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Ida, un ancêtre pour tous les singes ?
Ida surnom de Darwinius masillae, un ancêtre pour tous les singes ?
Découverte d’un fossile extrêmement bien conservé âgé de 47 millions d’années. Cette nouvelle espèce se situe après la séparation entre la lignée des singes et celle des lémuriens.
La découverte d’Ida
Ida a été découverte en 1983 dans la mine de Messel Pit près de Darmstadt en Allemagne. Conservé par des collectionneurs privés, le fossile avait même été séparé en 2 parties. L’état de conservation exceptionnel attirait plus les collectionneurs que le sujet en lui-même ! Une partie avait été vendue pour être exposée dans un musée du Wyoming. C’est là que Jens Lorenz Franzen s’est rendu compte que le fossile n’était pas celui d’un lémurien. Cette « re-découverte » et l’étude qui a duré 2 ans ont été publiées dans la revue scientifique PloS-One
Une nouvelle espèce : Darwinius masillae
L’étude du fossile a été réalisée par une équipe dirigée par Jorn Hurum du Musée d’Histoire Naturelle d’Oslo en Norvège. Le fossile, une femelle surnommée Ida par les chercheurs, vivait il y a 47 millions d’années pendant la période de l’Eocène. Dans un premier temps ce fossile a été classé parmi les lémuriens. Mais une étude approfondie a permis d’identifier des caractéristiques qu’on ne retrouve pas chez les lémuriens :
– un pouce opposable aux autres doigts
– l’absence de griffe au bout de l’un des doigts (qui sert aux lémuriens pour la toilette de la fourrure).
– la structure des os du pied, et en particulier celle de l’astragale, qui est très proche des anthropoïdes. Ce sont donc ces mêmes caractéristiques qui ont permis de rapprocher Ida de la lignée des singes. A l’occasion du bicentenaire de la naissance de Darwin la nouvelle espèce a été nommée Darwinius masillae.
Qui était Ida ?
Ida était une petite femelle âgée d’environ neuf mois. Elle mesurait 1 mètre, sa longue queue comprise. Son poids a été estimé entre 700 et 900 grammes. Le fossile est si bien conservé qu’il est même possible de voir les traces de sa fourrure et son dernier repas ! Herbivore elle devait se nourrir de feuilles, de tiges, de graines et de fruits.
Pas vraiment un chaînon manquant
Grosse campagne de communication des auteurs de l’étude pour faire du fossile un chaînon manquant entre la lignée les lémuriens et celle des singes. Il est vrai que les fossiles de l’Eocène ne sont pas très nombreux ! Pour tempérer la médiatisation Jenz Franzen déclare, non sans humour, qu’Ida » présente certaines ressemblances avec notre lignée comme les ongles à la place de griffes, un pouce opposable. Mais d’autres caractéristiques comme le peigne dentaire spécifique au sous-ordre des strepsirrhiniens indiquent qu’elle n’est pas notre ancêtre direct, plus une tante qu’une grand-mère ».
Le peigne dentaire ?
Particularité de Darwinius masillae, le peigne dentaire : ses 4 incisives et 2 canines sont projetées en avant, longues et divisées comme le serait un peigne. Cette forme particulière de dentition se retrouve chez certains prosimiens et en particulier dans le sous-ordre des strepsirrhiniens qui comprend les lémuriens…
Par ailleurs dans le langage courant la notion de chaînon manquant est souvent attribuée à l’hypothétique animal dont seraient issues les lignées des grands singes et des hommes, il y a 7 à 8 millions d’années. Avec les 47 millions d’années d’Ida nous sommes très loin en arrière dans le temps et celle-ci n’est pas vraiment un chaînon manquant pour l’espèce humaine. Dans le cas présent la notion de « missed link » ou chaînon manquant peut vraiment prêter à confusion.
Une nouvelle espèce présentée comme la star d’un show à l’américaine…
Sans remettre en cause les études et le côté exceptionnel de cette découverte, il est relativement étonnant qu’une communication scientifique obtienne un tel succès dans les médias. Au point même qu’Ida soit prise comme avatar du logo de Google le 21/05/09.
Le Docteur Chris Beard (Carnegie Museum of Natural History) a déclaré qu’il était effaré par la campagne de publicité faite autour de cette découverte. Il a également indiqué que ce type de communication pouvait être dommageable à l’ensemble des communications scientifiques..
C.R.
Sources
PloS-One
NewScientist
Vidéo du National Geographic
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