Accueil / Musées et sites / Vallée des Merveilles, les gravures
Vallée des Merveilles, les gravures
Vallée des Merveilles
Datations et théories sur les gravures du mont Bégo
Alpes-maritimes
La datation des gravures
A quelle époque les gravures ont-elles été réalisées ?
Il n’est pas possible, avec les techniques actuelles, d’effectuer une datation absolue (directe) des gravures de la Vallée des Merveilles. Pour connaître la période où la roche a été gravée les chercheurs ont utilisé une méthode de datation relative. En étudiant les objets représentés et particulièrement les armes ils ont pu déterminer que ce type de poignard était utilisé au Chalcolithique et à l’âge du Bronze ancien. Sur d’autres sites du bassin méditerranéen, des poignards identiques ont pu être datés précisément avec des méthodes de datation directes et absolues.
On peut donc estimer que les hommes ont gravé sur les roches du mont Bego sur une période comprise entre 3 200 et 1700 ans avant J.-C, il y a donc plus de 4000 ans.
« La plupart des gravures piquetées de la région du mont Bego daterait de l’âge du Bronze ancien et aurait été exécuté entre 1800 et 1500 avant notre ère » Henry de Lumley (Institut de Paléontologie Humaine de Paris).
« Au premier abord, ces faisceaux d’indices suggèrent que la totalité des pétroglyphes du Mont Bego a été gravé pendant une période protohistorique relativement courte selon un rythme soutenu. » indique Jérôme Magail (Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco).
Les techniques de gravures à la vallée des Merveilles
Comment les hommes de l’âge du Bronze ont gravé la roche ?
En toute logique, les hommes de l’âge du Bronze ont préféré utiliser les surfaces les plus plates et planes. Pour certaines représentations les chercheurs ont retrouvés un tracé préalable (une esquisse) probablement réalisé avec une pointe de pierre.
Les gravures sont réalisées par enlèvement de matière sur toute une petite surface. Par petites percussions avec un outil de pierre (quartz) le graveur a creusé de petits trous appelé micro-cupules. En multipliant les frappes il enlève ainsi toute la partie superficielle de la roche sur une profondeur de 0,5 à 5 mm. C’est l »analyse au microscope de ces cupules qui a permis de déterminer la méthode utilisée.
Les théories sur les gravures de la Vallée des Merveilles
Pourquoi et dans quel but les hommes du Chalcolithique ont gravé les roches ?
Sans écriture les préhistoriens ne peuvent qu’émettre des hypothèses en se fondant sur d’autres cultures, d’autres lieux. Les différentes hypothèses se rejoignent parfois.
Le Dieu-Taureau et la Déesse-Terre
L’étude de la répartition de ces corniformes dans le site, de leur proportion relative et de leurs associations, entre eux ou avec d’autres figures, permet d’appréhender leur signification et d’entrevoir le message de ce langage symbolique inscrit, par les peuples du Chalcolithique et de l’âge du Bronze ancien des Alpes méridionales, sur les dalles polies par les glaciers quaternaires. Le corniforme symbolise selon les cas, le Dieu-Taureau maître de la foudre et dispensateur de la pluie fertilisante, la déesse-terre qui doit être fécondée par le dieu du ciel et, parfois même, le prêtre. Certaines compositions qui utilisent des corniformes évoquent le couple divin primordial, c’est à dire les deux divinités principales qui devaient être vénérées dans la montagne sacrée du Bego : le Dieu-Taureau, maître de l’orage et la Déesse-Mère. D’autres compositions évoquent le sacrifice du taureau divin qui, à l’exemple de Zeus crétagène, doit mourir pour ressusciter au printemps et, avec le retour de la végétation, apporter l’abondance aux humains. Henry de Lumley.
La montagne sacrée
Point de rencontre entre la terre et le ciel, la montagne peut être considérée comme un moyen d’élévation et de cheminement vers le ou les Dieu(x). Le mont Bego serait donc une « montagne sacrée », une sorte de chemin vers les divinités. Le long de cette « voie » les hommes protohistoriques auraient gravés la pierre pour sanctuariser les lieux. Cette théorie de la montagne sacrée peut également être reliée avec la précédente.
La mont Bégo fertilisateur
Vers 6 000 ans avant J.-C. l’agriculture s’est développée dans la région des Alpes du Sud. Les premiers agriculteurs comme des bergers avaient un besoin constant d’eau pour les cultures et le bétail. La région était un vrai paradis car de multiples torrents et ruisseaux coulaient des flancs du mont Bégo. Cette irrigation permanente pouvait donner à la montagne un rôle de fertilisateur presque magique (comme le Nil en Egypte).
Les gravures sur le mont Bego pourraient être considérées comme des offrandes, des remerciements à la gloire d’une montagne fertilisatrice qui permet des récoltes fructueuses.
Les gravures du Mont Bégo par Henry de Lumley
Pour Henry de Lumley : « Les gravures rupestres des peuples du Chalcolithique forment une proto-écriture. L’homme a inscrit des idéogrammes sur les parois, polies par les glaciers quaternaires de la région du mont Bégo, en particulier dans la Vallée des Merveilles, le val de Fontanalba, la vallée de Valmasque, la Valauretta. Il s’agit d’un langage symbolique inscrit dans la pierre… un codex de pierre. Ce sont des signes en relation avec les mythes de ces premiers peuples agriculteurs et pasteurs des Alpes méridionales, de ces premiers métallurgistes. Le Panthéon de ces peuples de l’Âge du Bronze était en effet occupé par deux divinités principales : le dieu Taureau, ou le dieu Bégo (car Bégo veut dire Taureau), maître de l’orage, dispensateur de la pluie fertilisante ; et la déesse Terre, qui doit être fécondée par le dieu du Ciel. C’est le couple divin primordial. »
Bonne visite !
Hominides.com remercie Silvia Sandrone, attachée de conservation au Musée départemental des Merveilles pour la documentation et les photos de la Vallée des Merveilles.
Crédit photographique: G. Véran – Conseil Général des Alpes-Maritimes ; S. Sandrone – Musée départemental des Merveilles (Tende) ; G. Fea.
Relevés : Laboratoire départemental de Préhistoire du Lazaret (Nice) et Musée départemental des Merveilles (Tende) – services du Conseil Général des Alpes-Maritimes.
A voir également, le site du photographe Emmanuel Breteau sur la Vallée des Merveilles
La Vallée des Merveilles en pratique
Conseils de bon sens
Lors de votre randonnée vous allez vouloir prendre des photos et regarder les gravures.
Admirez et photographiez sans toucher les gravures et la roche de quelque manière que ce soit.
A ne pas faire :
Gratter, mouiller, écrire, graver… Et ne riez pas : de nombreux « touristes » se croyant certainement très intelligents ont cherché à laisser une trace de leur passage, d’autres ont voulu contraster les gravures pour les prendre en photo. Tous ont irrémédiablement abîmé ces vestiges millénaires.
Horaires et jours d’ouverture :
La Vallée des Merveilles est accessible de mai à septembre. Le reste du temps le climat (pluie, neige) ne permet pas de parcourir sans risque la montagne ni de voir les gravures.
Une randonnée en montagne… ça se prépare !
La montagne n’est pas un lieu de vacances comme les autres. En un instant le temps peut changer et passer du grand soleil à une pluie diluvienne.
Préparez votre randonnée : vêtements chauds, bonnes chaussures de marche (pas des baskets !), barres énergétiques, cartes. Consultez la météo régionale.
Dans tous les cas ne partez jamais seul, et prévenez toujours votre entourage de votre randonnée, de votre parcours et de votre horaire de retour.
Nous vous recommandons très fortement d’utiliser les services des nombreux guides de montagne qui sont à votre disposition sur place pour une randonnée sécurisée. Cela vous permettra également de trouver et voir certaines gravures difficiles à localiser.
Conseil : il est judicieux de voir le Musée des Merveilles de Tende avant de voir les gravures en randonnée. Vous pourrez ainsi mieux comprendre les conditions de réalisation de ces gravures rupestres.
Vallée des Merveilles avec les Guides des Merveilles
Guide Vallée des Merveilles | Parc du Mercantour
Acheter sur RAkuten