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Atapuerca
Burgos – Castille-et-León – Espagne
Gisement anthropologique européen de première importance
Classé au patrimoine Mondial en l’an 2000 et Unesco en 2015
La sierra d’Atapuerca est un plateau situé à 1000 mètres d’altitude à 15 kilomètres de la ville de Burgos (province Autonome de Castilla y León nord de l’Espagne). C’est une rivière souterraine qui a creusé le grès du Crétacé et qui est à l’origine du complexe karstique de la Sierra d’Atapuerca (Cueva del Silo, Cueva Mator, Trichra del Ferrocarril). La plupart des cavités étaient connues et visitées par les habitants de la région au Xème siècle. Au total, plus de 40 gisements ont été dénombrés à Atapuerca, et une grande partie de ceux-ci ont toujours un potentiel archéologique et/ou paléontologique. Parmi les plus connus on peut citer la Sima de los Huesos, la Sima des Elefante, la Gran Dolina, la Galéria.
Les premiers gisements furent découverts lors de travaux pour un ouvrage civil qui traversait littéralement le plateau. Il s’agissait de la percée d’une ligne de chemin de fer pour l’exploitation de mines. Cette tranchée était destinée à transporter du minerai jusqu’à la ville de Burgos pendant les dernières années du XIXe siècle. Cette ouverture dans le plateau a laissé une sorte de couloir traversant et mettant à découvert des parties de cavités inconnues jusqu’alors ! Le chemin de fer a été abandonné et aujourd’hui cette tranchée donne accès aux visiteurs à plusieurs de ces magnifiques gisements d’une importance anthropologique majeure.
Les gisements d’Atapuerca
Tous les ossements et les artefacts trouvés dans les gisements permettent de reconstituer les modfications de l’environnement et du climat sur plus d’un million d’années. La faune a bien sûr évolué, tout comme la morphologies des différentes espèces d’hominidés et leurs pratiques. Les grottes et avens d’Atapuerca se lisent un peu comme les différentes pages d’un livre où s’empilent les traces des écosystèmes. La saillie rectiligne dans laquelle vous allez avancer est une coupe franche, comme si vous aviez coupé une tranche dans un gateau et que vous pouvez voir toutes les couches qui le composent !
La gran Dolina
Le gisement de la Gran Dolina est situé dans la partie finale de La Trinchera. Le terme de doline évoque normalement une grande cavité arrondie formée par l’effondrement du plafonfd calcaire, alors que Gran Dolina est plutot une cavité bien remplie sur 18 mètres de sédiments… La stratigraphie est formée de 11 unités de remplissage numérotées de TD 1 à TD 11. Ce gisement a permis d’exhumer depuis les années 90 des restes humains de près 900 000 ans (TD6). Les ossements sont au nombre de 170 et correspondent à 11 ou 12 individus. La strate contenant les ossements humains a été surnommée « Aurora Stratum« .
Homo antecessor, une espèce endémique à Atapuerca !
Ces fossiles appartiennent à une espèce inconnue jusqu’alors qui est exclusive à La Gran Dolina : Homo antecessor. La majeure partie des individus sont des enfants. L’hominidé présente une combinaison de caractères primitifs des premiers Homo associée à des caractères d’hommes modernes.
« Les ossements très fragmentés de ces Homo antecessors présentent des stries de décarnisation et de découpage, et des cassures spiroïdales typique sur os frais. » Pour Henry de Lumley, ce sont les preuves que la Gran Dolina a abrité une tribu d’anthropophages qui charognaient volontiers la chair de jeunes humains. Cet hominidé est l’un des plus vieux européens recensés à ce jour.
Avec les 170 restes d’Homo antecessor, les fouilles ont permis la mise au jour de 6 500 fossiles de mammifères et 800 outils lithiques de tradition oldowayenne qui y sont donc reliés. Ces outils sont de différentes mat!ères : silex, quartzite, grès, calcaire et quartz…
A droite, au dessus : crâne enfant Homo antecessor de Gran Dolina / Réplique exposée à la Galerie de l’évolution humaine de Londres / Kroko pour Hominides.com
Datation
La datation de la strate ayant contenu les restes d’Homo antecessor (TD6) est estimée entre 800 000 et 900 000 ans. Les couches les plus basses de la stratigraphie de Gran Dolina (TD1) pourraient être contemporaines de la couche TE9 de la Sima del Elefante, soit 1,2 million d’années. Les résultats suggèrent une occupation humaine de plus de 1 million d’années sur le site de Gran Dolina. Ces datations sont confirmées par la méthode de datation ESR appliquée au quartz en milieu karstique.
La Sima de los Huesos
La Sima de los Huesos (« le gouffre aux ossements » en français) est, comme son nom l’indique, une vraie mine remplie d’os humains notamment dans la Cueva Mayor. Ce gouffre est constitué d’une cavité au fond d’un puits de 14 mètres dont le creusement est dû à l’érosion par une ancienne rivière.
Des fouilles ont été entreprises en 1976 pour trouver des fossiles de faune et c’est en fait une mandibule humaine qui a été exhumée par son découvreur, Trinidad de Torres, un étudiant en paléontologie. Cette découverte totalement inattendue provoqua l’intérêt des spécialistes. Le paléontologue Emilio Aguirre organisa de nouvelles campagnes de fouilles qui permirent la découverte de près de 7000 ossements humains.
En 2003, un biface en quartzite a été mis au jour : sa taille et sa qualité de fabrication sont exceptionnelles. Il s’agit probablement d’un outil symbolique car ses dimensions (15 cm de hauteur) empêchent une utilisation quotidienne normale.
La Sima de Los Huesos est inaccessible lors des visites touristiques. Seuls les chercheurs peuvent y pénétrer.
Quelle espèce humaine a été exhumée à La Sima de los Huesos ?
Contrairement à d’autres gisements, La Sima de los Huesos a livré un très grand nombre de restes humains comparativement aux restes de faune. Au total, les chercheurs ont trouvé les restes de 200 ursidés, 28 hominidés, 23 renards, 4 mustelidés, quelques félidés et un loup. Avec 28 humains dans un même site, La Sima de Los Huesos devient l’un des plus grands sanctuaires de la préhistoire.
En 2013, l’étude de l’ADN mitochondrail (transmis uniquement par la mère) montre une forte proximité génétique des fossiles de la Sima de los Huesos avec une espèce humaine retrouvée en Sibérie: Homo altaïensis, l’Homme de Denisova.
En 2014, une nouvelle étude démontre clairement que les fossiles de La Sima présente des caratctèristiques néandertaliennes au niveau de la face et de la dentition. L’attribution des fossiles à l’espèce Homo heidelbergensis est donc totalement remise en cause par les équipes scientifiques d’Atapuerca.
Après la génétique, l’anthropologie dresse donc le portrait d’un prénéandertalien qui partage certaines origines avec les Dénisoviens… Une preuve de plus pour le grand brassage des populations au Paléolithique ancien.
Datation
Après plusieurs études contraditcoires, il apparaît que la couche stratigraphique contenant les ossements est datée de – 430 000 ans. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont utilisé plusieurs méthodes de datation dont l’ESR, TT-OSL et pIR-IR.
Pourquoi ces corps au fond d’un gouffre ?
Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer l’empilement des corps au fond de ce gouffre. Un piège a été écarté car le trou était trop visible. Le rituel initaitique sacrifiant des individus vivants n’est pas cohérent avec le fait que certains corps ont été jetés morts dans la fosse… Les scientifiques penchent plutôt sur un rite funéraire dans lequel on peut imaginer que les morts étaient projetés dans une sorte de sépulture commune.
La Sima de los Huesos a été inscrite au patrimoine mondial en 2000.
La Sima del Elefante
Toujours dans le système karstique de la Cueva Major, la Sima del Elefante est un conduit qui s’élargit en profondeur (18 mètres) passant de 2 à 16 mètres de largeur en son centre. Sur les 21 couches qui composent la stratigraphie, seules ont été étudiées les couches numérotées de TE 7 à TE 21. Les sédiments se sont accumulés dans la grotte depuis plus de presque 1,8 millions d’années. La cavité doit son nom à la découverte de restes fossiles d’éléphant.
Peu de restes humains mais…
C’est la couche TE 9 qui a livré les 3 fossiles humains (en 2007 et 2008), dont un morceau de mandibule avec 7 dents encore positionnées. Sa position dans la couche TE 9 fait entrevoir un âge canonique de 1,2 million d’années… C’est donc, en Espagne, le plus vieux fossile humain ! Dans la même couche, une phalange humaine et une dent ont été mises au jour par Juan Luis Arsuaga et Eudald Carbonell. Ces restes sont attribués à Homo antecessor (de par la proximité avec le Sima de los Huesos), mais pour Marylène Patou-Mathis « la mandibule présente des traits communs avec celles de Dmanissi (Homo georgicus) et celles des premiers représentants du genre Homo en Afrique, tout en possédant ses caractères propres ».
Plusieurs méthodes ont été employées pour préciser la datation des strates.
La biochronologie répertorie les ossements de faune dans les couches et détermine ainsi la période concernée. Dans le cas de La Sima del Elefante c’est principalement de la microfaune qui a donné une estimation à 1,4 million d’années pour la couche TE 9.
Comme avec le Carbone 14, des méthodes radiométriques étudient la disparition d’éléments radioactifs, comme le Béryliium 10 ou l’Aluminium. Pour La Sima del Elefante, dans le haut de la couche TE 9, la datation est estimé à 1,22 millions d’années.
Centro de Arqueología Experimental (CAREX)
Le CAREX, à Atapuerca, est un espace de la Junta de Castilla y León dédié à la diffusion de l’expérimentation en archéologie. Grâce à cette discipline, nous pouvons apprendre précisément comment s’élaboraient et s’utilisaient les outils, cabines, tissus, céramiques et autres objets du passé.
A l’intérieur, vous découvrez les techniques de nos anêtres avec de nombreux ateliers d’archéologie expérimentale : taille d’outil en pierre, fabrication d’outils, utilisation des outils, production du feu, les premiers habitats paléolithiques…
A l’extérieur, des ateliers et des reconstitutions perpmettent aux plus jeunes de visualiser plus facilement le mode de vie des Hommes préhistoriques.
Adresse du Carex : Carretera de Logroño, 44 – 09198 Ibeas de Juarros (Burgos, España)
C’est à partir du CAREX que le car vous enmènera vers le site archéologique d’Atapuerca.
C.R.
Sources
http://paleoantropologiahoy.blogspot.com/2015/03/sima-de-los-huesos-secuencia.html
https://www.canalacademie.com/ida4225-Atapuerca-sur-les-traces-des-premiers-prehistoriens.html
La Sierra d’Atapuerca en bref…
Type | Techniques employées | Périodes | Occupation | Restes Humains |
Gisements sous formes de grottes et d’avens | Outillage lithique | Paléolithique | Différentes occupations depuis 1,4 milillions d’années | Homo heidelbergensis, Homo antecessor |
Dimensions | Nombre de représentations | Outils / Artefacts | ||
Plusieurs avens | Oui | |||
Localisation | Accessibilité | Date découverte | Particularités | |
Burgos (Espagne) | Le site en extérieur est accessible à tous | Visite sous forme de conférence guidée |
Visite Atapuerca
C’est au Museo de la Evolucion Humana de Burgos que vous pouvez réserver vos billets pour visiter la Sierra de Atapuerca. Cette excursion programmée vers le gisement et le CAREX est payante (17 euros par personne). Le lieu de départ du car est le Musée en lui-même.
Sources :
http://paleoantropologiahoy.blogspot.com/2015/03/sima-de-los-huesos-secuencia.html
https://www.canalacademie.com/ida4225-Atapuerca-sur-les-traces-des-premiers-prehistoriens.html
https://www.atapuerca.org/es/ver/Museo-de-la-evolucion-humana
En lire plus sur l’évolutions des hominidés