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Les plus anciens outils en os découverts en Angleterre
Les plus anciens outils en os découverts en Angleterre
Il y a 480 000 ans, sur le site de Boxgrove, une trentaine d’individus ont dépecé un cheval. Parmi les centaines d’outils mis au jour : un remarquable marteau en os.
Le site de Boxgrove est situé dans le Sussex, en Angleterre.
Il y a 500 000 ans, c’était un marais intertidal sur ce qui aurait été la côte sud de la Grande-Bretagne. Il y avait une falaise qui commençait à se dégrader, produisant des roches idéales pour la taille et la fabrication d’outils en pierre. Le limon de la mer s’y était également accumulé, créant une zone de prairie. Le gisement était situé devant des falaises calcaires, dans une zone marécageuse qui pouvait être recouverte par les marées. Dans de tels lieux, un herbivore de taille moyenne pouvait s’enliser facilement et se retrouver ainsi dans l’impossibilité de s’échapper.
Ce site a été découvert dans les années 70 et plusieurs campagnes de fouilles ont été dirigées dans les années 80 et 90 par Mark Robert (UCL Insitute of Archéologie). Daté de 480 000 ans c’est un site de référence pour l’Angleterre mais également pour l’Europe. Les fouilles ont permis la découverte de restes d’un cheval, de centaines d’outils en pierre et de quelques restes humains.
Pour le responsable du projet, l’archéologue Matthew Pope, (Institut d’archéologie – University College London), a déclaré : «C’est une occasion exceptionnellement rare d’examiner un site dans l’état où il était après avoir été abandonné par un groupe d’humains, qui s’était réuni pour débiter totalement la carcasse d’un cheval mort au bord d’un marais côtier ».
Un site de boucherie
Les centaines d’outils ont été retrouvées avec la carcasse d’un cheval, c’était véritablement une scène de dépeçage de l’animal par un groupe humain de 30 à 40 personnes. Rien ne prouve que l’animal ait été chassé. Selon les chercheurs, il s’est plus probablement aventuré dans le marais à marée basse et s’est fait piégé par la marée haute apportant limon et argile visqueux. Les éclats de taille montrent qu’au moins huit individus fabriquaient de grands couteaux en silex pour le travail. Tout le « clan » était au travail et, pour les chercheurs, il semble que ce moment de boucherie était une manière de rassembler les individus.
« De façon tout à fait exceptionnelle, nous avons pu nous rapprocher le plus possible des mouvements et des comportements, minute par minute, d’un groupe d’humains paléolithiques soudés : une communauté de personnes, jeunes et vieux, travaillant ensemble de façon coopérative et hautement sociale. » indique l’archéologue Mattew Pope.
« Peut-être qu’il a été chassé – bien que nous n’en ayons aucune preuve – et il gisait juste à côté d’une crique intertidale. La marée était assez basse, donc il est possible pour les humains de la contourner. Mais peu de temps après, une marée haute est arrivée et a commencé à recouvrir le site de limon fin et poudreux et d’argile. Son énergie était si faible que tout a été laissé tel que c’était lorsque les hominidés se sont éloignés du site. «
Un marteau en os
L’un des artefacts les plus remarquable de cette étude est un outil taillé dans un os de cheval. Il présente des marques de façonnage ainsi que des piquetages laissés par son utilisation dans la fabrication d’outils en silex. Ce marteau en os a été utilisé pour retoucher les bifaces en silex de Boxgrove. Fabriqué dans une matière osseuse, cela en fait l’un des outils organiques les plus anciens au monde.
Selon l’archéologue Simon Parfitt (Institut d’archéologie – University College London), « Ce sont quelques-uns des premiers outils « non-pierre » trouvés dans les archives archéologiques de l’évolution humaine. Ils ont été essentiels pour fabriquer les couteaux en silex finement fabriqués retrouvés dans la région de Boxgrove. »
La paléoanthropologue Silvia Bello (Natural History Museum de Londres) complete : «Cette découverte prouve que les premières cultures humaines avaient intégré les propriétés des différents matériaux organiques et comment des outils pouvaient être fabriqués pour améliorer la fabrication d’autres outils ».
Elle a expliqué que « cela fournit une preuve supplémentaire que la population humaine primitive de Boxgrove était cognitive, sociale et culturellement sophistiquée ».
Quel hominidé à Boxgrove ?
Les chercheurs avaient trouvé en 1993 un tibia – identifié comme appartenant à l’espèce Homo heidelbergensis – et en 1996 deux incisives. Ce sont les plus anciens restes humains connus de Grande-Bretagne. Les extrémités du tibia ont été mâchonnées, probablement par des hyènes ou des loups. Pris comme proie, cet hominidé a fini dévoré par une meute… Il n’était pas au sommet de la chaîne alimentaire et pas forcément contemporain de la scène de dépeçage de Boxgrove…
Sources
BBC
Bognor.uk
BoxgroveProject
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