Accueil / Accueil – articles / Les chasseurs-cueilleurs du Mésolithique mâchaient de la résine en Suède il y a 10 000 ans
Les chasseurs-cueilleurs du Mésolithique mâchaient de la résine en Suède il y a 10 000 ans
Une étude génétique des restes de « chewing-gum » des chasseurs-cueilleurs suédois il y a 9 700 ans au Mésolithique. Elle rejoint la précédente étude de 2019 sur le site de Syltholm (Danemark) qui avait travaillé sur des morceaux de résine…
Prête-moi ton chewing-gum je te dirais tout !
Le site de Huseby Liev en Suède est connu depuis plus de 30 ans… Il est daté entre 10 200 et 9 400 ans à une période correspondant au Mésolithique dans la région de Göteborg. Le site à délivré plus de 1 800 artefacts en silex et 115 morceaux de résine qui ont pu être daté au carbone 14.
Il y a 9 700 ans des chasseurs-cueilleurs mâchonnaient de la résine de bouleau. Cette sorte de « chewing-gum préhistorique » a enfermé et conservé de l’ADN. Bien sur cela permet d’en savoir plus sur le propriétaire de cette résine, mais également sur son hygiène buccale et même son régime alimentaire !
L’étude a été publiée dans la revue Scientific Reports par le généticien et biologiste Emrah Kırdök, ainsi que le paléogénéticien Anders Götherström et leurs collègues du CPG- Centre for Paleogenetics (Université de Stocklom et Musée suédois d’Histoire Naturelle).
Un chewing-gum préhistorique, c’est quoi ?
Le « chewing-gum » ou plutôt du brai de bouleau (ou bétuline) est obtenu par chauffage à l’étouffée de l’écorce de bouleau. Cette substance doit être mâchée pour la rendre collante. Elle peut ensuite servir pour lier des éléments tels que la pierre, le bois, l’os…
Elle a la particularité de très bien se conserver ainsi que tous éléments emprisonnés dans la résine. Les trois boules de résine Huseby Liev avaient été découverte en 1990 mais c’est une étude génétique de 2023 qui est à l’origine de cette communication.
Un chewing-gum de 5700 ans au Danemark
Il est probable que la communication sur le « chewing-gum » découvert à Syltholm au Danemark, a « réveillé » les détenteurs de ces anciennes boules de résine. En effet la précédente étude danoise avait permis en 2019 d’extraire le génome complet de Lola, la chasseuse-cueilleuse néolithique. Ils avaient même pu en dresser le « portrait » avec une peau sombre et des yeux bleus, il y a 5 700 ans.
Une étude métagénomique
Les scientifiques ont découvert plusieurs type d’ADN dans les boules de gomme. En premier lieu les profils microbiens ressemblent à ceux présent dans la plaque dentaire d’une bouche d’homme moderne. Le « macheur » était bien humain !
Ils ont malheureusement constaté qu’ils contenaient une grande quantité de bactéries associées aux pathologies des gencives (Treponema denticola, Streptococcus anginosus et Slackia exigua), et à la carie dentaire, ( Streptococcus sobrinus et Parascardovia denticolens) .
En plus de l’ADN microbien, les auteurs ont pu en savoir plus sur le régime alimentaire de cette population mésolithique et des éléments qu’ils portaient à la bouche…. Ils ont identifié des séquences d’ADN compatibles avec celles d’espèces végétales comme la noisette, la pomme et le gui et des espèces animales : renard roux, loup gris, canard colvert, patelle et truite… Certaines de ces espèces ont peut-être été mâchouillé pour la fourrure, les os ou pour un usage médicinal ou tout simplement récréatif.
Les chercheurs insistent sur la mauvaise santé bucco-dentaire de ce groupe de chasseurs-cueilleurs scandinaves du Mésolithique et donnent un aperçu de ce qu’ils machaient avec la résine de bouleau…
C.R.
Sources :
Metagenomic analysis of Mesolithic chewed pitch reveals poor oral health among stone age individuals
Le chewing-gum néolithique de Lola au Danemark
Un chewing-gum vieux de 9 700 ans découvert en Suède, une mine d’or pour les scientifiques
A lire également :
2016 Le régime alimentaire enrichi des hommes du Mésolithique
2016 Rite funéraire au natoufien il y a 12 000 ans
2017 Premier site natoufien
2018 Première bière de la préhistoire sur un site natoufien
2024 Les chasseurs-cueilleurs du Mésolithique mâchaient de la résine en Suède il y a 10 000 ans
Les dents de l’homme De la préhistoire à l’ère moderne Florie Duranteau A travers un glossaire illustré extrêmement précis et développé, de Toumaï à l’homo sapiens, en passant par les australopithèques, cet ouvrage détaille et explique les diverses mutations de la dent, de la mandibule et de la face, en s’attardant sur les conséquences générées par ces transformations sur la posture et le régime alimentaire de chacun. En savoir plus sur Les dents de l’homme de la préhistoire à l’ère moderne |