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L’archéologie à découvert
L’archéologie à découvert Sophie A. de Beaune et Henri-Paul Francfort CNRS Editions |
Présentation par l’éditeur :
Née au XIXe siècle, l’archéologie a considérablement changé dans les dernières décennies : nouvelles problématiques, nouvelles techniques, arrivée de l’informatique, développement considérable de l’archéologie préventive ont renouvelé en profondeur la manière de faire de l’archéologie. Affaire d’amateurs à ses débuts, elle s’est peu à peu professionnalisée, et aujourd’hui la communauté des archéologues est très spécialisée : archéologues dédiés à une période et une aire culturelle données, chercheurs travaillant sur les environnements et les climats du passé, « dateurs », épigraphistes, archéomètres, anthropologues biologistes, architectes, technologues…
L’archéologie occupe une place originale au sein des sciences humaines : elle est au carrefour des disciplines historiques, géographiques et anthropologiques, d’un côté, et des sciences biologiques, physiques, informatiques et chimiques, de l’autre. Les archéologues sont devenus des acteurs économiques importants qui interviennent dans la définition des politiques d’aménagement du territoire et dans la valorisation et la conservation des patrimoines de l’humanité. C’est ce double statut, de scientifique et d’acteur économique, qui rend le nouveau métier d’archéologue à la fois passionnant et plein de contradictions. En dressant un état des lieux de l’archéologie française, cet ouvrage permet de penser l’avenir de la discipline.
CNRS Edition
Collection Sciences
330 pages
190 x 260 mm
Sous la direction…
Voir en bas de Professeur à l’université Jean Moulin Lyon 3, Sophie A. de Beaune est préhistorienne. Henri-Paul Francfort est directeur de recherches au CNRS et conduit des recherches en Asie centrale. Ils sont tous les deux membres du laboratoire mixte du CNRS « Archéologies et Sciences de l’Antiquité » à Nanterre.
Sommaire de « L’archéologie à découvert »
Sommaire
Première partie
L’archéologie, une science de l’Homme au carrefour des disciplines
L’archéologie actuelle. Entre émerveillement et découragement, Stéphane Verger
L’intégration interdisciplinaire en archéologie, Jean-Paul Demoule
Qui ? pourquoi ? comment , Archéologie et interdisciplanirité, Franck Braemer, Jean-Paul Bravard, Blandine Bril, Pierre Guibert, Lena Sanders, Emmanuelle Vila, Roland Viader et Georges Willcox
Deuxième partie
Autour du vivant. Biologie et culture
Introductio, Henri-Paul Francfort
Nouvelles questions et apoches en paléoanthropologie, Antoine Balzeau
L’archéothanatologie. Une manière nouvelle de penser l’archéologie de la mort, Henri Duday
Les relations homme-animal dans les sociétés de chasseurs-collecteurs
Les enjeux d’une recherche intégrée en archéozoologie, Laure Fontana
Les fruits : caractérisation carpologique et catégories culturelles, Laurent Bouby, Marie-Pierre Ruas et Jean-Frederic Terral
Troisième partie
Autour de l’objet
Introduction, Sophie A. de Beaune
Objets et images, Catherine Breniquet
Pour une étude des habilités techniques selon une approche interdisciplinaire, Valentin Roux
Du minerai à l’objet : une lecture multidisciplinaire du métal, Philippe Fluzin et Philippe Dillmann
L’économie, entre objets et textes : le cas de la Grèce mycénienne (fin du Bronze ancien), Françoise Rougemont
L’imaginaire entre objets et textes, Agnès Rouveret
Quatrième partie
Espaces et environnements. Question d’échelles
Introduction, Henri-Paul Francfort
Paléoclimats et sociétés : du local au global, du passé au future, Michel Magny
Formation des sols et usages sociaux : les terres noires urbaines en France, Mélanie Fondrillon
Peuplement et territoire dans la longue durée : retours sur 25 ans d’expérience, Laure Nuninger, Fréderic Bertoncelo, François Favory, Jean-Luc Fiches, Claude Raynaud avec la collaboration de Jean-Jacques Girardot, Lena Sanders et Hélène Mathian
L’espace temporairement apprivoisé : étude de cas (Ouzbékistan, Chine), Frederic Brunet et Corinne Debaine-Francfort
Cinquième partie
De l’individu à la société
Introduction, Sophie A.de Beaune
De la complexité des sociétés paléolithiques, Boris Valentin et François Bon
Archéologie et sociologie : le cas de l’Orient ancien, Pascal Butterlin
Organisation politique et archéologique, Patrice Brun et Dominique Michelet
Archéologie et rituels, Philippe Barral, Martine Joly et Patrick meniel
Une troisième voix pour l’archéologie : une modélisation multi-agents dans le Sud-Ouest des Etats-Unis, Timothy A. Kohler
Sixième partie
Une science du temps. Chronométrie, historicité, temporalités
Introduction, Sophie A. de Beaune
Appréhender les temps anciens dans la très longue durée, Christophe Falguères
Le temps court en archéologie, André Billamboz
Modélisation statistique bayésienne des données chronologiques, Philippe Lanos et Philippe Dufresne
La modélisation de l’information spatio-temporelle, Bastien Lefebvre, Xavier Rodier et Laure Saligny
Temps des vestiges et mémoire du passé : traces, empreintes, palimpsestes, Laurent Olivier
En guise de conclusion
La position epitémologique de l’archéologie, Henri-Paul Francfort
Abstracts
Les auteurs
Bibliographies
Un extrait du livre « La fabrique de la France »
Les NEANDERTALIENS
Un radius, un cubitus et un humérus gauches. C’est tout ce qu’il reste du jeune néandertalien découvert en 2010 à Tourville-la-Rivière, en Seine-Maritime. Un bras, donc, qui est venu s’échouer au pied de la falaise de Tourville, il y a environ 200 000 ans.
Il est rare d’exhumer des restes de Néandertaliens aussi anciens. La plupart d’entre eux datent en effet de moins de 100 000 ans; seuls une dizaine sont antérieurs. C’est pourquoi la présentation officielle de ces trois vertiges osseux, le 9 octobre 2014, fut un événement médiatique. L’étude réalisée par une équipe internationale a mis en évidence, sur l’humérus, la marque d’une enthésopathie. Cette inflammation des insertions osseuses, bien connue des aujourd’hui chez les sportifs de haut niveau, est la conséquence d’un mouvement répétitif du bras. Le jeune Néandertalien était-il gaucher at avait-il trop chassé ?
Les trois os longs du bras gauche (humérus, cubitus et radius) retrouvé sur le site de Tourville-la-Riviere, en Seine-Maritime, en regard d’un bras moderne. Une découverte majeure pour la connaissance du peuplement humain du nord-est de l’Europe.
Une longue histoire de préjugés
Néandertal le plus connu des hommes préhistoriques. Il faut dire le premier Homo fossile découvert qui ne soit pas sapiens : il fut mis au jour en 1856, en Allemagne, dans la vallée de Neander, ainsi nommée en l’honneur du pasteur Joachim Neumann, plus connu sous le nom hellénisé de Neander. Neumann, Neander, c’est-à-dire « homme nouveau », l’histoire est parfois facétieuse !
Dès cette découverte, les polémiques surgissent, enflent : s’agit-il des restes osseux d’un singe ? D’un dégénéré (soit un crétin des Alpes, soit un cosaque de armées russes, égaré là en 1814 lors de l’invasion de la France) ? D’un ancêtre ou d’un autre homme très ancien ? Pour la plupart des scientifiques c’est impossible : entre dogmes religieux et primauté de l’homme blanc sur le monde, il est hors de question d’avoir dans sa lignée cet être simiesque à la tête « primitive ». Et Darwin n’a encore rien publié !
Notre néandertalien est donc resté très longtemps la victime de préjugés, voire d’un véritable « racisme » paléontologique. Car nous pensons-nous, les Homo sapiens – être le sommet, l’aboutissement d’un processus : pour certains de la Création, pour d’autres de l’évolution. Donc, les autres espèces nous sont forcément inférieures. Dès lors, il fallut du temps pour humaniser Néandertal.