à ses élans artistiques s’en trouve singulièrement modifiée. La prodigalité et la magnificence de l’art mobilier magdalénien pourraient au contraire traduire l’expression d’un stress, d’une situation de crise, et auraient permis à l’Homme de transcender ses difficultés matérielles