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La Micoque – gisement
Gisement préhistorique
Les Eyzies-de-Tayac
La plus ancienne trace du passage de l’homme préhistorique en Périgord il y a -450 000 -350 000 ans : probablement Homo erectus.
Le gisement de la Micoque est situé sur la commune des Eyzies-de-Tayac-Sireuil, en Dordogne. Il se trouve dans une vallée où coule la Manaurie. Il est localisé sur le flanc gauche de la vallée, à 450 m de l’endroit où la Manaurie et la Vézère de rejoignent. Il n’est pas accessible directement en voiture mais en empruntant un chemin sans difficulté. Contrairement à de nombreux sites préhistoriques en Périgord, le gisement de la Micoque n’est ni une grotte, ni un abri sous roche. Le gisement, un site de plein air, se trouve au pied d’une paroi rocheuse en calcaire.
La découverte et fouilles du gisement de La Micoque
Le site de la Micoque tire son nom de l’ancienne ferme qui était déjà en ruine au moment de sa découverte. C’est l’arrachage d’une vigne par son propriétaire qui a permis la mise au jour, en 1895, du gisement préhistorique. Appelé pour identifier des pierres ramenées à la surface, le préhistorien Emile Rivière voit immédiatement l’intérêt du gisement et lance des fouilles.
C’est à partir de cette découverte qu’une suite de préhistoriens de premier plan va enchaîner des fouilles sur le site jusqu’en 1932, presque sans interruption. Cette profusion de chercheurs ne va pas aider à la compréhension de la stratigraphie :
1895 Premières fouilles Emile Rivière avec G. Chauvet,
1896 à 1906 Fouilles Louis Capitan,
1897 Edouard Harlé,
1898 Denis Peyrony,
1903 et 1905 Léon Coutil,
1905 Emile Cartailhac,
1906 Denis Peyrony,
1906 Louis Capitan,
1906 et 1907 Oto Hauser loue le gisement pour y effectuer des fouilles sans concurrence,
1929 Denis Peyrony,
1956 François Bordes,
Entre 1983 et 1996, dernières campagnes de fouilles par A. Dbénath et Jean-Philippe Rigaud.
Une stratigraphie de référence de -400 000 à – 130 000 BP
Les plus anciennes couches archéologiques remontent à presque 400 000 ans, alors que les dépôts les plus récents sont, eux, datés de 130 000 ans. C’est une belle « tranche de préhistoire » qui a été mise au jour sur un seul gisement. C’est également le plus ancien site préhistorique du Périgord.
Si la stratigraphie est d’une hauteur impressionnante, elle n’est pas facile à analyser du fait des coulées de débris, des ruissellements et des épisodes de dépôts fluviaux.
La première stratigraphie a été proposée par Denys Peyrony mais c’est celle de l’abbé Breuil qui sert souvent de base au travail des scientifiques.
Selon les dernières études, la stratigraphie de La Micoque se décompose en trois ensembles sédimentaires imbriqués (inférieur, moyen, supérieur).
L’ensemble inférieur, de 2,5 mètre d’épaisseur, est situé sur de la roche et est formé de graviers, de galets et de gros blocs. Il ne contient pas de restes archéologiques spécifiques.
L’ensemble moyen, de 8 mètres d’épaisseur, est la partie qui contient les différents niveaux archéologiques et les principales découvertes de l’époque, comme le Tayacien 440 -350 000 ans (Henri Breuil), le pré-moustérien (Bordes). Les récentes études n’ont pas permis d’identifier la couche de Micoquien 125 000 ans dans la stratigraphie. Il apparaît que ce niveau a dû être complétement vidé et qu’on ne puisse plus le localiser.
L’ensemble supérieur de 2 mètres d’épaisseur a été intégralement nettoyé et ne contenait que des dépôts sablo-argileux avec des blocs calcaires. Il était stérile de restes anthropiques.
« La ligne de gros blocs qui sépare l’ensemble inférieur de l’ensemble moyen fossilise manifestement une paléotopographie en terrasse. Elle résulte sans doute d’un
effondrement de l’abrupt rocheux voisin » Jean-Pierre Texier.
La stratigraphie actuelle de La Micoque
Les couches supérieures, micoquiennes, ont été entièrement fouillées avant la première guerre mondiale.
Unité 1 de -470 à -440 000 ans : phase de comblement, l’ancien Manaurie dépose des alluvions, des éboulis se détachent de la petite falaise voisine.
Entre les unités 1 et 2 de -440 à -370 : phase d’érosion, le cours d’eau creuse sa vallée de plusieurs mètres.
Unités 2 de -370 à -350 000 ans : nouvelle phase de comblement des alluvions et des coulées boueuses se déposent dans la vallée.
Les découvertes de la Micoque
Pas de restes humains
Le site de la Micoque présente les traces, et les preuves, de la plus ancienne occupation humaine de la région. La stratigraphie permet de remonter 450 000 ans en arrière, à un moment où ni Homo sapiens, ni Homo neanderthalensis n’avaient, à priori, encore fait d’incursion dans nos contrées… Aucun reste humain n’ayant été identifié sur le site de la Micoque, il n’est pas possible de déterminer l’espèce pré-néandertalienne qui s’est arrêtée sous cet aplomb rocheux (Homo erectus, Homo heidelbergensis ?).
Une faune dominée par le cheval
Si l’on trouve des ossements de bovidés (Bos ou bison), de cerf élaphe (Cervus elaphus) et de bouquetin (Capra ibex), la majorité des restes appartiennent à des équidés comme Equus caballus et Equus mosbachenis. Le cheval est la seule espèce que l’on trouve majoritairement dans toutes les strates de la Micoque. Les os longs sont brisés, probablement pour en extraire la moelle.
Pas de foyer
Les générations d’hominidés qui se sont suivies sur le site n’ont laissé aucune trace de foyer, charbon, ossement ou silex brûlés dans les strates. Soit le lieu n’était pas propice à la production et à l’entretien de feux, soit les traces se sont dispersées.
Un catalogue d’industries lithiques !
De nombreuses cultures lithiques se sont succédé et même enchaînées à la Micoque. En effet, le gisement s’est construit au fur et à mesure des éboulis ou des coulées de terre rouge en provenance du versant de la colline. A la base, « le site était une plage de galets du Manaurie qui coule maintenant un peu plus bas dans la vallée ».
Dans les plus vieux niveaux on trouve de l’Acheuléen, puis ensuite du Moustérien. Les différents fouilleurs ont également trouvé des éléments différenciant, comme le Tayacien ou le Micoquien (défini par Denis Peyrony) ou le Clactonien (par Henri Breuil).
L’industrie micoquienne apparaît sur le site à la fin de l’Acheuléen. Elle se caractérise par des bifaces allongés, bombés dans la partie du talon, mais avec une pointe fine aux bords concaves…
C.R.
Le gisement de la Micoque en bref…
Type | Techniques employées | Périodes | Occupation | Restes Humains |
Gisement de plein air | Pas d’art pariétal ou mobilier | De l’Acheuléen au Micoquien | – 350 000 à – 150 000 ans | non |
Dimensions | Nombre de représentations | Outils / Artefacts | ||
Un immense stratigraphie | Oui : bifaces, racloirs, pointes de Tayac… | |||
Localisation | Accessibilité | Date découverte | Particularités | |
Savignac de Miremont Eyzies-de-Tayac | Visite sur rendez-vous avec une conférence. Pour amateurs | 1895 | Le plus ancien site du Paléolithique en Périgord |
Visite du Gisement de La Micoque
La visite di gisement de la Micoque se faisait (avant la pandémie) par petits groupes de 5-8 personnes accompagnés par un conférencier.
Actuellement ( janvier 2023) les conférences visite du gisement de la Micoque ne sont pas proposées au public. Vous pouvez compléter votre visite en vous rendant au Musée de Préhistoire des Eyzies qui présente de nombreux éléments trouvés à La Micoque.
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