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Les champs de menhirs de Carnac : une approche géomorphologique
Les champs de menhirs de Carnac : une approche géomorphologique
Conférence organisée par la Société Nantaise de Préhistoire
animée par M. Dominique Sellier
Le dimanche 17 novembre 2024 à 15 h
Muséum d’Histoire Naturelle Nantes
La géomorphologie est la science qui étudie les formes de la terre, c’est-à-dire les reliefs. Les menhirs de Carnac, au nombre d’environ 2 500, peuvent être analysés comme des reliefs granitiques à plusieurs niveaux.
Le premier concerne les microreliefs d’érosion visibles par chaque visiteur, notamment des cannelures et des vasques, formées à partir du sommet de certains menhirs (donc postérieures à leur édification) ou conservées sur l’une de leurs faces (en fait creusées au sommet de blocs de granite présents sur site avant leur emploi comme menhirs). Ces microreliefs se rapportent ainsi à deux générations.
Par ailleurs, la plupart des menhirs présentent deux types de faces opposées : les faces d’affleurement, qui se trouvaient à la surface de rochers dépassant du sol avant l’édification des alignements, et des faces d’arrachement, mises au jour lors de l’extraction des blocs de granite employé. Cette propriété morphologique des menhirs suggère la présence de nombreux rochers et affleurements de granite à l’emplacement ou à proximité des alignements avant leur construction.
La variété des formes des menhirs aboutit à proposer une typologie des blocs rocheux granitiques utilisés. La répartition de ces blocs par forme (et par taille) à l’intérieur de chaque alignement, conduit à établir les relations entre les champs de menhirs et leurs environnements passés et actuels. Finalement, l’analyse géomorphologique montre le recours massif à des blocs rocheux extraits sur place et conduit à reconstituer l’état du relief avant l’édification des alignements.
L’analyse des menhirs fournit des marqueurs pour mesurer la vitesse de l’érosion des granites et pour reconstituer les paléoreliefs prémégalithiques dans le pays de Carnac. Réciproquement elle apporte des arguments pour mesurer les effets de l’érosion sur les monuments mégalithiques ou pour rapporter des blocs rocheux isolés à des menhirs abattus.
L’intervenant
Dominique SELLIER : Professeur émérite de l’université de Nantes,
Agrégé de géographie et Docteur d’Etat en Géomorphologie
Lieu de la conférence
Amphithéatre Muséum d’Histoire Naturelle
12 Rue Voltaire
44000 Nantes, 44000
Lieu de la conférence
Horaires :
Le 17 novembre 2924 de 15h à 17h
Renseignements :
Entrée libre
Pas de captation vidéo
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Le mégalithisme
Mégalithes dans le monde Luc Laporte, Jean-Marc Large, Laurent Nespoulous, Christopher Scarre & Tara Steimer-Herbet (2022) – Mégalithes dans le monde, Chauvigny, Association des Publications chauvinoises (A.P.C.), 466 p. EAN 9791090534742, 70,00 €. D’horizons rêvés en paysages méconnus, Mégalithes dans le Monde est une invitation au voyage. Les mégalithes méritaient une redéfinition plus large pour sortir du ghetto linguistique, voire ésotérique, qui encombrait nos esprits. Prise de conscience de ces gestes architecturaux sur tous les continents, cette “Encyclopédie” est d’un nouveau genre à la fois plus modeste et plus libre que celle des “Lumières” ; d’une approche méthodologique plus globale, à la participation scientifique plus mondiale, aux techniques d’édition plus novatrices*, elle réunit en deux volumes les résultats les plus pertinents des dernières découvertes. Pas moins de 150 chercheurs ont contribué à la rédaction des 72 articles et encarts. Leurs regards singuliers donnent un supplément d’âme à l’ensemble de ces pierres faussement inanimées. Construire en force pour présenter à la mémoire du monde un témoignage humain qui échappe à l’usure du temps constitue un acte de foi au sens de la fides romaine : une fidélité à la terre et à l’espace, aux femmes et aux hommes qui les ont édifiés où chaque pierre prend sa place dans un ensemble lumineux. Fruits d’épreuves collectives, ces gestes de constructeurs ont été motivés par l’amour, la crainte, le défi, la soumission, l’espoir, autant de sentiments qui habitent encore, aujourd’hui, les architectes de nos cités. |