Accueil / Accueil – articles / L’émergence de la bipédie de l’homme en question…
L’émergence de la bipédie de l’homme en question…
Une étude détaillée des os du poignet des primates indique une origine arboricole pour la bipédie humaine… l’émergence de la bipédie chez les hominidés.
L’étude
Une étude, publiée dans les PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences) dirigée par Kivell Tracy (Université de Toronto) a examiné le poignet de plus de 200 primates : 104 chimpanzés, 43 bonobos, 91 gorilles (adultes et jeunes). « Nous avons les données les plus fiables que j’ai jamais vues sur ce sujet« , a déclaré Daniel Schmitt, professeur à l’Université Duke d’Anthropologie Evolutionniste.. » Les mesures remettent en question les origines de la bipédie humaine.
Quel mode de locomotion pour nos ancêtres ?
Jusqu’à présent deux théories s’affrontaient pour expliquer l’émergence de la bipédie humaine. La première, la plus utilisée, donnait un ancêtre aux premiers hominidés marchant au sol, sur le dos de ses phalanges (le knuckle-walking), qui se serait redressé peu à peu sur ses jambes. La deuxième donnait pour ancêtre un être arboricole utilisant déjà une sorte de bipédie dans les arbres, qui serait descendu sur la terre ferme.
Remise en question des caractéristiques du knuckle-walking
Le mode de locomotion en knuckle-walking, en s’appuyant sur les phalanges, marque la structure osseuse du poignet. Ces caractéristiques ont été recherchées sur les 200 spécimens étudiés. Seulement 6% des gorilles présentaient ces marques contre 96 % des chimpanzés et 76% des bonobos, ces deux derniers étant les plus proches de l’homme d’un point de vue évolutif.
L’étude montre que les gorilles ont une marche knuckle-walking différente de celle des bonobos et des chimpanzés. Chez le gorille le bras en position de marche est bloqué avec le poignet formant une sorte de colonne fixe (elle le compare à un pied d’éléphant). Chez les bonobos et les chimpanzés l’ensemble des articulations est plus souple, et il y a en contrepartie plus de crêtes et de concavités qui permettent de bloquer le poignet.
Les scientifiques ont ensuite cherché ce qui pouvait expliquer une telle différence : la réponse est que les chimpanzés et les bonobos passent beaucoup de temps dans les arbres. Et les gorilles ne le font pas« .
Notre ancêtre devait plutôt être arboricole
Kivell et Schmitt en déduisent que la locomotion de type knuckle-walking a évolué de manière différente et indépendante dans les deux lignées de grands singes. Certaines caractéristiques des os du poignet que l’on pensait spécifiques au knuckle-walking sont donc plutôt révélatrices d’un arboricolisme. Les données recueillies vont donc à l’encontre de l’idée d’un hominidé évoluant à partir d’un ancêtre utilisant le knuckle-walking.
Les caractéristiques étudiées sur les os des poignets des ancêtres de notre lignée sont donc plutôt des preuves d’un arboricolisme primaire. Pour les chimpanzés et les humains, indique Tracy Kivell, ces poignets caractéristiques sont plus à considérer comme des adaptations à la locomotion arboricole. Et donc, quand nous trouvons ces caractéristiques sur des fossiles d’humanoïdes, cela entraîne que l’homme a évolué à partir d’un ancêtre qui vivait dans les arbres, puis est descendu au sol pour marcher sur deux pieds. «
A lire également :
En 2007, une équipe de scientifiques britanniques avait atteint une conclusion similaire sur l’origine de la bipédie chez les primates après avoir étudié la mécanique locomotrice des orangs-outans de Sumatra. Voir La bipédie arboricole de l’orang-outan à l’origine de la bipédie humaine.
C.R.
Sources :
SciencesDaily
PNAS
A lire également
2006 Découverte de Selam, une australopithecus afarensis en Ethiopie
2007 La bipédie de l’orang-outan pour comprendre la bipédie humaine ?
2009 Emergence de la bipédie humaine en question
2010 La bipédie des premiers hominidés
2022 L’étude du femur et des cubitus de Toumaï confirme sa bipédie… entre autres !