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L’affaire de l’abri du Poisson
L'affaire de l'abri du Poisson Patrie et préhistoire Randall White
Présentation par l’éditeur :
Dans le vallon de Gorge d’Enfer aux Eyzies, la voûte d’un abri-sous-roche porte l’image d’un saumon, sculpté par l’un de nos ancêtres préhistoriques. Cette sculpture, qualifiée de bas-relief, est entourée des coups de ciseaux violents laissés en 1912 lors d’une tentative d’enlèvement pour la vendre à un musée allemand. Ce poisson est devenu un symbole de la lutte des préhistoriens et des autorités françaises du début du XXe siècle contre l’exportation à l’étranger du patrimoine préhistorique.
Ce livre raconte, étape après étape, l’histoire surprenante de cette affaire, dont les procédures administratives et légales ont duré presque trois ans. Sur le chemin de la vérité, le lecteur rencontre des faits inédits étonnants. Chaque fait et chaque affirmation sont fondés sur des documents précis : l’auteur a eu accès aux archives publiques et privées, en France, en Allemagne et aux Etats-Unis.
editions Fanlac
17,5 x 21 cm
240 pages
Hominides.com
Véritable reconstitution historique de cette affaire, documents à l’appui.
Randall White remet l’affaire dans son contexte c’est-à-dire dans une période où français et allemands n’étaient pas franchement en bons termes… On découvre que Denis Peyrony n’est pas aussi intègre qu’on pouvait le penser mais c’est surtout Otto Hauser qui apparaît sous un nouveau jour… beaucoup moins affairiste et plus préhistorien.
A noter le rôle de l’abbé Breuil qui a su se faire « journaliste » à l’occasion en utilisant des arguments indignes d’un homme d’église.
Une remise à plat complète des faits pour faire éclater le vérité !
C.R.
L’auteur, Randall White
Randall White, éminent chercheur, spécialiste de l’art et de la technologie de l’époque glaciaire, dirige l’Institute for the Ice Age Studies à l’Université de New York, où il est professeur d’anthropologie. Son travail de terrain l’a conduit à explorer une grande diversité de sites préhistoriques, des régions arctiques du Canada à l’Afrique du Nord, et jusque dans le sud de la Russie, et en France dans la vallée de la Dordogne où il dirige actuellement des fouilles sur un établissement datant de 35 000 ans à l’abri Castanet.
Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles sur la vie des hommes préhistoriques, collaborant souvent à des revues comme Time, Newsweek, Natural History et autres magazines de grande diffusion.
Communication des éditions Fanlac
Cette enquête apporte des éléments nouveaux :
• La présentation de l’affaire du Poisson dans la presse et dans le monde scientifique trahit sérieusement la vérité.
• Le fameux archéologue suisse Otto Hauser n’avait rien à voir avec l’extraction et la vente de la sculpture et le rôle du grand préhistorien périgourdin Denis Peyrony fut moins « héroïque » qu’on ne l’imagine.
• L’extraction et la vente du poisson furent parfaitement légales à l’époque, en l’absence de lois contrôlant les fouilles et l’exportation du mobilier archéologique.
• Les vendeurs n’étaient ni des marginaux, ni des voleurs, mais plutôt de bons citoyens : un adjoint au maire de Manaurie qui devint maire ensuite (Delprat), et un membre du conseil municipal des Eyzies (Souffron). Lorsque le directeur du musée de Berlin est venu aux Eyzies au mois de septembre 1912, il fut bien accueilli par ces habitants de la commune des Eyzies.
• La mise en cause d’Hauser faisait partie d’une campagne de presse contre lui de la part d’un certain nombre de préhistoriens dont Louis Capitan, Henri Breuil, Louis Didon et Denis Peyrony.
• Ces derniers qualifiaient Hauser de « commerçant, » mais les archives démontrent qu’eux aussi vendaient des collections à prix fort à l’étranger. Par exemple, pendant l’année 1912, celle de la tentative d’enlèvement du Poisson, Denis Peyrony a vendu sa collection personnelle d’environ dix mille objets, en grande partie à l’étranger, à un prix surprenant.
• L’affaire de l’abri du Poisson s’est déroulée dans une France saturée par un sentiment anti-allemand. Les écrits fervents de Louis Capitan montrent jusqu’à quel point ses interventions étaient motivées par la haine, la peur et le dégoût provoqués par la menace allemande. Mais cette menace contre la nation n’empêchait pas les habitants de la vallée de la Vézère de proposer des ventes aux « Prussiens ».
• Alors que les ventes en Allemagne étaient empêchées, on recevait à bras ouverts des représentants des musées américains. Un squelette magdalénien du Cap-Blanc passait en Amérique ainsi qu’une superbe sculpture de cheval de Sergeac, cette dernière vendue par Louis Didon à l’American Museum of Natural History à New York. Évidemment, des intérêts autres que la protection du patrimoine préhistorique étaient en jeu à l’abri du Poisson.
• Avant que le poisson ne soit détaché de la voûte, l’Etat français a ouvert une instance de classement en vue d’une expropriation. Mais les propriétaires, par l’intermédiaire d’un vote du conseil municipal des Eyzies, tentèrent, sans résultat de s’opposer à l’expropriation.
• Finalement, le jury d’expropriation, composé des habitants de la Vézère, fixa un prix élevé pour l’époque et presque dix fois la somme offerte par l’Etat. En fait, le prix de l’expropriation équivalait à la somme offerte par le musée de Berlin. Même s’ils écrivaient mal, les Eyzicois savaient compter. L’un des représentants de l’Etat se plaindra par la suite que le propriétaire lui avait bien fait l’effet d’une fripouille.
• Enfin, vraisemblablement, le Poisson, situé directement sous le chemin communal allant de Laugerie au Bugue, appartenait à une collectivité territoriale. Louis Capitan se rendit compte de ce fait trop tard pour contester les droits des propriétaires.
En somme, l’affaire de l’abri du Poisson n’était pas une simple lutte des bons contre des méchants. Elle a été faussement imaginée être un coup de massue sur le méchant Hauser par le héros Denis Peyrony. En réalité, les différents acteurs dans cette affaire étaient des êtres humains infiniment compliqués, dans un moment de crise et de transformation de l’histoire du Périgord, de l’Europe et du monde en général.
Périgueux
Le 4 janvier 2007