Accueil / Livres et médias / L’Animal voyant
L’Animal voyant
L'Animal voyant Art rupestre San en Afrique australe Renaud Ego Editions errance
Présentation par l’éditeur :
Pourquoi, dans la grotte Chauvet ou dans celle de Lascaux, l’exigence de représenter les animaux a-t-elle été l’impulsion cruciale donnée à la naissance de l’art ? Et pourquoi ces derniers ont-ils régné si longtemps sur la figuration ? Afin de répondre à ces questions, Renaud Ego met en lumière l’efficacité singulière des images qui furent, pour les hommes, un moyen de nouer un contact avec le monde, mais plus encore, de le réfléchir et d’y agir. Il s’appuie sur l’un des plus beaux arts rupestres, celui des San d’Afrique australe, dont l’iconographie exceptionnelle de ce livre révèle la virtuosité et la splendeur. Pendant plusieurs milliers d’années, ces chasseurs et cueilleurs nomades ont peint ou gravé sur la roche de leurs abris la faune qui partageait leur vie. Certains animaux, telle la plus grande des antilopes, l’Eland du Cap, y ont été l’objet d’un regard fasciné, comme si leurs corps aux formes et aux parures exubérantes avaient été la clé d’un savoir dont le si troublant silence des bêtes gardait le secret. C’est ce secret que les San ont cherché à leur dérober, dans un geste de capture, dénué de toute violence, mais paré du prestige de rendre visible ce qui se cachait. Ils devinrent ainsi cet animal voyant qui, possédant le don des images, allait s’ouvrir à un pouvoir visionnaire. Alors, dans l’invention d’un fabuleux bestiaire de créatures fantastiques, comme dans la composition de scènes qui sont des pactes visuels passés avec les puissances ancestrales, ils accédèrent à la dimension spirituelle de leur pleine humanité. Plus qu’une incantation, leur art y est une action visant à préserver l’intégrité d’une existence liée à l’harmonie du monde et de tous les êtres, réels ou imaginaires, qui le peuplent
Editions Errance
Format : 25,5 x 19,7
Reliure : broché
Pagination : 285 pages avec 120 photographies
Hominides.com
On suppose que les populations San sont établies en Afrique Australe depuis 40 000 ans. Et depuis 4 000 ans, les San utilisent les roches en plein air pour peindre et graver leur environnement, et principalement la faune. Cet art relativement méconnu du grand public, s’il présente quelques similitudes avec l’art préhistorique en Europe, a surtout ses propres codes et particularités.
Indissociable de la culture San, cet art se retrouve majoritairement sur des roches protégées, sous des aplombs… les artistes ont souvent utilisés et intégrer les aspérités et la couleur de la roche dans les figures. Comme pour l’art pariétal européen, les animaux sont souvent représentés avec un luxe de détails et dans différentes positions ou actions. De la même manière, les hommes et femmes, souvent indéterminés, sont figurés de manière filiforme, presque fantomatique et surtout très schématique…
Dans la première partie du livre « L’animal voyant » l’auteur explique comment ces manifestations artistiques sont intimement liées aux pratiques rituelles et culturelles des San. Les mythes fondateurs, le mystérieux fluide vital «n/om » imprègnent toutes les cultures de ces peuples et rejaillissent forcément sur les milliers de représentations rupestres. On découvre par là-même la grande richesse spirituelle du peuple San.
La deuxième partie regroupe les photos de Renaud Ego qui permettent d’appréhender la grande diversité de cet art des roches. Peintes ou gravées, les figures animales sont souvent d’un très grand réalisme, avec des couleurs mêlées pour rendre le pelage ou la robe de l’antilope ou du bovin. Mais parfois l’animal est presque stylisé comme ces girafes aux taches organisées sous formes de quadrillage. On notera également une forte présence humaine très souvent associée au reste des représentations : les humains sont souvent en groupe, ils chassent, dansent ou simplement marchent. Le mouvement semble faire partie de l’humanité.
C’est un art et une culture étonnants que nous présente Renaud. On peut être étonné au départ de la segmentation de l’ouvrage avec une première partie constituée uniquement de texte et une seconde partie de photographies. A la lecture on découvre qu’il existe un certain plaisir et une vraie curiosité à aller chercher les images correspondantes au texte.
Un livre de découverte et de magie… qui donne furieusement envie d’aller admirer l’art San… sur place
C.R.
L’ auteur
Renaud Ego
Renaud Ego est l’un des rares spécialistes européens de l’art rupestre d’Afrique australe. Il est l’auteur d’un livre qui fit date, San, publié aux éditions Adam Biro en 2000, et salué à sa parution. L’invention du regard et la fabrique des images occupent aussi une place centrale dans son œuvre de poète et d’écrivain, comme dans La Réalité n’a rien à voir et Une légende des yeux.
Sommaire de « L’Animal voyant »
L’inconnu du sommet
Prologue : garder, regarder le silence
I. Des images, par-delà le mythe et le rituel
Survivance des fantômes
Les deux miroirs de l’anthropologie
Le prisme des images
Danser, raconter, peindre : les trois modes de la figuration
II. Une Pensée nomade
La légende dispersée de l' »humanimalité »
Un intercesseur entre les mondes, le héros malicieux
Temps régénéré et fusion animale
Créativité.fiction et transgression
III. Esprits des lieux, Lieux de l’esprit
La cartographie d’un paysage mental
Ordre et ornement
La peau du monde
La voie de la paroi
IV. Un fluide imbroglio
Un tissu de perspectives mobiles
Liens de sympathie et cordes de pensée
Changement de corps) changement d’ échelle
L’immunité des apparences
Correspondances et synesthésies
Ouverture de l’archipel
V. Le prisme animal (symbolisme et esthétique)
Prendre soin
Ce «presque compagnon » qui intrigue
La question du symbolisme
Le sens de la parure
Le dessein de la forme
VI. Le siège des apparences
Détacher
Animer
Apparier
Consentir
Tenir en respect
VII. Les corps conducteurs
Le bestiaire de la pluie
Hommes-antilopes et corps ailés
Intercession et métamorphose: la dialectique du monstre
Se faire une tête animale
VIII. Le Chants des lignes
Peindre des forces
Le libre espace
La matière et le mouvement de la mémoire
L’effacement dynamique de l’eau : l’exemple des serpents-de-pluie
Le toucher du regard
Le champ intégral de la moire
Epilogue : en croire ses yeux
Qu’est-ce que l’efficacité symbolique des images?
L’absence de dénouement
Notes
Portfolio
Légendes du portfolio
Carte: Localisation des grandes aires de peintures et de gravures
Schéma: Le continuum de la vitalité picturale
Index des noms
Index des thèmes
Remerciements
Un extrait de « L’Animal voyant »
Nomades, les San se représentent fréquemment sous la forme de personnages en marche. L’identité sexuelle des figures n’est pas toujours spécifiée, mais ici, les sexes des hommes sont clairement représentés ; quant aux visages, ils sont souvent réduits à une simple esquisse de profil.
Les animaux occupent une place importante dans l’art des San, et selon les régions, certaines espèces sont prédominantes : les girafes et les springboks dans le Brandberg namibien, les Koudous dans le Limpopo, dans La partie septentrionale de l’Afrique du Sud. Plus éminente encore est la place des élands du Cap, dans le Drakensberg sud-africain. Chaque fois, les parures de leurs robes ont été l’objet d’une attention que la peinture restitue avec un grand souci de réalisme, comme si y avait été exposée la formule scripturale de leur puissance dont le si troublant silence des bêtes gardait le secret. Ce secret réside bien dans ces corps aux anatomies prodigieuses, avec leur parures et parfois leurs armures qui sont autant d’apparitions de puissances, puissance de voler, de courir, de vivre en hardes nombreuses, autrement dit une fascinante et désirable vitalité qui sur-vit au milieu de tous les périls du monde.
Autant qu’une représentation, la peinture est un contact avec l’intériorité de la paroi.
Photographies de Renaud Ego.
Texte de l’extrait tiré du site http://lanimal-voyant.com/